Les relations entre la Turquie et la Russie entrent en phase de turbulences
Suite à l’attaque de l’avion russe par la Turquie, le président Vladimir Poutine a choisi la rétorsion économique. Plusieurs organisations turques seront désormais interdites en Russie, de même que l’emploi de citoyens turcs dans les entreprises russes à partir du 1er janvier 2016. Les vols charters entre les deux pays sont, par ailleurs, désormais interdits, ainsi que la vente de séjours touristiques en Turquie par les agences de voyages russes. Le régime sans visas actuel va, lui aussi être annulé. Enfin, de nombreux produits turcs seront interdis d’entrée sur le territoire.
Mais que cache cette soudaine action belliqueuse de la Turquie ?
La position turque est ambigüe : bien qu’ayant réagi de façon extrêmement excessive en abattant l’avion russe, les déclarations d’apaisement fusent depuis Ankara. La Turquie cherche simplement, comme l’a relevé le président de la République tchèque, à « montrer ses muscles » à la Russie et aux alliés occidentaux. En effet, il apparaît désormais clairement que la Turquie finance l’Etat islamique en achetant leur pétrole et l’Etat islamique possède, aux yeux des Turcs, deux qualités : ils combattent à la fois les Kurdes, ennemis jurés des Turcs, et le régime syrien de Bachar Al Assad. Aussi, un tel soutient ne peut expliquer qu’une chose : la Turquie souhaite accroître son influence dans le Moyen-Orient, et compte sur la déstabilisation engendrée par Daesh pour y parvenir. Il n’est pas question, comme l’a affirmé à chaud Vladimir Poutine, d’« alliance » entre la Turquie et l’Etat islamique, mais bien de tentative de récupération d’un chaos régional qui reconfigure l’équilibre des forces. La Turquie tient au partenariat avec la Russie, que cela soit en termes économiques ou stratégiques. Faussement prévenant, le ministre turc propose donc de renforcer le partenariat russe et turc et de faire front commun. Hors langage diplomatique cela signifie à n’en pas douter : associe nous à votre prise d’influence en Syrie ou nous vous mettrons des bâtons dans les roues.
Il apparaîtrait que les enjeux soient aussi d’ordre colonial et démographique…
Effectivement, la politique extérieure turque est aussi affaire de démographie coloniale. De la même façon que l’Empire ottoman mettait en place une politique de colonisation de peuplement en Europe de l’Est, le gouvernement turc actuel s’évertue de faire venir en Syrie des populations turcophones ouïgoures, originaires de la province chinoise du Xinjiang. Musulmans et de langue turque, les mouvements séparatistes ouïgours sont depuis longtemps sujet à tensions entre la Turquie et la Chine. Or, il s’avère que de nombreuses familles ouïgoures s’installent actuellement au nord de la Syrie, notamment dans la région d’Idlib, et qu’elles viennent via la Turquie ou via les filières de l’Etat islamique. Pour la Turquie, l’enjeu est, comme jadis, de gagner en influence via l’implantation de populations turcophones. Ces zones, en phase de turquisation, avaient justement été la cible de certains des tirs de la Russie. Ceci semble à même d’expliquer, en grande partie, la décision turque d’abattre l’avion russe. Le message est clair : ne touchez pas aux turcophones de Syrie. En outre, l’implication d’Ouïgoures dans la région explique l’intérêt toujours croissant de la Chine dans ce conflit. Jusqu’où ira cette implication, telle est la question.
Le jeu stratégique de la Turquie mise en évidence dans cet article démontre que ce n’est pas vraiment un partenaire fiable. D’autre part, il a été mis en évidence que l’avion russe abattu était attendu par l’aviation turque. On peut supposer que la Turquie membre de l’Otan et pays vassal des USA avait reçu quelques garanties sur les réactions et la prise de position de l’Otan sur l’incident, en gros ce n’est pas notre problème. Le rôle de la Turquie dans l’organisation du trafic d’humains, vague de migrants n’est plus à démontrer mais maintenant il va falloir que l’UE passe à la caisse, quelques milliards… et que les négociations s’ouvrent pour l’entrée de ce pays dans l’Union. Comment voulez-vous le citoyen lambda que je suis puisse comprendre les enjeux d’un tel merdier… Si ce n’est de dire ouf la Suisse n’a pas écouté le chant des sirènes lors de la votation sur son entrée dans cette Europe…
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