L’apparente bienveillance du socialisme

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Par Sébastien Laye et Éric Foillard1.

Le socialisme, dans sa vocation angélique, vise à une protection matérielle absolue des citoyens. Cette protection s’étend par la suite à leur vie personnelle, en une évolution inexorable qui envahit leur vie privée et familiale (et ce d’autant plus que la protection matérielle se solde par un échec). Le fait d’assister chaque citoyen confère au parti dominant un droit de regard irrépressible sur ses choix de vie et sa liberté.

Cette dérive est le fait de tous les socialismes, qu’ils soient nationaux ou internationalistes, démocrates ou prétendument libéraux, mais encore plus quand le socialisme repose sur la technocratie. La fusion du politique et de la haute fonction publique permet en particulier un contrôle plus effectif des existences citoyennes ; l’Inspecteur des Finances, qu’il soit ministre, chef d’administration ou même dirigeant de société peut, dans une utopie de société verticale et mise au pas, exercer son magistère sur tous les domaines de la société (politique, administration, économie, associations, entreprises).

Apparente bienveillance généralisée

socialisme rené le honzecCette apparente bienveillance généralisée du socialiste et du technocrate tend mécaniquement vers la dé-responsabilisation de l’individu. De la dé-responsabilisation (face à son propre sort mais aussi face au sort de ses semblables) naît le clientélisme et sa sœur inéluctable, la corruption, en réponse aux demandes des électeurs de bénéficier de toujours plus de protection sans effort, imagination, ou prise de risque en contrepartie. On assiste alors à l’émergence d’un contrat social biaisé où l’électeur attend de l’élu et du parti au pouvoir, aide, protection, subventions et assistanat, tandis que l’élu privilégie la durée puis le renouvellement de son mandat par mille petits services. Le lubrifiant du système s’appelle la fiscalité et son corollaire la redistribution. On prend aux uns pour donner aux autres, l’élu socialiste ou le haut fonctionnaire s’attribuant au passage le rôle du bienfaiteur.

Le socialisme, c’est la civilisation des droits, sans devoirs en réciprocité. Ces droits, dans le domaine économique, procèdent du fait que l’argent de l’État, magot inépuisable et alimenté par d’autres, peut offrir l’éducation, la santé, l’habitat à loyer modéré, des transports urbains vendus à perte, des rues éclairées et nettoyées gratuitement. Mais surtout du travail, ou plutôt une feuille de paye pour tout le monde, une masse toujours croissante de fonctionnaires, dans des fonctions non régaliennes de l’État, comme ces fonctionnaires du ministère de l’Agriculture au nombre sans cesse croissant à mesure que les agriculteurs quittent la terre ou la technostructure de Bercy, qui malgré l’invention de la micro-informatique, voit sans cesse ses troupes augmenter avec des hordes de haut fonctionnaires sans efficacité réelle.

Le pouvoir des politiques

Quant aux politiques, (et de tous bords, malheureusement pas uniquement les socialistes, tant la technocratie de droite se nourrit du même phénomène et a en réalité abdique ses idées libérales au profit du socialisme technocratique), c’est l’omniprésence de l’État qui assure leur pouvoir et leur pérennité dans leurs mandats. Nul homme politique, de droite comme de gauche, n’ose remettre en cause ce socialisme généralisé et le triomphe de la technocratie ; comment le pourrait-il quand ils vivent de ces prébendes ou sont issus du système technocratique (Juppé, Hollande, Macron, Lemaire, Wauquiez, Coppé, près des deux tiers de nos hommes politiques d’envergure sont issus de l’ENA et de grands corps).

La France souffre de 3 faiblesses :

  1. la trop petite taille de son marché intérieur et son manque de matières premières lui interdisent de se retrancher derrière des remparts infranchissables (le mercantilisme prôné par l’extrême-gauche, l’extrême droite et les souverainistes français),
  2. nous avons sur la planète des concurrents aux salaires moins élevés et à la fiscalité moins étouffante, qui ont l’audace de surcroît de travailler plus, et d’avoir des entreprises moins ponctionnées par l’État.
  3. notre élite peu diversifiée et massivement technocratique, formée à la mamelle de l’État, est incapable de nous guider dans le monde nouveau de l’économie collaborative et des nouvelles technologies ; peu douée pour les langues étrangères et l’entrepreneuriat, elle est incapable de remettre en cause le système qui l’a formée. Il suffit de relire Pareto pour comprendre qu’une telle élite resserrée et formée par l’État est un symptôme d’un pays en profond déclin.

