Einstein était-il un homme ouvert ?

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
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Einstein s’est une fois exclamé qu’il n’appartient, « corps et âme, ni à son pays, ni à sa maison, ni à ses amis, ni même à sa famille proche ». Il n’aimait pas le local,  les frontières, les limites. Plus universaliste, ouvert, mondialiste, tu meurs !

Je viens de terminer l’une des plus récentes biographies d’Einstein, celle de François de Closets  dans son beau livre, Ne dites pas à Dieu ce qu’il doit faire. Malgré tout son talent, cet auteur n’a pas réussi à me réconcilier avec le créateur de la théorie de la relativité restreinte ou générale. Ou plutôt, il m’a fait voir que cette théorie est profondément liée à la modernité, comme c’est d’ailleurs toujours le cas avec la science. Celle-ci ne tombe pas du plus haut des cieux. Elle est liée à des mouvements profonds dans la culture d’une époque et Einstein en est un exemple parmi d’autres.

Avec Galilée, je suis à la fois à l’aise et admiratif. Également avec Newton, même si je comprends ses adversaires (dont Einstein) qui n’arrivaient pas à admettre sa théorie de la gravitation universelle. Mais avec Einstein, rien à faire ! Je ne comprends rien. Et je ne suis pas le seul ! François Lurçat observe que le mathématicien Freeman Dyson en est arrivé à dire que quand on étudie la physique moderne, il faut accepter de ne rien comprendre, accepter d’être cassé pour parvenir à se mouvoir parmi formules et équations. Einstein  s’étonnait qu’une théorie formulée à partir d’une pure réflexion pût coïncider avec la réalité. Eh bien justement ! Je ne vois aucun lien entre ce que je perçois du réel et ce que je peux comprendre des propositions einsteiniennes sur le cosmos.

Il est vrai que ce lien commence déjà à s’effilocher avec Galilée. Comment admettre qu’une plume d’un milligramme tombe (dans le vide) à la même vitesse que mille milliards de tonnes de plomb ? Toutefois, on peut l’admettre et si effilochage il y a dans mon lien au cosmos, il n‘y a pas un déchirement. Même Newton n’exige pas de moi que je renonce à ma perception du réel. Einstein si ! Pourquoi ?

Considérons sa plus célèbre équation, E=Mc2. Que nous dit-elle en gros ? Que l’énergie est de la masse et inversement. L’énergie n’est plus aux antipodes de la masse inerte d’une boule d’acier. Entre elle et cette boule il n’y a plus de frontière fermée. Mais allez dire à un joueur de pétanque que sa boule soigneusement polie est une boule d’énergie ! Pour nous, il y a une frontière entre la masse et l’énergie ou entre un mouvement ondulatoire et un mouvement corpusculaire. Pas pour Einstein qui, tendu vers la découverte d’une théorie unitaire, voulait, par là-même, ramener toute la diversité du réel a un seul principe explicatif. Quand on veut opérer une telle réduction, pas question de prêter attention aux frontières et admettre, par exemple, qu’il y a une différence de nature entre la terre et le ciel ou entre la position de notre planète dans le cosmos et celle d’autres astres. La localisation ou, comme disent les philosophes, le « topos » d’une chose, n’a aucun sens pour un physicien moderne, un peu comme l’appartenance d’un individu à une communauté et à son histoire ne signifie presque rien aux yeux des grands gestionnaires de l’ONU ou de L’UE.

 

Cette tendance à l’élimination du lieu occupé par notre corps dans notre rapport au monde se manifeste dès la révolution scientifique du 17ème siècle, comme on vient de voir avec la plume et le plomb. Ma chair me dit qu’une plume tombe plus lentement qu’une boule de plomb, et les physiciens me disent que non. Ils me disent, en d’autres termes, que ma perception nécessairement localisée du réel est fausse. Mais perçois-je encore le réel si je n’occupe plus un lieu particulier ? Perçois-je encore une réalité politique si je m’abstrais complètement de ma réalité locale ?

