Elections fédérales 2015. Conseil des Etats, Genève, 2ème tour : La droite la plus bête du monde

Pascal Décaillet
Pascal Décaillet
Journaliste et entrepreneur indépendant
post_thumb_default

Singulière machine que celle du système majoritaire ! Une mécanique pour élire des personnalités, plutôt que des personnalités, plutôt que des représentants de partis. En reconduisant le duo de gauche pour quatre ans, le corps électoral d’un canton où la droite marque des points (elle l’a encore fait, il y a trois semaines, au National), a-t-il vraiment voté pour une politique socialiste et pour une politique Verte aux Etats ? N’a-t-il pas plutôt accordé sa confiance à une dynamique d’union et de victoire, derrière deux candidats loyaux et en parfait ordre de bataille ? Et du coup, refusé son soutien à un candidat, Benoît Genecand, dont personne ne nie les qualités individuelles (il est l’une des révélations de son parti à Genève, et pour un bout de temps), mais qui incarne, bien malgré lui, la droite de la désunion, celle de la discorde, celle de la pitoyable tragi-comédie du café de 10h le lundi 19 octobre, la droite la plus bête du monde ?

 

En attendant, l’acte est commis. Les Verts, parti qui ne cesse de s’affaiblir depuis des années, au Grand Conseil (2013), au National (2015), parti qui a subi au niveau fédéral une impressionnante défaite le 18 octobre, parti qui a prouvé hier, en Assemblée générale où il s’est permis d’ouvrir le champagne, sa totale incapacité à la moindre autocritique, oui ce parti-là réussit à placer l’un des siens, pour la troisième fois consécutive, à la Chambre des Cantons. Trois semaines après avoir perdu l’un de ses deux sièges au National.

 

Nous voilà partis pour quatre années supplémentaires de malentendus entre la délégation genevoise aux Etats et les tendances profondes de l’électorat genevois. Je veux bien que l’homme soit redoutablement habile, roublard, rusé comme un syndic radical vaudois des années Chaudet, je veux bien qu’il ait réussi, ces trois dernières semaines, à faire oublier son étiquette au profit de sa personne, le résultat est là : quatre ans de décalage, dûment légitimés par l’électorat. Il était permis (mais on ne refait pas l’Histoire) de rêver pour Genève d’une autre représentation à la Chambre des Cantons, avec au moins un représentant pour une droite qui monte, a gagné les élections au Grand Conseil, au Municipal de la Ville, et même au National, où elle a pris un siège. Eh bien non : ce sera, encore et toujours, Robert Cramer.

 

Assurément, les discordances affichées à droite y sont pour beaucoup. En premier lieu, le ton avec lequel le PDC ne cesse de traiter un tiers de l’électorat genevois. Cela n’ira pas sans règlements de comptes, nous verrons. En attendant, la gauche rigole. Quand on a, face à soi, la droite la plus bête du monde, on ne va tout de même pas se mettre à pleurer, non ?

 

Pascal Décaillet, Sur le Vif, 8 novembre 2015

 

9 commentaires

  1. Posté par Francis Fragnière rte de Trey 11 1749 Middes le

    Posté par sentinelle le 08 nov. à 20 h. 03, vous avez raison Pascal je ne comprendrai jamais ce PLR qui préfère élire des gauchistes et s’alliés au PDC de gauche plutôt que délire un UDC

  2. Posté par Sentinelle le

    @ Pascal le 9 novembre 2015 à 07h38

    Vu sous cet angle, vous avez raison. Ces petits jeux qui se pratiquent un peu partout… Mais d’autres s’accrochent alors à leur siège (au CN) – lui cède la place. J’ai trouvé cela sympathique, et justement : assez rare quand même.

  3. Posté par Pascal le

    @ Sentinelle : Je tiens quand même à souligner un geste sympathique et élégant – et combien rare dans le monde politique : Luc Recordon (Verts, VD) ayant perdu son siège aux Etats aurait pu s’accrocher au CN – il se retire et laisse sa place à une collègue plus jeune. Chapeau !

