Sans prendre directement parti pour Emmanuel Macron, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé, le 25 avril, à «faire échec aux démarches d'exclusion et de haine» au second tour de l'élection présidentielle. De son côté, l'UOIF, Union des organisations islamiques de France bientôt rebaptisée Musulmans de France – a invité à «donner au candidat Emmanuel Macron le score le plus large». La veille, la grande mosquée de Paris avait également appelé les musulmans à voter «massivement» pour le candidat d'En Marche! au second tour de l'élection présidentielle.
Le jour-même, Marine Le Pen avait riposté sur le plateau de TF1, en affirmant : «Aujourd'hui, nous sommes confrontés à des candidats qui nous expliquent qu'il n'y a pas de culture française, qui sont entre les mains des communautaristes, notamment des plus dangereux, comme l'UOIF, une organisation dont j'appelle à la dissolution».
Ces propos ont été dénoncés le lendemain, le 26 avril, par l'UOIF, qui a pointé du doigt «un mensonge éhonté» de la part de l'ex-présidente du Front national (FN).
«Nous avons du respect à l'égard de monsieur Emmanuel Macron mais n'avons pas de liens particuliers avec son mouvement», a expliqué l'UOIF, tout en réaffirmant son appel «à voter massivement pour Monsieur Macron et à faire barrage à la menace incarnée par les idées de Madame Le Pen».
Le Front national (et Poisson) montent au créneau
Le soutien de l'UOIF à Emmanuel Macron a suscité une véritable levée de boucliers, tant de la part de responsables frontistes que de certains représentants de la droite.
David Rachline, sénateur-maire FN de Fréjus, n'a pas hésité à publier le 26 avril un message incendiaire sur Twitter déclarant : «Emmanuel Macron a choisi l'oligarchie. Et l'oligarchie l'a choisi : PS, UMP, Medef, UOIF, Commission européenne, Merkel...»
La veille, David Rachline avait également déclaré : «On devrait dissoudre l'UOIF et mettre hors d'état de nuire ceux qui propagent le message de haine à l'égard de notre pays.»
«Les islamistes avec Macron», a également ironisé le 26 avril la députée FN du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen.
«L'UOIF vote Macron. Normal, Marine veut terrasser l'islamisme radical», avait par ailleurs réagi Florian Philippot le 25 avril après la parution de l'appel de l'UOIF à voter en faveur du candidat d'En Marche!
Plus surprenant, Jean-Frédéric Poisson, président du Parti démocrate chrétien (PCD) qui avait participé à la primaire de la droite, s'est également joint le 26 avril aux critiques frontistes. «Si l'UOIF apporte son soutien à Macron ça veut dire qu'ils ne voient pas en lui un ennemi, ça m'inquiète», a-t-il réagi.
En Marche! répond aux accusations
Les accusations sur les liens supposés entre l'UOIF et Emmanuel Macron ont par ailleurs entraîné une clarification le 26 avril de la part de Benjamin Griveaux, porte-parole d'En Marche!.
«L’UOIF est une organisation qui regroupe environ 10% des mosquées françaises, qui ont une tendance très traditionnaliste et très conservatrice», a-t-il reconnu, avant de marteler : «Est-ce que c’est notre conception d’un islam moderne ? La réponse est très clairement non. Est-ce que l’UOIF a participé d’une quelconque manière à l’élaboration du programme d’Emmanuel Macron ? La réponse est non. Donc madame Le Pen joue sur les peurs.»
Pour mémoire, une polémique similaire avait éclaté avant le premier tour de la présidentielle. Jugé trop proche du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et des Indigènes de la République – deux organisations régulièrement accusées de communautarisme –, un responsable d'En Marche! avait été mis sur la touche le 9 avril, tout en conservant ses fonctions. Cette décision contradictoire avait déjà suscité des réactions virulentes.
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