Einstein répondrait que c’est justement en n’occupant plus aucun lieu particulier dans le temps et l’espace que je me donne la possibilité de vraiment voir ce qui est. Le rêve d’une théorie unitaire présuppose l’élimination de tout ancrage de l’observateur en un « topos » et donc l’élimination de toute frontière, limite, différence substantielle entre une boule de pétanque et une onde électromagnétique. Pourquoi cette volonté d’éliminer toute limite découlant de notre position dans le temps et dans l’espace ?

La première réponse est d’ordre culturel. A partir du local, on glisse parfois dans l’intolérance, le fanatisme, et l’on se met à suivre l’affreuse bête noire d’Einstein, le militarisme nationaliste, véritable cheval de l’apocalypse. Là, nous sympathisons avec Einstein. La deuxième réponse ressortit à ce que Newton appelait la philosophie naturelle, c’est-à-dire notre attitude face à la nature. Voulons-nous, comme disait Descartes, la maîtriser et la posséder ?  Einstein, à coup sûr, le voulait. Derrière son ouverture tous azimuts, derrière l’effort de découvrir une théorie unitaire, derrière sa physique qui exigeait l’abolition de toute la diversité du réel, il y avait inéluctablement l’idée, l’espoir, l’obsession d’une réorganisation du monde à partir d’une position absolument extérieure au monde.

Nous avons là un double mouvement : abolition des frontières ou limites -  gestion d’un monde désenclavé à partir d’un point extérieur à ce monde. Ce double mouvement a conduit entre autres à la bombe atomique, ce qui a profondément affecté Einstein. Il s’en voulait d’avoir participé au Projet Manhattan, matrice des bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki. C’est tout à son honneur. Mais cette participation ne s’inscrivait pas dans son projet universaliste, car elle s’enracinait dans sa crainte de voir les nazis être les premiers à construire la bombe. Crainte légitime mais qui l’a finalement amené à prendre parti pour ce « local » ou topos qu’était l’Amérique, et puis aussi à soutenir Israël comme le montre une photo où on le voit à côté de Ben Gourion. Croirait-il aujourd’hui pouvoir échapper aux dérives perverses du « local » par l’ONU ou l’UE, ou bien, à l’inverse, par le soutien à Washington et son allié Israël ? Serait-il un universaliste pacifiste infiniment ouvert au monde ou prendrait-il des engagements à partir de son enracinement dans le judaïsme et la liberté ?

Je suis convaincu qu’il s’engagerait plutôt dans la défense du monde libre que dans celle du multiculturalisme à la sauce onusienne. Peut-être parce qu’il aurait médité ce propos de Léon Poliakov : « la révolution scientifique conduisant à la  mécanique quantique a coïncidé avec l’entrée de l’Europe dans l’ère de l’absurde et de la terreur totalitaire ». A mon avis, il y a là plus qu’une coïncidence, mais ça reste à démontrer.

Jan Marejko, 25 octobre 2015

Notes : Pour écrire cet article, je me suis me suis inspiré des livres de I.B. Cohen dont je suivais les séminaires à Harvard et d’autres ouvrages aussi, entre autres ceux de Richard Westfall et Frank Manuel. Sur la révolution scientifique, l’ouvrage de Koyré, Du monde clos à l’univers infini, reste pour moi une référence. Le livre de François Lurçat, De la science à l’ignorance, Paris, Editions du Rocher, 2003, est aussi une référence. La citation de Poliakov est tirée de La causalité diabolique, Calmann-Levy 2006.

