L’idéologie du réchauffement, de Rémy Prud’homme

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

"Le suffixe "isme" a une acception restrictive: il accentue le vouloir, aux dépens de la substance." (Ernst Jünger, Eumeswil)

Un de mes professeurs à l'école nous demandait de nous méfier des mots comprenant ce suffixe, mais il faut bien dire qu'il est incontournable pour désigner les idéologies qui ne font pas dans la nuance, tels que le communisme, le nazisme et, tout dernièrement, sur un mode mineur, le réchauffisme.

 

Rémy Prud'homme, dans L'idéologie du réchauffement, donne l'étymologie de ce néologisme commode: "Le mot, qui n'est pas bien joli, est un mot-valise, qui contracte réchauffement et alarmisme."

Le réchauffisme, poursuit l'auteur, est une idéologie dans le sens que lui donnait Hannah Arendt en parlant de "ces 'ismes' qui, à la grande satisfaction de leurs partisans, peuvent expliquer jusqu'au moindre événement en le déduisant d'une seule prémisse."

 

Selon la même Hannah Arendt, ce qui caractérise une idéologie c'est donc:

- une seule prémisse: en l'occurence "les rejets de gaz à effet de serre causés par l'homme entraînent un dramatique réchauffement de la planète"

mais aussi:

- la prétention à être une science, qui plus est unique, irréfutable, définitive: le débat est clos en matière de climat...

- l'étatisme: le réchauffisme est adopté par la plupart des États du monde développé et par "cet d'embryon d'État universel qu'est l'ONU"

- la nécessité de révolutions préventives pour que les prédictions apocalyptiques inhérentes à l'idéologie ne se réalisent pas: il faut tout faire pour "sauver la planète"

- le succès populaire: les gouvernements de la plupart des pays riches sont réchauffistes, de même que nombre d'ONG (Greenpeace, Friends of the Earth, WWF ou Climate Action Network), de même que nombre d'électeurs qui votent pour les partis verts, réchauffistes bon teint.

 

Comme toute religion ou idéologie, le réchauffisme a son catéchisme, qui revêt un caractère officiel, qui fixe la doctrine, qui a pour but de la répandre, qui se présente sous une forme brève, simple, frappante, et dont les versions dérivées sont dûment contrôlées.

 

La bible du réchauffisme est le rapport périodique (il en est à sa cinquième version) du GIEC (Groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), ou Assessment Report, dont sont tirés un rapport de synthèse, ou Synthesis Report, et un résumé pour les décideurs, ou Summary for Policymakers. C'est ce dernier document, simplifié, qui est le catéchisme du réchauffisme.

 

Le contenu de ce catéchisme peut lui-même se résumer par une boucle logique:

Activités humaines > CO2 croissant > Réchauffement inéluctable > Conséquences dramatiques > Politiques drastiques > Activités humaines

 

Ce catéchisme trouve dans les médias sa caisse de résonance: "Le discours des médias reflète ou amplifie la version officielle du catéchisme. Il est une forme constitutive de ce catéchisme - peut-être plus importante encore que la version officielle car elle touche un public bien plus large."

 

Les gardiens du temple du réchauffisme sont:

- des organisations internationales: l'ONU et ses créatures, le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'environnement); l'OMM (Organisation météorologique mondiale) et le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), qui ont créé conjointement le GIEC; la CCNUCC (Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques), qui est l'organisatrice des COP, dont la dernière vient de se tenir à Paris

- des politiques, tels que, à l'origine, Olaf Palme, Al Gore et, nobody is perfect, Margaret Thatcher...

- des chercheurs, qui, à l'origine, sont des géographes, des historiens, des météorologues, la climatologie étant encore aujourd'hui une science embryonnaire: "Personne ne peut prétendre dire qui est, et qui n'est pas "climatologue""

(Rémy Prud'homme distingue les chercheurs institutionnels des chercheurs universitaires: "La recherche institutionnelle est en effet plus hiérarchique, plus orientée, plus unanime que la recherche universitaire")

- des ONG (voir plus haut), puissantes et riches, invitées formellement aux COP

- des médias (la plus grande majorité)

- des églises, telles que l'Église catholique, avec le pape François et son encyclique Laudato Si.

 

Face à ce Goliath, il existe quelques David. Rémy Prud'homme évoque:

- la GWPF (Global Warming Policy Foundation)

- l'AFCO ( Association francophone des climato-optimistes)

- des sites et des blogs très nombreux... dont il donne en fin d'ouvrage quelques adresses Internet.