La construction européenne met la France face à ses responsabilités en matière de socialisme généralisé : en effet, le pays a abandonné au profit de l’Euro sa faculté passée d’émettre de la monnaie pour financer la fuite en avant des dépenses publiques. Cela permettait de faire financer le déficit de l’État par le perpétuel temps de retard de la révision des salaires et retraites sur l’inflation, de raboter la valeur effective des revenus des petits rentiers, sans compter les placements du grand public, limés par la dérive monétaire et qui rapportent toujours moins que l’inflation.

La dette qui s’envole

Depuis lors le pays s’endette, de plus en plus, toujours davantage, au risque de voir les prêteurs augmenter eux aussi toujours plus leurs exigences, jusqu’au jour où on ne peut plus payer les intérêts des emprunts, ni le remboursement du principal. Nous voilà en faillite, aux portes du tiers- monde.

Seuls des imbéciles peuvent penser que l’endettement puisse monter jusqu’au ciel !

Entre l’inflation galopante qui mène à la faillite et l’endettement à croissance exponentielle qui conduit à la cessation de paiement, où est le moindre mal ?

La dernière utopie vendue par les socialistes fut de supprimer les impôts pour les ménages les plus modestes, brisant ainsi le lien entre la dépense publique et son financement pour nombre de nos concitoyens. François Hollande est un expert en la matière et promet d’en faire son cheval de bataille pour sa réélection.

Au contraire, la fiscalité pour tous, même symbolique, avec un plancher qui supposerait seulement que le coût de la collecte soit inférieur à la contribution individuelle, présenterait au moins l’avantage de responsabiliser un plus grand nombre de citoyens et de redonner ainsi à la France une compétitivité fiscale, en élargissant la base de la pyramide des contribuables, et en abaissant donc son sommet. On verrait alors revenir nos jeunes élites et nos grands entrepreneurs et investisseurs.

Personne n’est heureux de payer le tribu à César, surtout quand César se fait gaspilleur, piètre gestionnaire, parfois même voleur et prédateur.

On ne trouve personne pour affirmer aimer payer l’impôt, mis à part bien sûr quelques tenants de la gauche caviar dont c’est la seule forme de provocation, dans le marais du politiquement correct, et des chanteurs ou tennismen qui nous font depuis Genève des leçons de morale fiscale.

Qui de normal aime payer l’impôt, toujours plus d’impôts, dans une imprévisible augmentation qui interdit de plus aux investisseurs de long terme de faire des plans financiers fiables ?

Mais les gros contribuables ne voient, avec cette augmentation diabolique des prélèvements, que leurs capacités d’épargne, placement et réinvestissement sans cesse amoindries. Dans un premier temps, leur mode de vie n’est cependant pas affecté.

Il n’en est pas de même, pour ceux qui, sans que leur salaire ait augmenté, commençaient à être soudain condamnés à payer l’impôt, du fait de l’abaissement relatif des tranches d’imposition. Ils risquaient d’être de plus en plus nombreux à demander des comptes à l’État-providence, et aux politiciens, en ce qui concerne les dépenses à caractère clientélistes qui se traduisaient dans les discours de nombre de politiciens par des expressions telles que : « je vous ai payé », ou « j’ai financé ». Nos dirigeants socialistes ont donc décidé de diminuer l’impôt des petits contribuables, faisant payer leur apparente générosité par une fuite en avant supplémentaire dont la douloureuse facture qui s’additionnera mécaniquement aux autres dettes et déficits.

Mais comme le disait Margaret Thatcher : « L’argent public n’existe pas, il n’y a que l’argent du contribuable. »

Les nouveaux contribuables risquaient de demander les comptes que les anciens contribuables n’osaient pas vraiment exiger. Alors la lâcheté l’a encore une fois emporté. Ils n’auront pas à se plaindre… avant mai 2017.

Depuis 50 ans, on a dit aux forces vives de la Nation, aux entrepreneurs : « Payez l’impôt et tâchez de vous faire oublier ! »

Quand les nouveaux contribuables, à défaut de voir leur niveau de vie diminuer réellement, verront la providence de l’État commencer à limiter ses bienfaits, cela ne manquera pas de se traduire par le rejet croissant d’un système qui leur prend de plus en plus pour nourrir la caste des haut-fonctionnaires, toujours plus nombreuse. Toutes les révolutions, américaines, anglaises ou françaises, étaient avant tout des révoltes fiscales.

Contrairement à la prévision de Marx, l’impôt n’aura pas tué le capitalisme, mais le socialisme généralisé !

 

  1. Éric Foilllard est promoteur immobilier.

Cet article L’apparente bienveillance du socialisme est paru initialement sur Contrepoints - Journal libéral d'actualités en ligne

 

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