Corée du Nord : atomic paranoïa !

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Si nos regards restent focalisés sur l’Europe, son Brexit, ses réfugiés et son terrorisme, le monde ne s’arrête pas à notre porte et il conviendrait d’être aussi un peu attentif aux bouleversements géostratégiques en cours du côté de l’Asie où les Chinois poussent leurs pions en mer de Chine, dans des jeux ambigus avec la Corée du Nord. Taiwan s’inquiète et monte des structures étranges, et côté Philippines, le président philippin Rodrigo Duterte sent le vent tourner et se rapproche de la Chine au grand dam des États- Unis.

Michael Hayden, exdirecteur de la NSA, puis de la CIA, mettait la Corée du Nord en huitième position sur la liste des dix dangers les plus graves pour la sécurité des États-Unis.

Sous Jimmy Carter en 1991, Pyongyang et Séoul étaient convenus de faire de la péninsule coréenne une zone dénucléarisée. Accord, naturellement jamais respecté par la Corée du Nord.

Après son cinquième essai nucléaire, le plus puissant avec une énergie de 10 kilotonnes, de nouveaux mouvements suspects sur les sites de Pyunggye-ri et de Wonsan semblent annoncer l’imminence d’un sixième essai. Grâce à Hongxiang Industrial, une entreprise chinoise, Pyongyang maîtrise désormais la technologie nucléaire et vise la bombe H.

Corrélativement, avec ses alliés Iraniens et Pakistanais, la Corée avance dans trois autres domaines : d’abord la portée de ses engins. Là, clairement, il y a des marges de progression : l’échec fin octobre du lancement d’un missile Musudan a entraîné un remaniement du haut commandement assorti de quelques disparitions. Ensuite les techniques de lancement depuis un sous-marin. Succès cette fois, fin août 2016, grâce à l’aide du Pakistan qui a piqué le savoir-faire aux Indiens. Du coup, fou de joie, Kim Jong-un a donc profité du 70e anniversaire du Parti des travailleurs, pour annoncer la construction d’un sous-marin lanceur d’engins aux chantiers navals de Sinpo.

Reste le plus délicat, le marvage, une technique qui dote les missiles de têtes multiples hypersoniques à trajectoires aléatoires auto contrôlées, ce qui empêche toute interception.

Peu de pays la maîtrisent et les Chinois hésitent un peu à la fournir au cher leader de Corée du Nord, sa psychologie étant certes, elle aussi aléatoire, mais en revanche pas vraiment contrôlée. Du coup, le Cher Leader en question, tout à ses grands rêves de destruction massive, a pressé Thae Yong Ho, alors numéro deux de son ambassade à Londres, de circonvenir les Anglais, histoire de s’adresser ailleurs. Hélas, déjà dans l’œil du MI5 et considérant que l’espionnage nord-coréen était décidément à trop petit budget, le brave fonctionnaire a déserté avec armes et bagages pour se réfugier en août dernier en Corée du Sud où il tente d’échapper à la vindicte du Leader bien aimé et à ses tueurs.

Bref, considérant que, pour le moment, on reste classique, Séoul a décidé d’acheter à l’Allemagne environ 90 nouveaux missiles guidés air-sol Taurus qui visent à liquider les dirigeants nord-coréens. Il constituera le noyau du Kill Chain, le système de frappe balistique.

Washington pour sa part, a décidé de renforcer son dispositif stratégique au sud du 38e parallèle et de déployer le système antimissile à haute altitude THAAD d’ici la fin de 2017.

En juillet, les marines sud-coréennes et américaines ont simulé des frappes visant la Corée du Nord avec l’utilisation du système d’armes antimissiles AEGIS et ont voulu rouler les mécaniques en démontrant leurs capacités contre les menaces navales, sous-marines et balistiques de Pyongyang.

À côté de toute cette gesticulation balistico-nucléaire, la Corée du nord, soucieuse de ne négliger aucune possibilité de braver le monde, s’est dotée d’une particulière compétence en informatique virale et en piratage numérique. Ainsi, des cyberattaques perpétrées par le régime nord-coréen à l’occasion du 70e anniversaire de la création du Parti des travailleurs, ont réussi à brouiller l’ordinateur central du commandement Sud-Coréen pourtant chargé précisément de la lutte contre les cyberattaques !

Précédemment, pour pallier son manque chronique de devises utilisables, le régime de Kim Jong avait dérobé en mai les données de 10 millions de clients du centre d’achat en ligne Interpark, exigeant une rançon de 3 milliards de wons, soit 2,4 millions d’euros pour les restituer.

Face à ces agressions répétées, afin d’assurer la sécurité de la Corée du Sud, et pour se garantir contre la menace nucléaire nord-coréenne, Won Yoo-chul député du parti Saennuri (ou Parti de la nouvelle frontière) a déclaré que la Corée du Sud devait elle aussi se doter de l’armement nucléaire.

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