 

L'idéologie et les faits

 

Rémy Prud'homme confronte la thèse réchauffiste, qui repose sur trois piliers (augmentation des rejets de CO2, hausse des températures au XXe siècle, théorie de l'effet de serre) aux données disponibles. Et il constate que trois faits s'accordent mal avec elle

- "dans la période préindustrielle, lorsque l'homme rejetait peu ou pas de CO2, la terre a connu des températures aussi ou plus élevées que celles que nous connaissons aujourd'hui"

- "durant la période 1850-2000 la corrélation CO2 - température est très imparfaite"

- "depuis 18 ans, la température a cessé d'augmenter".

Il développe ces trois faits qui, comme il le souligne lui-même, n'ont rien d'original. Ce qui est original c'est qu'il le fait avec beaucoup de pédagogie pour le lecteur lambda (ses qualités de pédagogue s'étendent à l'ensemble de son livre).

 

Il dédramatise les conséquences d'un réchauffement somme toute minime (moins d'un degré Celsius) au XXe siècle:

- les glaciers terrestres commencent à fondre dès le milieu du XIXe siècle, c'est-à-dire bien avant l'augmentation des concentrations de CO2

- la superficie de la banquise arctique diminue tandis que celle de la banquise antarctique augmente: "La somme des deux est à peu près constante."

- l'évolution du niveau des mers est minime, de l'ordre de 4cm de 1990 à 2015: "La hausse mesurée du niveau des mers peut aussi bien provenir d'un abaissement du continent que d'une élévation de la mer."

- les précipitations sont stables d'après les relevés effectués lors des trois dernières décennies dans 7 stations européennes

- les inondations: aucune des inondations les plus mortelles recensées n'a eu lieu au cours des trente dernières années

- les événements extrêmes: les tremblements de terre, tsunamis et éruptions volcaniques n'ont rien à voir avec le réchauffement; quant aux tempêtes ou tornades, les données chiffrées n'indiquent pas d'augmentation sur la période des trente dernières années.

 

Il souligne les bienfaits du CO2 sur la production agricole. Et montre, autant de bonnes nouvelles, chiffres officiels à l'appui, que :

- le réchauffement n'est pas aggravé dans les pays pauvres

- la responsabilité des pays riches dans les rejets cumulés de gaz à effet de serre, sur la période de 1850 à 2000, est sujette à caution: selon l'Agence Hollandaise d'Évaluation de l'Environnement, "les pays de l'OCDE sont responsables de seulement 46% de ce stock de gaz à effet de serre, contre 54% pour les pays hors OCDE"

- dans tous les domaines (la mortalité infantile, l'accès à l'eau propre, la sous-alimentation, le SIDA, la tuberculose) la situation des pays pauvres s'est améliorée au cours des années 1990 à 2012...

- les réfugiés climatiques n'existent tout simplement pas à l'heure actuelle: "La principale cause de déracinement est politique: guerres civiles, persécutions, conflits ethniques ou religieux, violence, violation des droits de l'homme."

 

Les faits têtus et les chimères

 

En admettant que les réchauffistes aient raison, les économistes, selon Rémy Prud'homme parviendraient aux conclusions suivantes:

- l'intervention publique se justifierait (parce que le marché seul ne permettrait pas d'inciter les acteurs économiques à réduire d'eux-mêmes les rejets de CO2...)

- les dépenses à engager pour réduire les dommages du réchauffement seraient inversement proportionnelles à la température (donc aux rejets de CO2), d'où la détermination d'un objectif optimal de température (selon William Nordhaus: entre 2,5°C si une politique universelle est menée et 4°C si elle ne l'est pas...)

- le CO2 devrait avoir un prix afin d'inciter les acteurs à réduire leurs rejets afin de réduire la taxe à payer (les économistes ne s'accordent toutefois pas sur son montant et son uniformité dans le temps et dans l'espace...)

- l'incidence sociale serait très fortement régressive (les biens les plus carbonés pèsent plus lourds dans le budget des pauvres que dans celui des riches, du moins dans les pays développés).

 

Pour les réchauffistes la question se pose de manière plus simple: il n'y a qu'à limiter, il faut qu'on limite les rejets de CO2 de telle manière que la concentration ne dépasse pas une limite, par exemple 550 ppm pour une température limite de 2°C. Comment? Élémentaire: en réduisant les rejets de 40 à 70% d'ici 2050...

