Marine Le Pen passe au confessionnal et reçoit l’absolution

Michel Garroté
Politologue, blogueur
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Michel Garroté  --  On peut lire sur le FigaroVox que Samuel Pruvot, rédacteur en chef de l'hebdo catho français "Famille chrétienne", a rencontré sept candidats à la présidentielle, loin des plateaux de télévision et des débats aseptisés. Il relate ces sept entretiens dans "Les candidats à confesse". FigaroVox a dévoilé des extraits de ce livre.
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A chacun des sept candidats qu'il a rencontrés, Samuel Pruvot a posé des questions sur leurs convictions personnelles, leur passé, leur vocation politique. Ils se sont prêtés au jeu de la confession et lui ont répondu. Enfance, engagement politique, foi, éthique : tous les sujets existentiels que les médias préfèrent éviter ont été abordés, pour réaliser ce livre-entretiens, intitulé "Les candidats à confesse", éd. du Rocher, 2017. Ci-dessous : Marine Le Pen (voir lien vers FigaroVox en bas de page).
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Samuel Pruvot : Au fond, quelle est l'origine de votre engagement politique ?
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Marine Le Pen : Au départ, il y a cet attentat contre mon père. Ce fut pour moi un événement déracinant. Cela explique tout mon engagement ultérieur. Imaginez un peu: j'ai découvert à l'âge de huit ans ce qu'était vraiment la politique. Cette prise de conscience a été plus que brutale. J'ai pris d'un seul coup la mesure de ce que pouvait représenter l'engagement de mon père. J'ai compris jusqu'où son combat pouvait entraîner toute la famille. Bref, j'ai escaladé la politique par la face nord.
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La politique est pour vous une sorte de tragédie permanente ?
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Les difficultés n'ont jamais cessé. Il faut dire que j'ai été en formation continue auprès de Le Pen pendant 45 ans. En regardant en arrière, je dois reconnaître que cette expérience originelle me donne une grande force aujourd'hui. Beaucoup trop de responsables - y compris chez moi - ne voient la politique que sous son aspect positif. Ils voient la grandeur du combat des idées, le pouvoir de changer les choses. Certes. Mais cela ne suffit pas. Il faut avoir fait l'expérience du caractère fondamentalement tragique de la politique. Moi je peux dire que j'en connais la face sombre. Les épreuves.
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Qu'est-ce qu'on peut apprendre des épreuves, sinon la désillusion ?
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Le recul est si difficile à acquérir. Soit il s'acquiert à la fin d'une longue vie politique soit il s'obtient dans la rudesse et la brutalité d'une vie comme la mienne. Quand on manque de recul, la politique monte à la tête. Je pense par exemple à Emmanuel Macron. On a bien vu, à la fin de son meeting de Paris [le 10 décembre 2016], que cette aventure lui est montée à la tête. La relation très forte que suscite un homme politique avec ses électeurs nécessite du recul. Ce contact avec le peuple a quelque chose d'enivrant. Il y a un énorme transfert d'énergie entre soi et les militants. Et cela peut provoquer une overdose symbolique.
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Avoir du recul, c'est devenir indifférent ?
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Le recul en politique permet de se garder des coups mais aussi d'un enthousiasme trop immédiat. Pour les coups, tout dépend en fait de l'épaisseur de votre armure. Moi, je me suis constituée une armure très solide. Quand votre armure est assez épaisse, elle vous protège des agressions (sauf à ce que vos adversaires trouvent le point faible de la carapace). Vous savez, c'est la même armure qui me protège des attaques et de l'euphorie.
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Devenir présidente de la république, c'est un appel, une sorte de vocation ?
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Tous ceux qui pratiquent le "story-telling" expliquent que pour devenir Président de la République un jour il faut en avoir eu l'idée dès la petite enfance. Ce n'est pas du tout mon cas. Je n'ai pas voulu être Président au biberon. Pour une raison simple : pendant très longtemps, je n'ai jamais imaginé que cela puisse passer par moi. Autrement dit, je n'ai pas une relation obsessionnelle au succès. Je crois de toutes mes forces que nos idées peuvent arracher la France à sa situation actuelle. Mais la personne en qui ces idées s'incarnent n'a pas tant d'importance à mes yeux, pour peu qu'elle soit solide, honnête, droite et courageuse (voir lien vers FigaroVox en bas de page).
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Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/04/04/31001-20170404ARTFIG00310-le-pen-macron-melenchon-les-extraits-du-livre-qui-confesse-les-candidats.php
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Un commentaire

  1. Posté par Dominique Schwander le

    Plus j’écoute et je lis Marine, plus je suis convaincu qu’elle est la meilleure, la plus intelligente, la plus visonnaire, la plus honnête et la plus clairvoyante. Elle est la preuve vivante, qu’en politique, on diabolise les meilleurs.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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