 

15 commentaires

  1. Posté par E. Sarto le

    Physique moderne et philosophie traditionnelle
    @ Marejko
    Si vous avez un minimum de formation scientifique (le bac C ou équiv.), je vous recommande comme première lecture le petit livret de Jean Daujat (décédé, physicien ENS Ulm) intitulé “Physique moderne et philosophie traditionnelle” édité chez Téqui. Ensuite, vous pouvez étudier le premier volume des Éléments de philosophie de Jacques Maritain (Introduction générale à la philosophie) édité chez Téqui également (jamais terminé). Maritain a mal fini mais il a écrit des pages exceptionnelles jusque vers 1935 environ. Ce petit livre vous donnera les moyens d’aller plus loin, de plus il se boit plus qu’il se lit. A part ça, vous avez les “manuels”, Collin, Jolivet, Tonquédec (réference sur la noétique ou théorie de la connaissance), Gardeil O.P., Gredt (en latin), etc. Je vous déconseille Sertillanges, qui pourrait vous tomber entre les mains. Je vous déconseille de lire directement saint Thomas (la Somme Théologique et tous ses commentaires d’Aristote) directement, sans avoir aquis au préalable un bon fond de connaissances générales, notamment de Logique, qui vous donneront la perspective indispensable. On peut en dire autant d’Aristote. La raison : vous allez vous noyer et vous ne saurez pas toujours interpréter correctement ces textes anciens parfois abscons. Vous allez découvrir un monde merveilleux : le réel …
    Bon courage !
    E. S.

  2. Posté par Marejko le

    Je suis bouche bée devant la richesse des commentaires que mon article a engendrés. Bouche bée et aussi frustré car je ne peux répondre. Cela exigerait presque un petit livre.
    PS. J’ai bien noté les auteurs cités et je vais me précipiter à la bibliothèque universitaire pour emprunter leurs ouvrages, notamment celui de Guérard.

  3. Posté par Vautrin le

    @ E. Sarto :
    Juste trois points :
    1- Ayant lu Aristote, les commentaires d’Averroes sur ses idées, la somme de Thomas d’Aquin, j’admets qu’il y a une part très raisonnable dans la vieille philosophie. Cependant elle ne pouvait pas donner naissance aux sciences positives : les “universaux” ne sont pas du même ordre que les lois générales (en physique notamment). Là dessus, je suis bien de l’avis de Bachelard. Mais il est admissible, même nécessaire, qu’un scientifique fasse un retour -au moins épistémologique- sur la connaissance qu’il produit.
    2- Toutefois, ce n’est pas la connaissance produite en soi, mais sa mise en partage et l’emploi qui en est politiquement fait qui sont plutôt à interroger. Modéliser la réaction de fission et lancer une bombe atomique ne sont pas deux actes du même ordre, même si le second résulte du premier après industrialisation. On peut concevoir, dans cette perspective, qu’un chercheur craignant d’ouvrir la boîte de Pandore renonce à pousser plus loin sa recherche, comme l’a fait le biologiste Jacques Testart. Mais cela ne change rien au fait que, contrairement à une idée trop répandue, le but de la recherche n’est pas d’ordre pratique (c’est pour cela qu’il n’y a de recherche que “fondamentale”). Newton voulait comprendre en les formulant mathématiquement les lois régissant le cours des astres (en fait, il a rivé le clou aux astres en leur donnant des lois), il ne pensait pas à lancer des satellites artificiels. Par contre dès qu’un tyran s’empare du savoir et en fait n’importe quoi, il y a matière à s’insurger. Mais ce n’est pas la science qui est ici en cause : c’est l’immoralisme du tyran.
    3- On ne devrait pas confondre le processus d’abstraction (qui prend la forme des mathématiques) avec l’idéalisme. Ils ne fonctionnent pas de la même manière. L’abstraction, c’est refuser l’immédiateté des phénomènes : les objets du “réel” ne sont pas les racines des propriétés qu’à rebours les mathématiques leur attribuent. L’abstraction, c’est donc mettre dans les choses le rapport des propositions logiques. Lacan, qui n’a pas dit que des bêtises, voyait l’humain appréhender le “réel” derrière le mur du langage : ce n’était pas si mal vu. Nous avons du monde une connaissance immédiate, expérientielle, faite de Gestalten principalement (et ça varie avec les espèces vivantes), et nous avons la capacité purement humaine d’en avoir une autre, médiate, via le langage (donc la logique et sa forme mathématique), mais éprouvable expérimentalement. Donc on revient au “réel”, par un détour qui nous le fait connaître autrement.
    L’idéalisme, c’est une forme de pensée totalement métaphysique, qui est effectivement négation totale et définitive du réel. Vous avez raison de dire qu’il découle dans ses formes modernes du cartésianisme (et culmine dans les délires de l’évêque Berkeley, ajouterais-je), mais il existait bien avant, par exemple dans le système totalitaire de Platon. Descartes n’expérimentait pas, il n’en voyait pas l’utilité; à l’inverse, Pascal a expérimenté. L’idéaliste est un faiseur de systèmes, qui d’ailleurs ne conserve de ses propositions que ce qui ne le gêne pas. Tant que cela demeure au niveau spéculatif, ce n’est pas grave; ça le devient lorsque cela prend un caractère politique. C’est ainsi que l’on invente des systèmes totalitaires et qu’on persiste à les employer à “pétrir l’argile humaine” avec les conséquences désastreuses que nous connaissons.