Rémy Prud'homme s'est livré à cet exercice en prenant pour hypothèse une réduction intermédiaire de 50% des rejets et il montre que ces réductions massives sont une chimère et que les pays de l'OCDE et les autres ne seraient pas logés à la même enseigne. Il le fait en utilisant la notion de productivité du CO2 (PIB rapporté au CO2 émis):

"La politique réchauffiste implique que cette productivité, qui augmentait hier à 1,4% ou 1,7% par an [1990-2012], augmente demain [2012-2025 ou 2050] à des taux de 5 à 8%."

 

Les aides aux pays pauvres par les pays riches sont humiliantes pour les premiers. Mais, selon les réchauffistes (le livre est écrit avant la COP21), ce serait le prix à payer pour obtenir d'eux qu'ils signent l'accord de la COP de Paris, d'autant que, même si les rejets des pays riches sont aujourd'hui moindres que ceux des pays pauvres, ceux-là ont tellement répété qu'ils étaient responsables des dommages considérables causés à ceux-ci qu'ils peuvent bien maintenant passer à la caisse...

 

Rémy Prud'homme montre également que vouloir produire de l'électricité sans rejets de CO2 est une autre chimère. Il reprend d'une manière différente, mais convergente, les arguments employés par Christian Gerondeau, dans Climat: j'accuse. Quant à la croissance verte, l'auteur montre qu'elle a un coût et que ce coût n'est ni nul ni négatif (la baisse des niveaux de vie va de pair avec cette prétendue croissance) et que c'est donc une chimère de plus de prétendre qu'il est possible d'avoir à la fois le beurre et l'argent du beurre.

 

La tentation totalitaire

 

"Hors de la fin des rejets de CO2 , point de salut! Dès lors répandre cette vérité, dessiller les yeux des non croyants, les obliger à bien se comporter, est un devoir, un impératif moral. L'enjeu, sauver le monde, est si grand qu'il justifie à peu près tous les moyens."

 

La propagande réchauffiste a, comme vu plus haut, plein de relais: les États, les ONG, les médias, les églises etc.

Comme toute propagande politique:

- elle a un ennemi unique: "Le CO2 engendre le réchauffement qui engendre des catastrophes."

- elle grossit et défigure des faits, choisit ceux qui vont dans le sens de sa thèse et ignore les autres

- elle répète indéfiniment les mêmes slogans, toujours et partout: c'est la faute au réchauffement, il ne faut pas dépasser les 2°C d'augmentation de température etc...

- elle fait indirectement référence aux mythes bibliques: "L'homme pèche, il détruit la nature, celle-ci (ou Dieu) se venge, seul un comportement vertueux et pénible du coupable pourra assumer sa rédemption."

- elle utilise la pression conformiste du groupe sur l'individu: il y a consensus des scientifiques, 80% des Français pensent que le réchauffement climatique est dû à l'activité humaine etc.

Et les résultats de cette propagande sont là, comme le reflètent les sondages sur le sujet.

 

Mais cela ne suffit pas. Il faut endoctriner les hommes dès le plus jeune âge. A cette fin, en France:

- des milliers de fonctionnaires de l'Éducation nationale sont mobilisés pour passer le rouleau compresseur

- parmi eux, combien de climatologues? cela n'a aucune d'importance puisqu'"il s'agit d'inculquer des croyances, non pas répandre des connaissances"

- les manuels scolaires disent que le mal ce sont les énergies fossiles et le bien les énergies renouvelables: ce qui n'est pas tout faux mais singulièrement réducteur (l'auteur a relevé des sottises telles que celles-ci: l'éolien est "économiquement bien placé", "l'énergie solaire est gratuite"...)

 

Comme leur thèse ne repose que sur une seule prémisse, bien fragile, les réchauffistes ne supportent pas la contradiction: on est avec eux ou contre eux. Et, si on est contre eux, on encourt le discrédit: on est un ennemi, un vendu, un ignorant (comme Claude Allègre ou Richard Lindzen); l'injure: on est au mieux un parano, un menteur, un idiot, un clown (comme Vincent Courtillot), au pire un négationniste, un criminel contre l'humanité; les menaces: ainsi Claude Allègre et Vincent Courtillot ont-ils fait l'objet d'une demande de punition de la part de 600 climatologues; Lennart Bengstsson a-t-il été contraint de démissionner de la GWPF...