    Vous trouvez ça normal ? Moi pas. Si Recordon ne voulait pas siéger au National, si seul les Etats l’intéressait, il n’avait pas à être candidat aux 2 chambres. J’appelle cela de la magouille politique. Recordon candidat, les pastèques savaient qu’ils obtiendraient plus de voix (donc plus de sièges) que si la cruche de Thorens était tête de liste.

  4. Posté par G. Franceso le

    Le PDC, un parti “chrétien” qui veut le travail le dimanche. Ben voyons…. beau sens du repos dominical en “FAMILLE” le mot-clé No1 de leur registre depuis des lustres. Pathétique.

  5. Posté par John Longeole le

    @Pehem Veyh

    Lorétan est franc maçon. Je le sais de source sure.

  6. Posté par Pehem Veyh le

    A Genève, si je ne m’abuse, le PDC a accepté de faire alliance avec le PLR à la condition que ce dernier ne s’allie pas avec l’UDC et le MCG. On ne pourrait donc accuser le PLR de n’avoir pas voulu lui aussi mais d’avoir maquillé la combine. Quoiqu’il doit être diablement (terme on ne peut plus représentatif) difficile pour le parti des francs-maçons de s’allier avec un parti de droite nationale défendant des vraies valeurs. Par contre, le PDC, parti de gauche en devenir, partout où il est lutte farouchement contre l’UDC. On aurait pu croire que pour un parti se disant encore chrétien que l’adversaire était à gauche. Eh bien non! Ce dernier ne devra donc qu’à son orientation politique de plus en plus erronée et la bêtise opportuniste de son président le fait qu’il continuera inexorablement à couler. Si on veut voter à gauche, on ne vote pas PDC. Si on veut voter à droite, on ne vote plus PDC…

  7. Posté par Sentinelle le

    @ Pascal le 8 novembre 2015 à 17h56
    Je ne comprendrai jamais ces PLR qui préfère élire des gauchistes ou des pastèques plutôt qu’un UDC.

    Je partage entièrement votre point de vue. Que les chefs des partis politiques aient leurs petits jeux et leurs combines, on le comprend encore, mais je suis sidéré que les électeurs des partis « bourgeois » (GE et FR) soient également bornés pareillement et préfèrent plutôt faire gagner la gauche que de soutenir l’UDC… Braves gens, mais ouvrez enfin vos yeux !

    Je tiens quand même à souligner un geste sympathique et élégant – et combien rare dans le monde politique : Luc Recordon (Verts, VD) ayant perdu son siège aux Etats aurait pu s’accrocher au CN – il se retire et laisse sa place à une collègue plus jeune. Chapeau !

  8. Posté par Frans le

    Vu de France, j’ai l’impression que les droites nationalistes semblent avoir atteint un plafond de 30%. Que nous désirons reprendre le pouvoir démocratiquement, ou que nous espérons un effondrement du parti unique façon 1989, il nous faudra partir en GUERRE de réinformation, face à la mainmise toujours plus grande des médiats occidentaux devenus des Pravda où il n’y a plus que la date de vraie. On peut déjà faire la guérilla sur internet, dans les fils de commentaires, sur les réseaux sociaux. Mais pour atteindre les 40% et gagner des seconds tours il nous faut encore gagner en légitimité et en audience.

  9. Posté par Pascal le

    C’est la même chose à Fribourg où Jacques Bourgeois aurait du être candidat à ce 2e tour, plutôt que J.-F. Rime. C’était beaucoup trop facile pour C. Levrat (ce qui m’épate le plus, c’est qu’il arrive encore à finir en tête. Incompréhensible).

    Je ne comprendrai jamais ces PLR qui préfère élire des gauchistes ou des pastèques plutôt qu’un UDC.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.