  4. Posté par E. Sarto le

    Bonjour

    Vautrin écrit : “on ne peut pas empêcher les philosophes de philosopher, mais on n’a pas à demander au scientifique de philosopher !”. Deux remarques :
    1°/ Si on entend par “philosopher” faire part au public de ses propres divagations (avec pour unique fin se rendre intéressant aux yeux des cuistres), certes, mais il est préférable de s’en abstenir. Seule la philosophie “du réalisme modéré” d’Aristote amendée par saint Thomas d’Aquin, qui part du réel a un sens, peut, et même doit retenir l’attention du scientifique et de tout homme qui n’a pas rejeté sa dignité d’animal doué d’intelligence (de intus legere = lire dans le réel).
    2°/ Dans la mesure où il est conforme à la raison de savoir ce que l’on fait et pourquoi on le fait, il est de la première importance pour un scientifique, surtout professionnel, d’avoir les idées claires sur ce point, au moins relativement à ses propres travaux. Hélas, pour avoir fait parti de ce milieu pendant plus de 40 ans, je peux dire avec tristesse que ce n’est généralement pas le cas et que les rares qui abordent la philosophie des sciences le font à partir des textes que deux siècles de propagande révolutionnaire ont universellement répandu, c’est-à-dire basés sur l’idéalisme cartésien popularisé par Kant et alii. Or l’idéalisme est une théorie philosophique luciférienne qui n’accorde le statut de réalité qu’à la seule pensée, et qui considère que le monde extérieur à la pensée (le réel au sens ordinaire) n’est en quoi que ce soit connaissable. C’est pourquoi ces messieurs le refont à leur goût avec leurs petites mains …
    L’exemple de l’évolutionnisme biologique est un exemple parfait de cette sophistique car il s’agit d’une construction intellectuelle, à partir d’observations authentiques évidemment, mais qui nie sans vergogne la causatité ontologique, c’est-à-dire dans l’ordre de l’être, de l’étant, de l’ens.
    La Révolution universelle, dans la mesure où elle s’assigne pour objectif de refaire le monde (comme l’avait si bien dit le rosicrucien Descartes), ne peut évidemment qu’être idéaliste, martyrisant le réel, pour faire croire à la réalité de ses phantasmes criminels. Le fondement profond des invasions qui horrifient tous les lecteurs de ce site en est un parfait exemple : on nie la réalité de la nature humaine (si bien décrite par Aristote) pour fabriquer aux forceps un monde immaginé dans les cavernes des alchimistes.
    Oui, les scientifiques doivent étudier dsérieusement la philosophie, mais la vraie, celle d’Aristote et saint Thomas.
    E. S.
    PS. Dans mon précedent message, il fallait lire “Henri Poincaré” et non “Raymond” ! Comme les masses dévient la lumière, c’est la politique (que j’avais en tête car nous nous sommes en plein dedans !) qui m’a fait dévier ! Mea culpa.

