JOURNAL DU MARDI 24 MAI 2016 : POLITIQUE / UN POPULISME, DES POPULISMES

post_thumb_default

 

Journal du Mardi 24 mai 2016

 

Politique / Un populisme, des populismes

 

Hier en Autriche, demain ailleurs… Partout en Europe et même au-delà, les populismes se développent. Répondant aux crises profondes des pays occidentaux, les partis patriotes nationalistes ou de droite radicale se développent et inquiètent les élites établies. Retour sur un phénomène qui rebat les cartes du jeu politique. Alexandre Rivet

 

En 2014, le Front National, profitant du scrutin proportionnel des élections européennes, faisait une entrée fracassante au Parlement européen avec 24 députés et devenait le 1er parti de France. Quelques années auparavant en Hongrie, l’avènement du 1er ministre Victor Orban avait montré la marche à suivre. Une tendance confirmée par les élections législatives de 2014 qui voient le camp national encore renforcé avec près de 45 % des voix pour les nationaux-conservateurs du Fidesz et plus de 20 pour le Jobbik, le jeune parti ultranationaliste.

En Pologne, les élections législatives de 2015 voient la gauche disparaître de l’hémicycle et marquent, en plus d’une poussée de droite, la percée d’une forme de populisme. Si le parti Droit et Justice au pouvoir est conservateur, il serait considéré comme étant à la droite du FN en France. Ces élections ont également vu arriver 40 députés du Kukiz’15, un parti anti-système de type populiste de droite… En Italie, le phénomène est plus complexe car il s’appuie sur quelques partis institutionnels comme la Ligue du Nord ou même le mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo mais aussi sur des mouvements sociaux-culturels comme la Casapound.

Les exemples sont donc légions et seuls quelques Etats restent en marge de ce grand mouvement. C’est le cas notamment de l’Espagne et du Portugal. Les causes de la poussée des droites nationales, patriotiques, conservatrices ou encore du populisme sont nombreuses et difficilement quantifiables.

Parmi celles-ci, on retrouve les problèmes économiques et de l’emploi, l’immigration massive largement redynamisée par la crise des migrants, le rejet d’élites nationales et européennes dites mondialistes et qui se partagent le pouvoir partout en occident depuis plus de 50 ans. Il y a aussi une crise plus profonde, identitaire et même spirituelle : une forme de réaction à la domination culturelle marxiste et matérialiste qui domine l’Europe.

Souvent marqués à droite, les populismes peuvent aussi être de gauche notamment lorsqu’ils s’attaquent aux élites en place. C’est le cas avec le parti d’extrême gauche Syriza en Grèce qui promettait la rupture avec le diktat Bruxellois mais qui a finalement plié et trahi ses promesses. En Espagne, Podemos, n’a pas encore eu l’occasion de faire ses preuves.

Si les mouvements populistes européens de droite ont des convictions communes : rejet des élites, du mondialisme et de l’immigration, ils ne sont pas pour autant unis. Préconisant des solutions et des modes d’actions différents, une partie d’entre eux, comme aux Pays-Bas ou en Autriche, sont prêts à gouverner. D’autres en sont encore loin, comme en Grèce où le mouvement Aube Dorée subit la répression de l’extrême gauche au pouvoir.

Idéologiquement, les alliances sont même parfois contre-nature. Ainsi, le Front National, favorable à l’assimilation et à l’interventionnisme, n’hésite pas à s’allier dans le cadre de son groupe “Europe des nations et des Libertés” au Vlaams Belang flamand profondément identitaire et anti-islam. De la même manière, le parti de Marine Le Pen siège aux côtés du FPÖ autrichien, un parti national-libéral hostile à la sortie de l’UE et de l’euro et qui semble idéologiquement plus proche du UKIP de Nigel Farage pourtant représenté par un autre groupe…

De l’autre côté de l’Atlantique, le phénomène Donald Trump peut également être assimilé à une forme de populisme. En cas de victoire du trublion milliardaire, les changements dans les relations internationales notamment avec les partis européens pourraient être profondément changés.

