Suite "Des raisins trop verts"
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Chapitre I (7)
Pendant que nous attendons les jeeps, un des membres du trekking grimpe sur un arbre et cueille des abricots qui d’ailleurs ne sont pas mûrs, puis il les jette comme des balles de ping pong, sous le regard réprobateur des habitants... Je lui demande quelle serait sa réaction si un étranger se comportait de la sorte dans son jardin... il n’est pas content, moi non plus... J’en ai marre de mes compagnons italiens... A Askole un habitant était venu nous demander s’il y avait un médecin parmi nous car son petit enfant était en train de mourir...
Nous allons le voir mais l’enfant est déjà froid...
« Sans importance – dit un des trekkistes – de toutes façons ils en font un nouveau chaque année... » pendant que la jeune mère pleure doucement en serrant le petit cadavre dans ses bras...
Ensuite on rejoint Skardu en jeep... Je suis tellement sale que je demande à un des porteurs de m’accompagner au bazar pour m’acheter des vêtements propres.
Il entre dans une boutique et choisit un shalwar kamiz couleur aubergine :
-« Tiens, prends ça avec tes cheveux blonds, ce sera très bien... »
Il n’y a pas de déodorant, mais un vendeur me trouve un petit flacon d’extrait de
fleurs de jasmin... exquis...
Au motel je vais sous la douche, elle est froide, je me savonne, je me rince mais je pue encore comme avant... je me savonnerai plusieurs fois... rien à faire cette odeur dégoûtante ne partira qu’après plusieurs jours de retour à une alimentation
plus normale...
Après la douche, je mets mon beau vêtement et sors dans le jardin. Je m’assieds à une table pour prendre une tasse de thé. Quatre jeunes hommes vêtus de blanc, passent devant moi et l’un d’eux s’exclame :
-« C’est vous ! habillée comme cela je ne vous reconnaissais pas... »
C’est le capitaine Mazhar et des militaires que nous avons rencontrés sur le Baltoro. Je les invite a prendre le thé avec moi et nous avons du plaisir à bavarder. Ils sont en congé après des mois passés là-haut...Ils me racontent leurs aventures... Après un moment il me dit :
-« Vous êtes belle quand vous êtes bien habillée... c’est si dommage que les femmes occidentales s’habillent si mal... »
La grande chaleur est passée, une petite brise agréable s’est levée. En cette fin d’après-midi, la couleur du ciel a changé : ce n’est plus la lumière d’été mais on
sent que déjà l’automne s’approche. Nous dégustons notre thé avec des morceau
de cake excellent.
Je passe un moment bien agréable avec eux. Ces militaires parlent un Anglais
parfait et surtout, ils ont une éducation tout à fait britannique... quelle différence
avec mes compagnons italiens...
Le soir commence à tomber. Le vieux fort, qui surplombe le bourg, est encore au soleil et se profile contre le ciel qui lentement reprend ses couleurs enchanteresses... violet, puis abricot et puis brusquement c’est la nuit...
Le motel K2 est devenu merveilleux... je m’y sens bien, comme si j’étais rentrée
à la maison...
Après le régime haute montagne, le poulet au curry est exquis... le thé vert aussi... Je dors enfin une nuit entière et profonde...
Le lendemain il fait mauvais, l’avion ne viendra pas nous chercher. Nous ne pouvons pas rester ici à attendre car nos billets d’avion vers Milan sont réservés.
Le soir nous partons avec un énorme bus « pakistani style » pour 30 heures de
route le long de la Karakorum High Way...
Quand nous arrivons à Rawalpindi nous retrouvons les organisateurs des trekkings. Quelqu’un vient vers moi et me dit :
-« Good morning madam, did you enjoy your K2 trip ? » Je ne l’avais pas reconnu, c’est Karim, mais lui aussi est lavé et habillé en civil... Pendant que les autres se chargent des formalités dans les bureaux de la police et de l’aéroport, nous deux, nous filons au marché acheter des mangues...
Puis il me fait visiter les galeries marchandes de l’hôtel Continental. Je cherche
des livres... il n’y en a presque pas. Je trouve un curieux petit volume écrit en
caractères arabes et traduit en anglais : les 99 noms de Allah... Cela m’intrigue, je
l’achète...
Le soir à nouveau un souper extraordinaire autour de la piscine de l’hôtel Shalimar... Cette fois nous sommes tous relax, je jouis pleinement de ces heures
tranquilles. Dear Shalimar... je vais le regretter...
Puis c’est le retour, pas d’escale à Kuwait mais à Dubaï parce qu’il y a la guerre...
A Milan, Francesco et ma fille m’attendent mais mes bagages sont quelque part en route... de par le monde...
Et vous, qu'en pensez vous ?