Les autorités italiennes confirment qu’une ONG allemande coopère avec les passeurs en Méditerranée

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Le quotidien italien Corriere della Sera vient de révéler les raisons ayant conduit les autorités italiennes à mettre sous séquestre le navire Juventa affrété par l'ONG allemande Jugend Rettet («Sauvez les enfants») le 28 juillet dernier : un policier infiltré à bord aurait accumulé les preuves des rapports entretenus par les bénévoles et les passeurs.

Depuis plusieurs mois, les soupçons vont bon train quant aux liens qui uniraient différentes ONG opérant officiellement pour secourir les migrants naufragés au large des côtes libyennes à des réseaux de passeurs. Luca B., policier spécialisé dans le secours en mer, raconte au Corriere della Sera son opération d'infiltration du navire Vos Hestia (utilisé avant le Juventa par l'ONG) et de son équipage. Cette opération lui a permis d'obtenir les preuves d'une collaboration entre activistes et passeurs, notamment dans le but d'acheminer des Maliens, Nigérians et Syriens jusqu'en Italie. 

Déjà prévenu de «contacts bizarres» entre ce navire et les passeurs, le Service central opérationnel (équivalent de la préfecture nationale) avait envoyé Luca B. sur place en tant que taupe. Documentée avec de nombreuses photos, son enquête révèle les dessous d'un trafic d'êtres humains qu'il a pu observer pendant plusieurs semaines, au cours de nombreux sauvetages, ces derniers s'apparentant plutôt à de véritables opérations de transport organisé. 

«Une barque de trafiquants s'est approchée du navire et est restée à quelques mètres», rapporte Luca B. «J'ai vu des hommes parler de façon animée avec les bénévoles, avant que n'arrive une autre embarcation escortant un canot pneumatique surchargé de migrants», poursuit-il, confirmant les soupçons que nourrissaient la police. Il raconte en outre que rien n'est laissé au hasard dans le cadre de cet arrangement : une fois les migrants embarqués pour être acheminés jusqu'en Italie, le canot de sauvetage, pourtant usagé, est revendu aux trafiquants pour servir à d'autres opérations. 

Ces éléments, rendus publics par le Service central opérationnel le 3 août, constituent «des données essentielles» pour l'enquête actuellement en cours, confirme Alessandro Giuliano, chef du service de Luca B.. Alors que l'Italie traverse une crise migratoire sans précédent (près de 100 000 migrants ont accosté dans les ports du sud du pays depuis janvier 2017), ces révélations ne manquent pas d'agiter un débat public déjà vif. 

De son côté, Rome a décidé de durcir le ton, après avoir alerté Bruxelles à de nombreuses reprises ces derniers mois de la gravité de la situation qu'elle assure devoir gérer sans le soutien de l'Union européenne. Le 4 août, l'Italie a adressé un avertissement aux ONG secourant les migrants en Méditerranée, les sommant de se conformer à un «code de conduite». Celui-ci impose notamment la présence à bord de représentants des forces de l’ordre, afin de contrôler le déroulement des sauvetages.

Lire aussi : L'Italie saisit le bateau d'une ONG accusée de favoriser l'immigration illégale

 

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