 

Société / La France en panne d’essence

 

Manuel Valls emploie la force contre la CGT ! Tôt ce mardi, les forces de l’ordre ont procédé à l’évacuation d’environ 200 militants syndicaux qui bloquaient la raffinerie et le dépôt de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône. La police a essuyé des tirs de projectiles et a répliqué par des canons à eau et des gaz lacrymogènes. 7 agents ont été légèrement blessés. En réponse, les 8 raffineries françaises ont voté l’arrêt de leurs productions ce mardi matin. Les 2 dernières se sont mises en grève en apprenant la charge des CRS à Fos. Emmanuel Lépine, secrétaire fédéral du secteur pétrole de la CGT nous livre sa réaction :

 

[INTERVIEW Emmanuel Lépine]

 

Installés depuis la nuit de dimanche à lundi, les manifestants opposés à la loi travail redoutent de perdre jusqu’à 1 300 euros par an sur leurs heures supplémentaires. Pour Emmanuel Lépine, cette loi remettrait en cause l’ensemble des acquis sociaux :

 

[INTERVIEW Emmanuel Lépine]

 

Sur environ 12 000 stations, plus de 3 000 sont touchées. Le secrétaire d’Etat aux transports Alain Vidalies assure qu’il n’y a pas de risque de pénurie pour la semaine prochaine. Pour autant, les automobilistes inquiets de tomber en panne se ruent dans les stations service et créent un engorgement et une surconsommation de carburant inquiétante. La réserve prévue pour plus de 98 jours n’a toutefois pas encore été entamée. De son côté, Emmanuel Lépine réaffirme le droit de grève et invite les Français à se plaindre auprès de Manuel Valls.

 

[INTERVIEW Emmanuel Lépine]

 

De son côté, Manuel Valls dénonce la prise en otage des consommateurs et affirme que d’autres “sites seront libérés” tout en maintenant que la loi travail sera promulguée. A un an de l’élection présidentielle, François Hollande n’a donc pas hésité à employer la force… quitte à aggraver les tensions. Si 3 quarts des Français sont opposés à la loi travail, leur colère dans les files d’attente de stations essence pourrait bien faire tomber en disgrâce les syndicats et le vote pour l’extrême-gauche avec… Une stratégie politique pouvant permettre à François Hollande d’éviter l’hémorragie des électeurs gênés par une politique sociale jugée trop à droite.

 

Economie / La France fait fuir

 

La France, un repoussoir ! C’est ce qui ressort d’une étude réalisé par un cabinet d’audit international, comparant l’attractivité économique de plusieurs pays entre eux. En 2015, les investissements étrangers ont progressé de 14 % en Europe quand dans le même temps, ils reculaient de 2 % en France, le seul pays dans le rouge dans cette étude. Pourquoi la France fait fuir les investisseurs ? Décryptage : Natasha Koenigsberg

 

La France distancée… voilà comment le cabinet Ernst&Young, l’un des 4 plus gros cabinets d’audits mondial, titre son étude sur l’attractivité des pays occidentaux. Dans ce rapport, EY révèle qu’un nombre record d’investissements étrangers a été réalisé en 2015 sur le Vieux Continent, parce que l’Europe est vue comme rassurante et stable. En tête de l’attractivité, la Grande Bretagne, bien entendu, qui profite à plein de son “indépendance monétaire” et de sa position de place financière mondiale. Mais aussi et surtout, la Grande-Bretagne attire grâce à son code du travail très souple, grâce à ses contraintes administratives très légères pour les entrepreneurs et grâce à sa fiscalité particulièrement avantageuse.  Quand le nombre de centres de décisions implantés en Europe a progressé de 80 % l’an dernier, La Grande Bretagne en a raflé 150… quand la France n’en a accueilli que… 11 ! Derrière l’Angleterre, c’est l’Allemagne qui occupe la deuxième place en terme d’attractivité, ce qui fait dire à E&Y que désormais, le moteur de l’Europe est anglo-allemand. Plus grave encore : quand les sommes investies en Europe par des investisseurs étrangers, augmentaient de 14 % l’an dernier, elles reculaient dans le même temps de 2 % en France… En matière d’emploi, le tableau est un peu moins noir. Le nombre de postes créés en France par des investissements étrangers a progressé de 8 % en 2015, soit 13 500. Mais dans le même temps, en Europe, le nombre d’emplois créés par des investisseurs étrangers a progressé de 17 % pour atteindre 217 000… En cause, pour 72 % des décideurs internationaux, notre fiscalité peu ou pas du tout attractive, et notre niveau élevé de charges sociales. Résultat, en 2016, les projets d’investissements étrangers en France sont encore en chute libre par rapport à 2015 qui est déjà un mauvais cru… ils chutent de 11 %. Ernst & Young conclut son rapport en expliquant que la France doit continuer à faire des réformes en matière sociale et fiscale… A lire Emmanuel Macron dans les Echos, interviewé la veille de la publication de cette étude, il faudrait surtout commencer à faire des réformes. Le jeune loup s’émancipe un peu plus de ses patrons et potentiels concurrents, Francois Hollande et Manuel Valls. La bataille pour la présidentielle est belle et bien lancée à gauche.