  5. Posté par Vautrin le

    La réponse la plus rationnelle est celle d’ E. Sarto (voir infra, parmi les premières réponses).
    Pour saisir le principe de la science, il n’est pas mauvais de lire Bachelard, “La Formation de l’esprit scientifique” et “Le Nouvel esprit scientifique”. Ces ouvrages sont anciens, mais n’on pas pris beaucoup de rides.
    Deux choses sont évidentes : l’expérience première nous trompe, les objets ne nous révèlent pas a priori de propriétés intrinsèques. Les propriétés, c’est l’abstraction mathématique qui en dote les objets, et c’est l’expérimentation (et non l’expérience) qui valide ou invalide un modèle. Cette abstraction s’oppose donc à l’expérience immédiate.
    Exemple : Copernic fait la “révolution” héliocentrique (et d’ailleurs, à lire le “De Revolutionibus” c’est plus une intuition logique que le fruit d’un calcul) mais conserve les épicycles. Il faudra attendre les calculs de Képler pour comprendre qu’ils n’y a pas d’épicycles et que le mouvement apparent des planètes correspond en réalité à des trajectoires elliptiques.
    La Relativité paraît compliquée seulement à ceux qui n’ont pas l’outil mathématique nécessaire ; pourtant, les équations de Lorentz ne sont pas très difficiles à comprendre même pour un élève de Terminale. Nous sommes pas habitués à l’espace non-euclidien, les géométries de Lobatchewski et de Riemann paraissent étranges, et pourtant ce sont des modèles logiquement consistants. L’expérience immédiate donne l’intuition euclidienne des parallèles, et voilà des géométries qui sans se contredire n’admettent pas le sixième postulat d’Euclide ! Bien sûr la physique quantique est en tant que système un peu plus coriace, mais elle tient debout.
    Cela dit, la vulgarisation est un art très compliqué, et il y a des relations si abstraites que le vulgarisateur doit avoir recours à des métaphores : celle-ci sont légitimes a posteriori d’un calcul, mais elles risquent fort d’être prises au pied de la lettre par le lecteur lambda; le bénéfice, en termes de connaissance, s’annule.
    Pour terminer : on ne peut pas empêcher les philosophes de philosopher, mais on n’a pas à demander au scientifique de philosopher ! C’est précisément en rupture avec la philosophie et la théologie que les sciences se sont constituées. Maintenant, hors du laboratoire, libre au chercheur de philosopher. Je ne connais qu’un seul qui ait bien réussi cette entreprise : François Jacob, prix Nobel en 1965 (avec Lwof et Monod) dans son ouvrage “La Logique du Vivant”.
    Mais il serait vain de discuter sur la place publique des connaissances scientifiques : la science même parfois influencée par la doxa ambiante n’est pas d’ordre politique, et ce n’est pas elle qui peut trouver des solutions à des problèmes politiques (heureusement !). L’exemple contraire est celui de Lyssenko en URSS.

  6. Posté par Patrick Stocco le

    Je comprends votre préoccupation Jan. Le non spécialiste ne peut débattre démocratiquement que de ce qu’il comprend, c’est à dire de ce que le spécialiste veut bien lui expliquer. Or le nombre des vulgarisateurs est ridiculement faible par rapport au nombre des chercheurs, et les vulgarisateurs de talent sont encore plus rares. La démocratie ne peut donc fonctionner correctement que si les scientifiques consentent beaucoup plus largement à cet effort de vulgarisation. Il faudrait donc les y encourager d’une façon ou d’une autre. Pour l’avoir pratiqué comme scientifique, je pense que le coup est jouable, mais à condition que le non spécialiste décide lui aussi de consacrer plus de trente minutes à quelque sujet que ce soit avant de glisser son bulletin dans l’urne, ce qu’il ne fait statistiquement que très rarement.

