Elections. Vaud: guerre de positions entre la droite et la gauche

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

Les élections vaudoises ont eu lieu ce dimanche. Le Grand Conseil est sous toit. La composition du Conseil d'État sera quant à elle finalisée lors d'un second tour prévu pour le 21 mai.

C'est dans la grande Salle de Spectacle de Renens que votre humble serviteur passa une bonne partie de son dimanche, convoqué comme des dizaines d'autres personnes au dépouillement. Candidat au Grand Conseil sur la liste UDC du district de l'Ouest Lausannois, je partageais ma table avec M. François Delaquis, sympathique candidat sur la liste socialiste, et nous travaillâmes de concert au comptage des bulletins.

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Le jour du dépouillement, juste avant le début des opérations.
(cliquez pour agrandir)

L'opération, lente et procédurière, permet le contact le plus direct qui soit avec la volonté des électeurs - la fameuse vérité lue au fond des urnes. La gauche fit un carton à Renens, mais il s'agit d'un de ses bastions depuis vingt ans. À titre personnel, je remercie les 1'282 électeurs de l'Ouest Lausannois qui me firent confiance, me plaçant en tête de mon parti à Renens et cinquième sur l'ensemble du district. Le résultat s'avère insuffisant pour m'ouvrir les portes d'une carrière cantonale, mais reste honorable au vu de ma modeste campagne!

Sur l'ensemble du canton, les résultats sont nuancés, comme en témoigne la répartition politique du nouveau Grand Conseil.

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Diverses formations politiques gagnent et perdent quelques plumes sans que les équilibres fondamentaux ne soient bouleversés. À gauche, le PS perd trois sièges en faveur des Verts (+2) et du centre. En perte de vitesse, l'extrême-gauche parvient à se maintenir. À droite, l'UDC perd deux sièges, le PLR en gagne trois.

Si on peut saluer la progression du PLR, le maintien de l'UDC est relativement satisfaisant dans la mesure où le parti a dû affronter de nombreuses crises internes (largement par sa faute d'ailleurs) comme la gestion pitoyable de l'affaire Fabienne Despot - qui n'a pas été réélue - et la crise artificielle amenant à l'éviction de Claude-Alain Voiblet et, dans la foulée, la création d'un nouveau parti concurrent de l'UDC en Ville de Lausanne. Dans la guérilla entre les deux formations UDC et Parti Libéral Conservateur, CA Voiblet ne réussit d'ailleurs pas le pari de se faire élire au Grand Conseil sous ses nouvelles couleurs. C'eût été un exploit. Pour l'UDC vaudoise, l'exploit aurait été d'atteindre les 30 sièges espérés.

La majorité relative du Grand Conseil, figurée par la ligne pointillée ci-dessus, reste donc à droite. Les réserves d'usage s'appliquent: non seulement cette majorité est fortement tributaire de l'assiduité des députés, mais on peut aussi douter de la solidité de la fibre bourgeoise de nombreux élus du centre-droit. Ceci dit, la gauche souffre de ses divisions, et au centre la multiplication des formations croupion amènera à un gros travail de persuasion et d'alliance sur le moindre dossier.

Il faudra donc du recul et de la discipline dans les rangs de la droite, et beaucoup, car le Conseil d'État se profile toujours vers une majorité de gauche. Cinq élus sortants - deux socialistes, trois PLR - sont réélus dès le premier tour, laissant deux places vacantes aux trois derniers candidats sérieux: Béatrice Métraux (Verts), Cesla Amarelle (PS) et Jacques Nicolet (UDC). L'un d'eux restera sur le carreau au soir du second.

À moins d'une improbable alliance de la onzième heure entre l'UDC et les Verts Libéraux, le choix dépendra donc de la mobilisation et de la discipline des électeurs, en particulier des électeurs du PLR. Comme les sondages le montrèrent et comme mes propres observations le confirmèrent, de nombreux sympathisants libéraux-radicaux décidèrent de biffer l'agriculteur de Lignerolle du bulletin de vote de l'alliance du centre-droit. Agissant ainsi, ils ouvrent une voie royale à un nouvel exécutif de gauche dans le canton.

