par François Stecher, correspondant de Polémia à Hambourg.
(La Lettre d’Allemagne — N°14, mai 2016, POLÉMIA)
Pour la première fois un parti populiste est en passe d’emporter une élection nationale majeure en Europe de l’Ouest. Norbert Hofer domine de très loin l’élection présidentielle autrichienne dont le deuxième tour aura lieu le dimanche 22 mai. Cette performance électorale s’explique, bien sûr, par la mise au premier plan des problèmes migratoires – mais pas seulement. Norbert Hofer allie fermeté dans les convictions et élégance dans la présentation. La ligne du FPÖ est identitaire et considère l’Autriche comme une composante de la « communauté de langue, de peuple et de culture allemande ». Le FPÖ est aussi national conservateur. Enfin, même s’il est ouvertement hostile aux débordements idéologiques de Bruxelles et attaché à la subsidiarité, le FPÖ reste un parti de sensibilité européenne. Un tel cocktail pourrait conduire à la victoire.
Le dimanche 24 avril, Norbert Hofer, 45 ans, candidat de la « Freiheitliche Partei Österreichs » (FPÖ) a remporté haut la main le premier tour de l’élection présidentielle autrichienne avec 35,1% des voix, laissant loin derrière ses deux concurrents immédiats, l’écologiste (ex-SPÖ) Alexander van der Bellen, 72 ans, à 21,3%, et la non-inscrite Irmgard Griss, 69 ans, à 18,9%. Les deux candidats des partis « de gouvernement », le socialiste Rudolf Hundstorfer (SPÖ), 64 ans, et le conservateur Andreas Khol (ÖVP), 74 ans, n’ont quant à eux rassemblé sur leur nom que 11,3% et 11,1% respectivement : à deux, ils dépassent à peine la barre des 20%, soit à peu près ce que les deux partis laissaient jusque-là – et ce depuis 1945 – en partage à leurs adversaires…
Norbert Hofer est un candidat jeune : près de vingt ans le séparent du candidat socialiste à ce 1er tour, vingt-sept ans de son adversaire du 2e tour. Il se jugeait lui-même trop jeune pour cette élection. Heinz-Christian Strache, patron du FPÖ, a dû le convaincre d’y aller. Ce fut, dans cette élection, visiblement un atout. Issu d’un milieu social assez aisé, bourgeois et modéré, c’est un homme souriant et avenant, beaucoup moins provocateur que Strache, mais tout aussi ferme sur ses convictions : il est, de fait, le rédacteur du programme du parti présenté en juin 2011. Ingénieur aéronautique de profession, il était également amateur de sports aériens jusqu’à ce qu’un assez grave accident de parapente, en 2003, le détourne de ces activités. Il en a gardé l’usage forcé de la canne, instrument qui lui attire aussi quelques sympathies.
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