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PRESSE | «Le Temps» gonfle son lectorat, mais cache la bonbonne

Le journal Le Temps affirme connaître une «croissance historique» du nombre de ses lecteurs. Il aurait enregistré 10’000 abonnés papier de plus au cours du premier semestre 2017 par rapport à la même période de 2016. Son rédacteur en chef en tire un éditorial euphorique où il n’hésite pas à comparer sa croissance dans le bassin lémanique à celle du New York Times dans le monde.

La presse traditionnelle en Suisse connaît de fait un répit, mais Le Temps serait en pleine renaissance. La nouvelle est accueillie avec soulagement jusque dans le service public de la RTS.

Notre éditorialiste s’en félicite avec une fatuité de sous-préfet parlant aux comices agricoles: « Il ne faut pourtant pas oublier l’essentiel. Dans un monde complexe de basculement des valeurs, où la rumeur n’a jamais autant battu de vitesse l’information, le journalisme de qualité est vital pour nos démocraties.»

Quelle belle profession de foi! Si seulement encore Le Temps pouvait s’y conformer!

Il faut en effet préciser que l’autre titre du même groupe de presse en Suisse romande, L’Hebdo vient de fermer au début de l’année et que son proprétaire a offert un transfert d’abonnement à ses lecteurs vers le quotidien Le Temps, comme il est d’usage chez les éditeurs lorsqu’un titre ferme brusquement et qu’il s’agit de satisfaire ou de rembourser des abonnés.

L’Hebdo comptait au 30 janvier 26’000 abonnés selon un chiffre que nous avons reçu de sa rédaction. Il couvrait la même aire géographique et visait un lectorat semblable. La conversion d’abonnement est naturelle. Nous avons même connaissance de cas de transfert automatique et non sollicité (sans doute des erreurs informatiques).

Il aurait donc suffi que 40% d’abonnés de L’Hebdo acceptent simplement la conversion pour expliquer cette «aube d’un fantastique renouveau», comme l’écrit M. Benoît-Godet avec un lyrisme champignacien.

Un «journalisme de qualité» eût consisté, de la part du Temps à mentionner ce détail qui explique un peu mieux ce surprenant «but contre le cours du jeu» dont il s’autocongratule. Vanter sa fiabilité au moment même où l’on escamote un fait central est sans doute dans l’esprit de cette nouvelle éthique. Mais que ne ferait-on pas pour «garder la confiance des annonceurs»?

Il est étonnant que les confrères du service public et les «spécialistes universitaires des médias» n’aient pas relevé la prestidigitation, pourtant grossière. Ne parlez pas de corde, etc.

PS — Quant à l’expansion du New York Times, aux moyens et aux stratégies de diversification qu’elle utilise, cet article de Wired rappelle utilement les échelles de grandeur en jeu. Ce brand n’a plus d’un journal que le nom. Citer en exemple un média en pleine dématérialisation pour accueillir ses nouveaux lecteurs papier est pour le moins curieux.

 

Source : http://log.antipresse.net/post/presse-le-temps-gonfle-son-lectorat-mais-cache-la-bonbonne

2 commentaires

  1. Posté par Derek Doppler le

    En fait ce sont leurs annonceurs qui sont les plus navrants. Continuer à faire de la pub dans ces torchons, c’est lamentable. Boycottez-les systématiquement et surtout faites-le savoir. Idem pour les chaînes télévisées de propagande.

  2. Posté par Christian Hofer le

    Très bonne analyse. J’ai eu la même réaction lorsque j’ai lu l’article du Temps.

    Le Temps partageait la même rédaction avec l’Hebdo. Ceci expliquant cela. Même idéologie, mêmes lecteurs visés, même haine de l’UDC.

    De plus, cet article est risible car le Temps a justement dû procéder à des licenciements. Si le nombre de lecteurs avait à ce point réellement augmenté, de telles mesures n’existeraient pas:

    https://www.rts.ch/info/suisse/8393788-trente-six-postes-supprimes-dans-la-redaction-du-temps-et-de-feu-l-hebdo.html

    Ces chiffres artificiels et leur article triomphal ne sont là que pour prétendre qu’ils sont encore “dans le coup” face à Internet, une méthode Coué désespérée face aux sites de réinformation bien plus réactifs, pertinents et complets.

    C’est pour cela que leur article prétend prendre le contre-pied des “rumeurs” alors qu’ils savent qu’ils sont déjà perdants dans la bataille de l’information. Ils sont dépassés, has been, leurs articles orientés de piètre qualité, leurs mensonges par omission ne fonctionnent plus comme on le constate ici.

    Pire même, cela dévoile à quel point ils ne sont pas fiables. Prétendre combattre les rumeurs alors que l’on cache les informations cruciales est tout simplement scandaleux et démontre le niveau de leur “déontologie” dont ils se prétendent les gardiens.

    Mais si ce petit jeu peut les réconforter, ça leur fera tout ça de moins à payer à leur psy…

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