M. Nicolet n'est pas parfait et n'a pas prétention de l'être, et j'imagine la réticence de nombreux électeurs PLR à tolérer sa présence sur leur bulletin. Mais est-ce vraiment une stratégie pertinente si l'effet est de propulser à sa place une Cesla Amarelle ou réélire une Béatrice Métraux? Le comprendront-ils? Réponse le 21 mai.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 30 avril 2017

4 commentaires

  1. Posté par P. le

    @Loulou,

    Effectivement, l’UDC est le dindon de la farce. Mais c’est le cas partout, pas seulement sur Vaud. A Fribourg, l’alliance PDC/PLR/UDC a permis d’élire au 1er tour 4 PDC (les 3 sortants et le petit nouveau Curty), laissant le pauvre Peiry sur le carreau.

    Le problème, c’est que seule, l’UDC n’a aucune chance de faire élire un conseiller d’état. La question est donc de savoir si elle ferait mieux, une fois, de plomber les PLR ou PDC afin de montrer à “l’alliance” que sans l’UDC, eux non plus ne peuvent pas gagner de majorité, ou alors de continuer à jouer les alliés fidèles et de faire contre mauvaise fortune bon cœur.

  2. Posté par Loulou le

    L’UDC a été une fois de plus le dindon de la farce dans cette votation à la vaudoise. A chaque fois c’est le même scénario: le PLR tapine les voix de l’UDC pour élire ses candidats (alors que durant toute la législature ils passent leur temps à cracher à la face du parti ET de ses électeurs) et ensuite trahissent leurs engagements. La stratégie de cette législature -un ticket commun- a permis de faire élire grassement le trio PLR, ce dernier n’aurait jamais eu un score pareil sans la mobilisation de l’électorat UDC et de cracher à la gueule du candidat et des électeurs de ce dernier. Il est temps que cela cesse.
    1. Plus de “ticket commun”.
    2. Appel de la section vaudoise à biffer les PLR.
    3. En cas de deuxième tour PLR, appeler l’électorat UDC à pique-niquer en famille ou à aller pêcher.
    Et là on rigolera bien.

    Des comptes devront être rendus par la section cantonale UDC la plus bête de Suisse après ces élections.

  3. Posté par FrançoisB le

    Mais comment donc le PS peut-il présenter une Cesla Amarelle pour le poste de Conseillère d’Etat ? Elle n’a aucune expérience d’un Exécutif, ne sait pas ce que le mot consensus veut dire car elle ne se complait que dans l’opposition pure et dure. Et surtout quelle représentante des petits, des faibles, des ouvriers, des “sans-dents” ! Car je doute qu’elle ne sache ce qu’est une fin de mois commençant le 15, de se serrer la ceinture et de reporter la visite chez le dentiste à des temps meilleurs. Comment puis-je affirmer cela ? Si vous additionnez son revenu de professeur ordinaire en 2ème année à l’université de Neuchâtel (171’000 Frs), ses gains de conseillère nationale (moyenne 138’000 Frs) on arrive déjà à plus de 300’000Frs ! Et Madame est mariée à Philipp Mueller, directeur administratif et financier du CHUV à Lausanne, qui doit se situer en classe 18 si ce n’est hors-classe, soit plus de 200’000 Frs par an. Donc au total ce ménage gagne plus de 40’000 Frs par mois, mais ne le répétez pas, cela pourrait froisser l’électeur de base du PS…

  4. Posté par Jacques Beckie le

    Comme à son habitude le PLR à profité des votes disciplinés de l’électorat UDC ce qui a permis de faire élire leurs trois candidats au premier tour. Dans le camp PLR déjà 25’000 ont biffé Nicolet au premier tour. Avec le désengagement de l’électorat PLR au second tour (n’ayant plus rien a gagner) et les 25’000 sans parole du premier tour Nicolet est grillé! Nous faire croire que la majorité de droite est à portée de main n’est que de la poudre au yeux et ne sert à motiver que ceux qui aiment les contes et légendes….

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