Comme le note Laurent Herblay sur le blog "Gaulliste libre", l’Allemagne n’a pas seulement fait de l’euro un "outil de domination économique" dont elle peut récolter chaque jour les fruits. La crise de la zone euro, elle-même, lui réussit ! Celle-ci, écrit-il, "a permis à l’Allemagne de faire des économies colossales sur le coût de sa dette souveraine". Pour Herblay, ces "gains colossaux réalisés par l’Allemagne rendent d’autant plus insupportable les politiques austéritaires destructrices menées en Grèce".
C’est Alterecoplus, d’Alternatives économiques, qui a levé un aspect peu connu de la crise de la zone euro : le fait qu’elle a permis à l’Allemagne de faire des économies colossales sur le coût de sa dette souveraine, du fait de la divergence des taux d’intérêt entre les pays membres de la zone euro, après la convergence des premières années de la monnaie unique. Les chiffres sont stupéfiants : si les taux payés par l’Allemagne étaient restés stables depuis 2008, Berlin paierait 93 milliards d’intérêts en 2015. Cette année, notre voisin d’outre-Rhin n’en règlera que 48 milliards, soit près de deux fois moins, du fait du choix des investisseurs de privilégier la signature allemande, la plus plus rassurante dans cette zone euro. Guillaume Duval a fait les comptes : l’Allemagne a économisé 193 milliards depuis 2008 !
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Extrait de: Source et auteur
Article, tronqué, mensonger, réducteur, etc, bref, analyse partisane et très mauvaise de la situation.
Je vais faire simple, pour que tout le monde comprenne.
Imaginez deux pays, A et B. L’un pas trop mal géré, l’autre très mal géré. Non pas que le premier soit un modèle de gestion saine, mais la comparaison relative lui donne un net avantage: il fait moins de dette, a un état moins lourd, prélève moins d’impôts, etc.
L’investisseur lui s’intéresse à un placement parmi les possibles qui soit le meilleur pour lui, c’est-à-dire qui maximise le gain par unité monétaire investie compte tenu du niveau de risque qu’il est prêt à prendre. C’est donc la comparaison relative qui est déterminante pour l’investisseur.
En raison de la différence de gestion, le pays B étant un risque plus élevé (et le risque devant être rémunéré) les taux d’intérêt du pays A sont plus bas que ceux du pays B. Il est difficile pour le pays B d’emprunter, cela lui coûte une blinde en intérêts.
Puis, à un moment les deux pays, adoptent une monnaie unique. Les taux convergent. Pourquoi? Parce que maintenant, les deux pays sont perçus comme une seule entité économique par les investisseurs et les bons du trésor sont subjectivement quelque peu comparables. Comme la puissance économique du pays A étant incommensurablement supérieure à celle du pays B, cette convergence n’est pas symétrique, c’est le taux du pays B qui a tendance à massivement descendre au niveau du taux du pays A plutôt que l’inverse.
Le pays B qui n’a jamais eu de telles facilités pour emprunter pas cher, creuse sa dette de plus belle et dépense sans compter. Notez que dans ce premier temps, le pays B profite de la situation, non pas qu’il profite de A, mais bénéficie de cette convergence.
Une décennie plus tard, survient une crise, un choc exogène, qui ébranle les pays A et B. Malheureusement, le pays B ayant un niveau de dette si élevée et une économie si exsangue à cause de son degré d’étatisme, cette crise précipite l’inévitable, son niveau de dette devient problématique pour les investisseurs. Sans le choc, la dette augmentant année après année plus que de raison grâce aux taux bas dont bénéficie le pays B, ce serait quand même arrivé, mais un peu plus tard.
Que se passe-t-il? Les investisseurs délaissent les bons du trésor du pays B, par peur que ce dernier fasse faillite et donc par peur de perdre leur capital, et ils se précipitent pour acheter les bons du trésor du pays A. Quelle en est la conséquence mécanique? Le taux d’intérêt du pays A diminue et celui du pays B augmente, puisque le taux dépend du nombre de bons du trésor émis rapportés à la quantité demandée.Dit autrement, le niveau de risque relatif du pays B étant devenu élevé, la rémunération exigée pour le risque augmente, ce qui se traduit par un taux plus élevé. Comme les investisseurs ne raisonnent pas dans l’absolu, mais en comparant les possibles disponibles, le pays devient soudainement beaucoup plus attractif pour eux.
En somme, comme le pays A est moins mal géré que le pays B, lorsque les investisseurs comprennent que les deux entités n’en forment pas vraiment une économiquement parlant, et qu’ils traitent à nouveau les bons du trésors des deux pays comme deux possibles distincts, les taux d’intérêts divergent à nouveau. Comme c’est la panique et que personne ne veut les bons du trésor du pays B, mais que tous veulent ceux du pays A, le résultat ce n’est pas simplement qu’on retrouve les taux d’avant la convergence, les taux de A diminuent fortement et ceux de B explosent à la hausse.
Si je résume, le pays B arrimé au pays A pendant une décennie a pu faire ripaille et bombance au dessus de ses moyens grâce au taux d’intérêt artificiellement bas procuré par cet arrimage. Quand la conséquence de cela survient, parce qu’on ne peut vivre au dessus de ses moyens indéfiniment, on reproche au pays A d’être un salaud parce qu’il bénéficie du fait que lui ayant moins mal géré ses finances, il est devenu (en comparaison relative) une priorité pour les investisseurs qui ne veulent pas perdre leur argent: la comparaison relative implique en effet que ses taux diminuent et qu’il économise ainsi une partie de l’intérêt qu’il paye sur sa dette.
Et voilà de joyeux lurons qui viennent dire que le pays A est responsable et est un salaud parce qu’il a bien profité de la situation sur le dos du pays B en raison de cette économie.
Je vous épargne la discussion sur le gain effectué par l’Allemagne sur la balance des payements et le commerce international sur le dos des autres