Extraits d'une tribune de Philippe Bilger qui revient sur les propos tenus par Marion Maréchal Le Pen (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Marion Maréchal Le Pen, en se revendiquant républicaine contre ceux rares qui rêvent de la restauration de la royauté en France, avait déjà affirmé "ne pas comprendre cette obsession pour la République" (Charles) en soulignant cette évidence pourtant aujourd'hui si provocatrice que la France n'était pas née en 1789 et qu'elle avait eu une histoire avant la révolution. A ce sujet je ne peux m'empêcher de songer à la saillie de Raymond Radiguet qui se plaignait d'avoir mal à la tête depuis 1789. Marion Maréchal Le Pen a renchéri en confessant qu'elle appartenait "à une génération un peu saoulée par les valeurs de la République. qu'on nous sert en permanence et dont on ne sait pas ce qu'elle recouvre, ce qui évite d'aller sur le fond des idées.
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Philippe Bilger : Je ne confonds pas la Ve République, qui est un régime politique, avec la France". Immédiatement la machine à dénigrement s'est mise en branle puisque même un frontiste membre du cabinet de Marine Le Pen a éprouvé le besoin de rappeler - comme un avertissement - que "le lien entre la Nation et la République constitue l'axe central autour duquel s'articule la puissance française". [Il s'agit de Eric Domard sur son compte twitter, dont les termes ont été repris presque littéralement dans le communiqué que Marion Maréchal Le Pen a été contrainte de publier].
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Philippe Bilger : S'affichant républicaine, Marion Maréchal Le Pen ne semble pas en désaccord avec cette banalité superbe et rassurante mais il n'empêche qu'on comprend parfaitement ce qu'elle veut signifier quand elle dénonce l'usage abusif du terme "République", qui sert à masquer les béances et les vides, à pallier les infirmités et à offrir un cadre solennel et superficiellement démocratique à des inconsistances ou à des poncifs. Cette manière de colmater les brèches de l'intelligence avec la répétition lancinante de "République" en définitive dégrade l'Histoire et affadit le respect. Elle est foulée aux pieds à force d'être nommée pour rien et à tout coup.
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Philippe Bilger : N'étant nostalgique d'aucun autre régime, partageant totalement le trait de Winston Churchill sur sa définition de la démocratie, heureux d'être et de vivre dans cette République française, j'ose cependant confirmer une forme de saturation devant tant de "République" sans cesse invoquées qui n'ont rien à voir les unes avec les autres et qui, paradoxalement, malgré l'unité qu'on espère de ce magnifique et historique concept, divisent plus notre pays qu'elles ne le rassemblent - les grandes fusions républicaines étant toujours suivies par des lendemains qui déchantent, ajoute Philippe Bilger (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Michel Garroté
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http://www.philippebilger.com/blog/2016/04/de-dalton-trumbo-%C3%A0-marion-mar%C3%A9chal-le-pen.html
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Marion Maréchal Le Pen – Seuls les idiots n’ont pas compris
![](https://lesobservateurs.ch/wp-content/uploads/2016/04/MMLP-41-448x293.jpg)
République, Bourbon, Bonaparte : c’est tout un. Il s’agit simplement de la gueule que prend, historiquement, la délégation du pouvoir. J’entends : de ce pouvoir dont chacun d’entre nous est la source. Nous avons nos tâches, nous ne pouvons pas tout faire, et donc nous déléguons à quelqu’un le soin de veiller au salut de l’empire. La république n’est donc qu’une forme de la délégation, où non point le “kratos” (le pouvoir) mais seulement “l’archê” (le principe de repérage) est en cause.
Il n’est pas douteux que la république, avec sa manie de changer de repère tous les cinq ans (avant, c’était sept) est mal placée pour incarner la pérennité de la nation. Mais là n’est pas la question. Les “républicains” de tout poil ont confondu, justement, l’archê et le kratos et ont attribué à la république des “valeurs” auxquelles elle ne peut prétendre plus que l’une ou l’autre des deux autres formes de délégation. Notamment, ils font la confusion entre “république” et “démocratie” : l’expérience que nous faisons jour après jour montre combien cette confusion est insane, puisque cette république-là, la hollandienne comme avant les mitterrandienne, chiraquienne, sarkozienne, est exactement à l’opposé de la démocratie. Car il n’est de démocratie que du peuple, donc directe. Une royauté et même un empire peuvent être plus “démocratiques” que la république.
Marion a parfaitement RAISON d’être agacée par toutes les protestations officielles et hypocrites de républicanisme et de se dire d’une génération “un peu saoulée par les valeurs de la République. qu’on nous sert en permanence et dont on ne sait pas ce qu’elle recouvre, ce qui évite d’aller sur le fond des idées.” Évidemment, une saillie aussi clairvoyante ne saurait plaire à Tante Marine et à Tonton Florian qui veulent rester républicainement corrects tellement ils veulent se dédiaboliser. Tant qu’on agit en contre-dépendance de l’adversaire, on ne fait pas un seul pas en avant , mâme Marine !
La république ? Mais je n’en fiche ! Si elle avait pu prouver qu’elle n’était pas une “femme sans tête” comme le lui reprochait Maurras, je l’aimerais. Mais elle n’a rien fait pour être aimée, elle ne fait qu’entretenir des danseuses et des prébendiers.