Enfin il y a l'arrogance des pays riches, qui savent ce qui est bon pour les pays pauvres, qui veulent leur imposer leurs vues et les corrompre pour qu'ils se taisent...

 

En conclusion

 

Rémy Prud'homme, qui porte bien son nom (qui n'a pas seulement une signification judiciaire mais veut dire homme preux), propose:

- de mettre à profit la pause de température des 18 dernières années pour prendre le temps de l'analyse et de la réflexion

- de multiplier les études et les analyses "pour essayer de réduire les incertitudes considérables qui subsistent sur les causes, les mécanismes, les interactions, les responsabilités, le champ des actions"

- d'intensifier les recherches sur les technologies envisageables si le problème du carbone a vraiment besoin d'être résolu (capture et stockage du carbone, stockage de l'électricité, matériaux pour améliorer la productivité en énergie, réduction de la consommation de carburant des véhicules etc.)

- d'introduire une modeste taxe carbone "si l'on tient absolument à payer une prime d'assurance pour se protéger d'un éventuel désastre", mais à condition qu'elle se substitue et ne s'ajoute pas à des taxes existantes...

 

Il termine son livre en évoquant Cervantes dont le Don Quichotte est l'archétype de l'idéologue: "Don Quichotte n'est pas antipathique, et pas sot, mais il est emporté, ravi à lui-même, par son idéologie comme par une maladie." et il conclut:

 

"Dans sa tombe où il se retourne depuis tout juste 400 ans, il doit bien rire en voyant ceux qui se flattent de prendre son Don Quichotte comme modèle."

 

Francis Richard

 

Publication commune Lesobservateurs.ch et Le blog de Francis Richard

 

L'idéologie du réchauffement - Science molle et doctrine dure, Rémy Prud'homme, 288 pages, L'Artilleur

3 commentaires

  1. Posté par waterman le

    Qu’est-ce qui se passe au nord qui soit-disant se réchauffe ? Tout simplement la conséquence de la surpopulation. Et si toute la planète rapplique en Europe à coup de millions d’individus comme en Allemagne cette année, c’est chaque fois 70’000 tonnes qui viennent déséquilibrer le globle terrestre et il n’est pas certain que la rotation de la terre permette tout les fantaisies en matière migratoire. C’est un peu le mécanisme des migrants noyés qui passent à la flotte parce qu’ils se penchent tous du même côté de leur rafiot. Les futurs réfugiés climatiques pourraient bien être nous !

    Mais les changement préhistoriques des axes des pôles sont démontrés par les carottes extraites au Spitzberg. Ils nous imposent l’existence d’une flore équatoriale en plein nord, bien avant l’automobile, l’industrialisation et la surpopulation. Donc oui, l’axe terrestre peut se modifie rien qu’avec des manifestations totalement naturelles comme les volcans terrestres ou sous-marins. Et le reste sous-tend l’existence d’ un business de la peur qui n’avoue pas son nom, sous prétexte bidon d’écologie et de taxes en tout genres.

    La glace fond ? Quoi de plus normal quand on sait que les centraux de serveurs informatiques préfèrent les régions du grand nord et de la Baltique pour refroidir les systèmes à vil coût, tout en réchauffant petit à petit des eaux considérées comme froides, donc devenue lucratives mais déséquilibrantes au niveau faune et flore. Et ne parlons pas d’une perspective possible de déchets nucléaires clandestins qui se réveillent et s’échauffent.

    La vraie question est: est-il acceptable qu’on continue de nous imposer une natalité pléthorique dont la surpopulation mène à l’esclavage et aux restrictions de toutes les libertés, alors que les progrès techniques et scientifiques depuis au moins 20 ans permettent de s’extraire de cette machine infernale pour le plus grand bien de l’humanité et de la planète ? Seuls des fascistes avides de pouvoirs imposés par le sang peuvent prétendre le contraire et continuer d’imposer la natalité pour nourrir de futures guerres.

  2. Posté par Ephraim le

    Ne pas se tromper de combat. La décroissance démographique et économique est parfaitement en accord avec la défense du patrimoine et des traditions.

    db

  3. Posté par Ephraim le

    Et l’extinction des espèces animales et végétales, c’est du pipeau aussi ?

    db

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.