Vienne a pris des mesures fermes: fermeture des frontières, déploiement de l’armée, quotas quotidiens de migrants. Cette réaction forte de la part des autorités autrichiennes – le gouvernement en place est composé d’une coalition comportant des membres de l’ÖVP (conservateurs libéraux modérés) et des socialistes – remet en question toute la logique de l’Espace Schengen et des accords de Dublin, déjà mis en veille l’année passée.
La quotidien français «Le Figaro» écrivait le 21 janvier dernier : « Le constat s'impose. Neuf mois après le premier sommet «de crise» sur les réfugiés, les vingt-huit capitales n'ont accouché d'aucune solution viable […] Manuel Valls s'inquiète d'un danger de «dislocation [ de l’UE] dans les mois qui viennent». Schengen est mort, mais l’UE refuse de l’admettre, car ceci remettrait en question toute la construction européenne.
Plus rapides qu’Ueli Steck, les chefs d’Etats européens courent de sommet de crise en sommet de crise. Les mesures discutées lors de ces sommets ne sont pas mises en place. Sur les 160'000 réfugiés qui devaient être répartis, seuls 500 (0.32%) se sont réellement vu attribuer une place. L’Europe est divisée. Entre les Etats de l’Est refusant d’accueillir les migrants et l’Allemagne ouvrant grand ses portes il y a un gouffre insurmontable.
Toute la question est de savoir ce que va faire l’UE face au phénomène migratoire. Aucune demande formelle de renoncer à Schengen/Dublin n’a été formulée. Le risque que l’UE profite de la crise migratoire et de l’insécurité croissante qui y est lié pour renforcer ses outils de surveillance est bien réel.
Le SIS : une créature obscure de l’espace Schengen
Petit rappel : en décembre 2006, l’Union européenne – ou plus précisément les Etats membres de l’espace Schengen (dont fait partie la Suisse) mettent en place la nouvelle génération du système d’information Schengen (SIS), le SIS II. Cette version remplace la première mouture du SIS, datant de 1995.
Il s’agit de la mise en place d’une gigantesque base de données informatisée qui fait suite à l’ouverture des frontières entre les Etats membres de l’espace Schengen. La libre circulation des personnes ayant entrainé la fin des contrôles douaniers systématiques, l’idée est venue de remplacer les barrières physiques d’antan par un contrôle beaucoup moins visible avec la constitution d’un fichier informatique destiné à établir, pour tout l’espace Schengen un profil des personnes et de certains objets.
À l'origine, le SIS était un simple système d'information: en cas de contrôle d'identité, le policier (gendarme, douanier, etc.) rentrait l'état civil de la personne dans le fichier Schengen, et celui-ci lui disait si cette personne était recherchée ou non, et quelle était l'action appropriée (arrestation, etc.). Toute autre information devait transiter par les bureaux SIRENE, chargés du fichier à l'échelon national.
En décembre 2006, le SIS II remplace la première version du système. La nouvelle version comporte trois modifications importantes :
- Les données recueillies sont élargies, grâce aux nouveaux passeports biométriques. A présent, des photos et des empreintes digitales sont enregistrées dans la base de données. De plus, les moyens de paiements, les certificats d’immatriculation et les titres de séjours y sont aussi référencés.
- L’obligation de participer est inscrite dans le règlement de l’UE relatif au SIS II. Tous les nouveaux Etats adhérents à l’UE doivent désormais reprendre automatiquement le SIS II. Seuls les Etats ayant par le passé refusé la participation (Royaume-Uni, Irlande) ou opté pour une participation « à la carte » (Danemark) ont obtenu le droit de rester à l’écart.
- L’utilisation du réseau SIS a été élargie à de nombreuses autorités nationales et internationales.
Le SIS II est donc l’aboutissement de la construction d’une prison digitale européenne, dans laquelle tous les citoyens seront fichés au nom de la liberté de mouvement. En réalité, derrière le SIS II se cache un monstre, un géant digitalisé, tenant en laisse les citoyens de l’UE – tout le contraire de la liberté que nous vendent les chantres de l’ouverture des frontières.
Avec la crise migratoire, tout le système Schengen a été ébranlé et mis en anesthésie générale. De plus en plus d’Etats ont repris en main le contrôle de leurs frontières. Mais il est erroné et dangereux de croire que cette crise signifie automatiquement la fin de tout le système Schengen. Personne en Europe n’a remis en question le SIS. Au contraire, suite à la pression migratoire et aux attentats de Paris, la surenchère sécuritaire est plutôt favorable au développement de la surveillance informatisée des européens.
Le développement des technologies et l’abandon continuel de la politique de sécurité par les Etats au profit des institutions européennes nourrissent ce monstre qu’est le SIS. Méfions-nous de Schengen ! Il est temps pour la Suisse de se libérer des griffes de cette créature!
Albert Leimgruber, 19 février 2016
Rédacteur en chef Voix Libre
Imaginez une seule seconde ce qu’il adviendrait de la Suisse, si elle supprimait ses gardes-frontières. Les accords de Schengen, une chance pour la Suisse?
https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-60732.html
Occasion RARE ce soir : possibilité d’interpeller François Hollande en direct sur France inter , émission à partir de 18h00.alors c’est sûr, il faudra donner son numéro de tel et filtrer le standard avec une question à la con pour avoir le direct, et là. ……à vos téléphones !!!!