 

International / Syrie : vagues d’attentats meurtriers de Daech

 

Daech continue de semer la terreur en Syrie. Lundi, les djihadistes de l’Etat islamique ont commis 7 attaques simultanées dans les villes de Jablé et Tartous. Le bilan provisoire est de 148 morts. La plupart sont des civils, notamment des enfants. Un kamikaze s’est introduit dans un hôpital où il a actionné ses explosifs, tandis que plusieurs véhicules ont été piégés. Ces attentats sont les plus meurtriers depuis le début du conflit en 2011. Les 2 villes ciblées ne l’ont pas été par hasard, comme l’explique le géopolitologue Alexandre del Valle.

 

[INTERVIEW DEL VALLE]

 

En perte de vitesse, l’Etat islamique intensifie ses opérations d’envergure depuis 6 mois. Après la France, la Belgique et la Turquie, Daech montre sa force de frappe en Syrie, Alexandre del Valle nous en donne les raisons.

 

[INTERVIEW DEL VALLE]

 

L’actualité en bref

 

Réunion entre Paris, Moscou, Berlin et Kiev ! Lundi, les présidents français, russe, ukrainien et la chancelière allemande se sont entretenus au téléphone. Malgré la continuité des affrontements dans l’est ukrainien, les chefs d’Etat et de gouvernement ont rappelé l’absolue nécessité de respecter les accords de Minsk et Minsk 2. Ils prévoient un cessez le feu immédiat entre les rebelles et le gouvernement ukrainien. La réunion téléphonique a ensuite abordé la question du désengagement des forces et de la libération d’éventuels prisonniers.

 

Après le scandale Agnès Saal, celui de Mathieu Gallet ! Dans un rapport consacré à la gestion de l’INA entre 2007 et 2014, la Cour des comptes pointe le train de vie de l’actuel président de Radio France, Mathieu Gallet. Hôtels de luxe pour 660 euros la nuit ou restaurants étoilés pour 614 euros de repas, les notes de frais s’allongent ! Sur la période 2012-2014, le président de Radio France s’est fait rembourser 60 000 euros de frais de réceptions soit une moyenne de plus de 2 300 euros par mois. Des remboursements pourtant bien validés par quelqu’un…

 

Un engin explosif à un arrêt de bus en Pologne. Le 19 mai, une bombe artisanale a explosé quelques secondes après que le chauffeur l’a évacué de son véhicule. L’engin contenait de l’explosif et des clous. Une personne a été blessée. Des témoins affirment avoir vu un homme caché sous une capuche déposer le colis. La police polonaise n’exclut aucune hypothèse quant à l’origine de cet attentat qui aurait pu faire plus de victimes.

 

Le secrétaire d’Etat chargé de la biodiversité ouvre la chasse ! Lundi, Barbara Pompili a été accueillie à l’étang du Gabriau dans la Brenne au son du fusil. Non pas pour lui rendre hommage mais pour lutter contre les cormorans. En effet, le syndicat de pisciculture lutte corps et âmes contre ces oiseaux pêcheurs, friands de poisson ! Ils en mangent près de 500g par jours ! La solution réside dans la mise en place de filets mais ceux ci sont jugés trop coûteux. Le secrétaire d’Etat a donc autorisé la chasse au cormoran. Près de 4 000 cormorans ont donc pu être abattus. Une manière étonnante de concevoir la biodiversité, toutefois, la mesure suit les pas de Ségolène Royal, ministre de l’écologie, qui a autorisé en janvier 2016 la chasse au loup pour protéger les troupeaux de moutons en manque de bergers.

 

C’est la fin de notre édition ! Dans un instant, notre “Zoom” du jour. Marc Lagrange est chirurgien à la retraite. Après plusieurs décennies de pratique, Marc Lagrange nous dresse un portrait sans concession du système de santé français dans son ouvrage “Médecine : de la dérive au chaos”. Entre numerus clausus et médecins usurpateurs venus de l’étranger, l’ancien homme de terrain nous livre sa critique dans un langage fleuri et imagé… Comme l’auteur le dit si bien, écoutez ou lisez-le, ça va saigner !

 

[VIDEO]

 

Et ce soir, retrouvez “Passé-Présent”. Catherine Gourin et Philippe Conrad évoqueront le mythe de Jeanne d’Arc et l’histoire des quintuplés Dionne. Francis Bergeron reviendra ensuite sur la figure de Léon Degrelle.

 

Tout de suite, ne zappez pas et suivez la chronique d’Hervé Juvin. Quant à nous, on se retrouve demain. Merci de votre fidélité, bonsoir !

 

 

 

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.