  7. Posté par Pierre H. le

    Je suis d’accord avec Jan Marejko quand il dit que ce n’est pas parce qu’on est pas des spécialistes qu’on ne peut pas débattre. Je suis un néophyte et pas un scientifique mais je me passionne pour l’espace. Et c’est vrai que j’ai un peu regardé les différences entre Newton et l’attraction et Einstein et l’espace courbe. Dans le cas d’Einstein, un objet est dévié de sa trajectoire à proximité d’une planète parce qu’il suit la forme de l’espace (courbé) créé par la planète. Alors pourquoi cet objet n’est que dévié et continue sa trajectoire et pourquoi la Lune persiste à rester autour de la Terre. Mais le problème est le même pour la théorie de Newton simplement que là, l’objet est dévié par une force d’attraction, alors pourquoi certains objets ne sont que déviés alors que la Lune, elle reste. On dit que la rotation d’une planète créé l’attraction. Comme la Terre tourne sur elle même en 24 heures, on peut imaginer la force de l’attraction. Mais que dire de la Lune qui, 4 fois plus petite en plus, met 27 à 28 jours pour faire un tour sur elle même. Comme peut-elle avoir une attraction avec une lenteur pareille et apparemment elle a une attraction puisque les choses qu’on y envoie reste dessus. Autre chose. On prend un ballon de foot mouillé et on le fait tourner comme une toupie, l’eau va être projetée loin du ballon et pas rester sur lui attirée par lui. Ma question de néophyte est : Y-a-t-il encore quelque chose qu’on a pas trouvé par rapport à ça ?

  8. Posté par E. Sarto le

    Bonjour,
    2 choses :
    1°/ Les théories de la relativité, comme toutes les autres théories physiques, aussi “simples” soient-elles (e. g. celle de Newton) sont toujours des modèles mathématiques, c’est-à-dire des êtres de raison (constructions mentales, qui n’ont d’existence que dans la pensée) qui n’ont d’autres utilité et prétention que de rendre service. Quand on fait une division pour partager une tarte en 5 parts égales, on est déjà dans ce schéma mental (sans forcément le savoir) : il y a un fossé infranchissable entre la tarte (aux pommes) et l’être mental pur qu’est la division. Les modèles mathématiques ne sont pas plus la réalité elle-même qu’une marmite accrochée à une crémaillère peintes sur le mur n’est une vraie marmite (analogie due au philosophe thomiste Etienne Gilson) pleine de vraie soupe fumante. Tous les modèles ont leurs limites. Par exemple les formules de changement de repères de la mécanique newtonienne deviennent fausses lorsque la vitesse s’approche de la vitesse de la lumière (300 000 km/s). La relativité restreinte fournit des formules qui corrigent ce défaut. Aucune magie là-dedans.
    2°/ Eisntein passe pour le génie qui a “inventé la relativité”. Je ne dis pas du tout que c’était un imbécile, sûrement pas, mais ce qui est moins connu, c’est qu’il a au minimum très fortement utilisé les travaux anterieurs de Raymond Poincaré. Il semble que toutes les tentatives pour corriger cette méprise se soient heurté à un mur aussi invisible qu’infranchissable. Les lecteurs pourront faire quelques recherches sur la toile à cet égard.
    E. S.
    Lecture conseillée : Michel-Louis Guérard des Lauriers, La mathématique. Les mathématiques. La mathématique moderne. Paris, Doin, 1972 (ouvrage difficile à trouver et à lire car cela nécessite une double compétence en mathématiques et en philosophie thomiste, c’est de l’or pur)

  9. Posté par Pierre H. le

    @Marker : “La Trinité expliquée par l’hologramme …”

    J’ai ma propre explication de la trinité. Et c’est très simple. C’est l’explication de l’Homme. L’Homme en tant qu’ Esprit Créateur. Le Père, c’est l’Esprit (ou âme), le Fils, c’est le Corps Physique que l’Esprit dirige par l’intermédiaire du système Mental (le Saint-Esprit) qui sert de lien entre le monde spirituel et le monde physique. Et ces 3 éléments donnent UNE entité physico-spirituelle.

