Médias. L’affaire Giroud-vins (suite). Dominique Giroud : la presse s’en[m]mêle. A dessein ?

 

Mardi 20 janvier 2015. A peine l’arrêt du Tribunal fédéral du 11 janvier 2015 remis aux parties que les médias se précipitaient déjà pour en dévoiler la substance. Une substance largement biaisée par la presse, friande de ronger encore cet os qui les nourrit depuis plus de deux ans.

 

C’est d’abord le télétexte, filiale de la RTS, qui a ouvert les feux à 12h23. Un premier article manifestement trompeur scandait ainsi :

 

«  VS : « Château Constellation » interdit.

Née des cendres de Giroud Vins, la société Château Constellation ne peut pas utiliser sa nouvelle enseigne pour les vins qu’elle commercialise. Le Tribunal fédéral (TF) confirme un véto des autorités cantonales valaisannes […].

 

Bien conscient de son caractère hautement trompeur, ce texte était rapidement modifié à 13h21… sans pour autant en supprimer les erreurs:

 

«  VS : « Château Constellation » interdit.

L’encaveur valaisan Dominique Giroud est une nouvelle fois débouté par la justice. Le Tribunal fédéral lui refuse définitivement l’appellation « Château » pour les vins de sa Cave des Combins. Cette décision arrive cependant un peu tard : aujourd’hui, la Cave des Combins ne commercialise plus de vins mais exploite des domaines viticoles […] ».

 

Suite aux réactions par communiqué de la Cave des Combins SA et de la société Château Constellation SA du 20 janvier 2016, l’article était une nouvelle fois modifié en fin de journée à 17h13 pour refléter cette fois la réalité dans son titre :

 

« Vins valaisans : nom « Château » interdit […] ».

 

Le mal était déjà fait. La première version de l’article avait rapidement été imitée par les quotidiens du groupe Tamedia et Le Nouvelliste :

 

« L’étiquette « Château Constellation » retoquée » titraient ainsi 24heures, la Tribune de Genève et le Matin. « Véto définitif à l’étiquette « Château Constellation » » pour le Nouvelliste.

 

La RTS n’était pas en reste puisqu’elle annonçait à tort que la société Cave des Combins SA ne commercialisait plus de vins.

 

L’ensemble de la presse se délectait enfin à reprendre les expressions maladroites et cyniques du Tribunal fédéral qui, enfilant son costume d’expert en architecture, a qualifié la tour de la cave de « cylindre d’architecture contemporaine » et la cave elle-même de « grand entrepôt ».

 

Par communiqué du 20 janvier 2015, la Cave des Combins SA et la société Château Constellation SA  ont pointé du doigt le caractère « erroné, mensonger et volontairement ou involontairement confus » de tous ces articles:

 

« La simple lecture de la page de couverture de l’arrêt du Tribunal fédéral permet de comprendre que ce litige concerne uniquement la Cave des Combins SA. La société Château Constellation SA citée dans votre article est parfaitement étrangère à cette affaire. Il n’y est d’ailleurs jamais fait référence dans les 15 pages de motivation de cet arrêt.

 

[…], la représentation factuelle est tronquée. Il n’existe aucun lien entre la raison sociale qui concerne Château Constellation SA et l’appellation « Château » dont l’usage a été sollicité par Cave des Combins SA pour ses vins.

 

La simple lecture des extraits du Registre du commerce accessibles en ligne permet d’établir que Monsieur Dominique Giroud n’est pas et n’a jamais été administrateur ou directeur de la société Château Constellation SA.

 

Dans un arrêt publié le 3 septembre 2014, le Tribunal fédéral a, de manière définitive et irrévocable, établi le droit pour la société Château Constellation SA d’utiliser sa raison de commerce en dépit du recours déposé par le Chimiste cantonal du canton du Valais. Il s’agit là d’une problématique parfaitement distincte de celle de l’appellation viticole « Château », qui de surcroît concerne une autre entité juridique tierce. »

 

Aujourd’hui, si certains médias ont eu la décence de corriger leur texte, il n’en demeure pas moins que d’autres, en particulier ceux du groupe Tamedia, se refusent encore à le faire au gré d’une parade grotesque. Ainsi, le service juridique du groupe indique « pour information, l’article a été rédigé par un journaliste de l’ATS (Agence télégraphique suisse) qui a hier soir procédé à certaines modifications de l’article. Nous ne comprenons dès lors pas pourquoi l’article reste contraire à la vérité. Je vous invite à contacter l’ATS pour leur faire part des erreurs que vous mentionnez. De cette manière, le journaliste de l’AFP (sic !) pourra corriger si besoin l’article en question, qui sera ensuite corrigé dans tous les journaux de suisse qui ont repris cette dépêche ».

 

Il est heureux de constater que Tamedia, au titre de diffuseur principal en Suisse romande, n’a que faire de ses obligations déontologiques et se plaît à résumer ses investigations journalistiques à un simple copier-coller des articles de l’ATS.

 

Tout cela au moment où la Weltwoche, dans un article du 21 janvier 2016, pointe du doigt les pratiques particulièrement choquantes, virulentes et injustifiées des médias romands dans toute cette affaire. (NDLR. La traduction française de ce remarquable article de la Weltwoche sera publiée sous peu par Lesobservateurs.ch)

 

Si des excuses ont été requises, aucune n’a été formulée à l’exception notoire de l’ATS. Choquant ! Une fois encore !

La rédaction, jeudi 21 janvier 2016

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