Ce jour, lors de la grand’messe consacrée à la radicalisation ce lundi 7 novembre à l’Ecole Militaire de Paris, le ministre de la Justice a avoué « l’impuissance » du gouvernement face au terrorisme. A l’occasion de l’ouverture des travaux réunissant plusieurs centaines de Procureurs et de Préfets, convoqués manu-militari, le Ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a martelé : « Le terrorisme que nous devons affronter est, en effet, d’un type particulier. Il surprend nos sociétés à un moment où elles étaient guettées par une sorte de fatigue. Avec cette menace djihadiste, il n’y a plus de front, plus d’arrière, plus de champ de bataille. Les attentats de Nice et de Saint-Étienne-du-Rouvray l’ont montré…. ».
La situation semble plus dramatique que ne l’imagine le Français moyen. Le ministre de la justice a avoué : « Plus aucun espace n’est sécurisé, et les objets les plus civils peuvent devenir une « arme par destination » comme disent les juristes. Le péril n’a pas de contours précis, il peut venir de l’intérieur ou de l’extérieur, on ne sait pas quand il commence ni quand il finit. Ce terrorisme global frappe d’autant plus qu’on ne le comprend pas. Il est un choc qui traumatise non seulement l’opinion. Mais qui atteint chaque citoyen dans son imaginaire. Le terrorisme ne nous laisse pas le choix : il nous oblige à le regarder en face pour ce qu’il est : une menace pour l’Etat de droit, un danger parce qu’il risque de mettre en défaut le premier des devoirs du souverain : celui de protéger ses citoyens. Il réveille le désir chimérique de protection absolue. »
Puis, le discours clairvoyant du ministre de la Justice a fait place à ce qui pourrait s’apparenter à la justification d’une « dictature future » de la part du pouvoir politique en place : « Placées ainsi sous pression, nos démocraties se trouvent exposées au couperet d’une double injonction : une réaction sécuritaire excessive au mépris des libertés individuelles et collectives, ou la capitulation que serait le déni ou une trop grande clémence.
« Pour dépasser cette alternative, pour éviter ce que CAMUS appelait « les noces sanglantes du terrorisme et de la répression » notre pays a choisi de faire du droit à la fois un bouclier et une arme, estime Jean-Jacques Urvoas. C’est dire la responsabilité qui pèse sur vous. C’est dire l’obligation qui nous incombe de bâtir ensemble une nouvelle politique publique. Nous l’avons fait d’abord par l’adaptation de la législation pénale.
« Le Ministre de l’Intérieur vient de rappeler les lois votées. Je veux y ajouter les circulaires des 18 décembre 2015, et du 1er février 2016. Robert GELLI, Directeur des affaires criminelles et des grâces y reviendra de manière plus détaillée. Nous l’avons fait ensuite par des choix budgétaires conséquents….. Ainsi, pour faire face à ce que le Président du Tribunal de Grande Instance de Paris, Jean-Michel HAYAT appelle « la déferlante terroriste », nous avons pu renforcer la section anti-terroriste du parquet de Paris qui est passée de 7 à 13 magistrats, augmenter de 2 juges, passant de 8 à 10, le pôle instruction antiterroriste du TGI de Paris. Et un 11e juge d’instruction prendra ses fonctions en janvier prochain, sous réserve de l’avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), que j’ai saisi le mois dernier. Nous recrutons des assistants spécialisés pour soutenir l’action du ministère public. 15 assurent déjà une mission de veille et d’alerte au sein des juridictions et 25 sont en cours de recrutement… ».
Feu à volonté du Ministre sur le Parquet Antiterroriste
Certains propos du Ministre de la Justice ont visiblement irrité une partie des magistrats présents. Surtout lorsque Jean-Jacques Urvoas a lancé : « J’ai déjà eu l’occasion de dire tout le mal que je pensais de cette sottise que serait un «parquet national antiterroriste ». Non pas que je sois rétif devant des évolutions. Le parquet a d’ailleurs montré qu’il est au sein de l’institution judiciaire, l’autorité qui a su le plus naturellement s’ouvrir vers l’extérieur et développer des partenariats pour faire contribuer aux politiques publiques. ».
« Dans la lutte contre la délinquance et a fortiori contre le terrorisme, la force ne vient pas de la similitude mais de l’union. Dans une démocratie, la police et la gendarmerie interpellent et la justice sanctionne. Dès lors, peu importe, que ces institutions s’apprécient (ce serait cependant mieux) du moment qu’elles coopèrent intelligemment. Non pas pour faire plus et plus vite, mais pour obtenir des résultats durables correspondant aux attentes de la population. »
Le Ministre Urvoas a posé la seule question qui vaille : « Mesdames, Messieurs, que sera l’avenir de la lutte contre le terrorisme et la radicalisation violente ? Si l’on parvient à dépasser l’éclat de l’instant qui est commun à tous les soubresauts de l’histoire, que nous réserve le temps long ? Mireille Delmas-Marty a écrit sa conviction que le terrorisme est « un concept juridique transitoire », appelé à disparaître au profit de concepts plus traditionnels. Intellectuellement, j’adhère à cette idée car je sais que nous vaincrons un jour ce fléau.
« Mais il ne s’agira ni d’une victoire militaire, ni d’une victoire juridique. Car la nature de l’épreuve que nos sociétés contemporaines doivent affronter est singulière. Elle ne consiste pas uniquement en un défi sécuritaire (comment lutter efficacement contre le terrorisme) même si celui-ci est crucial. Ni de trouver le bon équilibre entre la sécurité et les libertés, question certes décisive mais qui n’est pas nouvelle.
« Préparer l’opinion à du futurs attentats »
« Non, l’épreuve que nous traversons est de nature politique. C’est pourquoi nos armes ne sont pas seulement guerrières, policières ou procédurales. Elles résident surtout dans notre capacité collective à redonner de la substance au pacte démocratique. Voilà pourquoi, il faut savoir utiliser les temps calme pour préparer l’opinion à faire face avec sang-froid mais sans résignation à de futurs (probables ?) attentats.
« La victoire de la guerre contre le terrorisme sera donc surtout de parvenir à surmonter l’épreuve en opposant au stress de nos démocraties une confiance renouvelée dans les institutions. Il s’agira donc d’une victoire de la société sur elle-même. Ou pour dire comme Albert CAMUS « Demain, la plus difficile victoire que nous ayons à remporter sur l’ennemi, c’est sur nous-mêmes qu’elle doit se livrer, avec cet effort supérieur qui transformera cet appétit de haine en désir de justice ». ».
Francis Gruzelle
Notre pays, pardon je rectifie, nos dirigeants tous bords confondus, n’ont eu cesse de sous estimer les menaces visant directement notre nation. Terrible politique de l’autruche ? Ou résultat d’une politique intérieure et étrangère catastrophique ? Sauf que, qui paie la note ? Le citoyen lambda.
“le terrorisme est « un concept juridique transitoire », appelé à disparaître au profit de concepts plus traditionnels” ; oui, normalisons l’acte, ainsi il disparaitra… Qu’a cette dame soit épargnée une fin aussi tragique ! Pas mal non plus ” préparer l’opinion à faire face avec sang-froid mais sans résignation à de futurs (probables ?) attentats” ; aveu d’impuissance radicale et volontaire. Merci les gars, c’est pour ça qu’on vous paie, vous êtes à la hauteur… et toute personne qui conteste est fasciste, naturellement. Mais ayez le courage de dire d”emblée que le véritable résultat attendu est la partition du territoire français de manière à faire disparaître la France ; vive la mondialisation heureuse !!