  10. Posté par Marejko le

    Merci pour ces commentaires mesurés et pertinents. Je ne peux répondre à tous. Il y a tant à dire. Je retiens une remarque de Patrick Stocco : « la physique (entre autres) est définitivement inaccessible aux non-specialistes ». Je ne suis pas un forcené de la démocratie mais je me demande ce qu’il en reste si la science, notre grande référence, ne peut plus faire l’objet d’un débat.

  11. Posté par weibel le

    Vous écrivez:
    ” Considérons sa plus célèbre équation, E=mc2. Que nous dit-elle en gros ? Que l’énergie est de la masse et inversement.”. Les physiciens (et d’autres scientifiques) n’utilisent pas le signe “égale” comme les mathématiciens. Le signe égale des mathématiciens est toujours “symétrique”, celui des physiciens non. Lorsque vous écrivez que “l’énergie est de la masse”, vous commettez une généralisation abusive; ce que vous pouvez affirmer, avec Einstein, c’est que toute masse contient de l’énergie, mais en aucun cas que toute énergie est constituée de masse. En mathématique, E=mccarré a exactement le même sens que c=racine(E/m). En physique, cette dernière équation n’a pratiquement aucun sens.

  12. Posté par Patrick Stocco le

    C’est aux mathématiciens, aux astrophysiciens, aux physiciens des particules élémentaires, aux biologistes moléculaires, aux neurobiologistes etc. à tirer les enseignements philosophiques de leurs disciplines. Ces domaines, comme beaucoup d’autres depuis le milieu du XXe siècle, sont définitivement inaccessibles aux non spécialistes.

  13. Posté par Pierre H. le

    “Plus universaliste, ouvert, mondialiste, tu meurs”

    Peut-être que le “mondialisme”, on y arrivera naturellement dans 100 ans, quand on pourra se rendre à l’autre bout de la planète en 30 minutes et qu’on aura des bases avancées sur la Lune. Un mondialisme sans tout mélanger. Ce n’est pas tant ça, qui me gêne, si ça se fait naturellement et démocratiquement. Pouvant se déplacer toujours plus vite et pouvant se rendre d’un continent à l’autre comme on va de la chambre à coucher à la cuisine, je comprendrais qu’on simplifie les choses, les échanges, etc. Peut-être devrait-on alors parler plus de mondialisation que de mondialisme. Ce qui me gêne dans celui que nous vivons aujourd’hui, de mondialisme, est qu’il est fait dans notre dos, sans notre accord, avec violence, forcé, dans le sang et le chaos et c’est plutôt un goulag planétaire qu’une mondialisation…

  14. Posté par Marc le

    Je comprends assez mal le propos de votre article, je dois dire… S’il s’agit de se demander à quel parti Einstein se serait rallié, je pense que c’est impossible et, au fond, dénué de sens : Einstein était un homme de son temps – peut-on être autre chose ? Pour le reste, le lien entre les théories scientifiques et la lecture philosophique qui en est faite me paraît pour le moins délicat. Par ailleurs, je ne sache pas qu’Einstein ait été réellement impliqué dans le projet Manhattan. Il a, sauf erreur, écrit au président pour le presser de mettre en branle le projet, mais rien n’indique que son intervention ait joué un rôle essentiel.
    Pour les aspects scientifiques, les physiciens s’intéressent, en dernière analyse, à la cohérence des théories et aux mesures expérimentales. Que les théories modernes deviennent de plus en plus abstraites et difficiles à comprendre, qu’elles tendent à unir dans une généralisation de plus en plus large des phénomènes a priori si différents est le pari sous-jacent à toute recherche. Voir un lien entre la relativité générale et l’abolition des frontières me paraît en revanche relever d’une analogie suggestive mais sans fondement. Comparaison n’est pas raison, analogie n’est pas démonstration.

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