Obama ou comment verser de l’huile sur le brasier islamique, par Hélios d’Alexandrie

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Obama voulait un accord à tout prix avec les mollahs d'Iran, il l'a eu. Les termes et les conditions de l'accord n'ont pour lui aucune importance: peu importe qu'il conduise tout droit à la bombe atomique iranienne, de cela Obama n'en a cure, il ne s'agit même pas d'un détail dont il aurait pu ou dû se préoccuper; l'important est que l'obstacle est levé et que l'Occident, représenté par la superpuissance américaine, ne dressera plus de barrières face à l'islamisme chiite. 

Les Saoudiens wahhabites ont rapidement réagi, par la voix officieuse de Bandar Ibn Sultan, ex-ambassadeur saoudien aux États Unis et ancien patron des services secrets saoudiens, ils ont dénoncé la volonté d'Obama de s'allier aux mollahs d'Iran au détriment des alliés traditionnels de l'Amérique: les monarchies pétrolières et à leur tête l'Arabie Saoudite, la Jordanie, l'Égypte et Israël. En effet cet accord lève à plus ou moins brève échéance toutes les sanctions économiques imposées à l'Iran. Tous les fonds détenus par l'Iran que l'Occident avait gelés durant les quinze dernières années seront débloqués, aucune restriction ne sera maintenue à l'exportation de pétrole et de gaz naturel iraniens, de plus les entreprises occidentales recommenceront à faire des affaires avec l'Iran. Il s'ensuit que la situation économique du pays s'améliorera et que les mollahs et leurs sbires qui contrôlent plus de la moitié de l'activité économique de l'Iran s'en trouveront plus riches et plus puissants. 

L'Arabie saoudite craignait à juste titre la conclusion d'un tel accord, dans une ultime tentative pour ruiner l'économie iranienne, elle a décidé l'automne dernier d'inonder le marché du pétrole, poussant le prix du brut à des niveaux extrêmement bas. Les Saoudiens sont même allés jusqu'à offrir aux clients traditionnels de l'Iran, de leur vendre du pétrole à des prix encore plus bas, dans un effort désespéré visant à priver l'Iran de ses débouchés. 

Les tentatives de déstabilisation de la République Islamique par la monarchie des Saouds se sont révélées inefficaces. La réplique des mollahs iraniens n'a pas tardé et c'est à la frontière Sud de l'Arabie Saoudite, soit au Yémen qu'elle a eu lieu. Les Houthis, musulmans chiites alliés des mollahs, armés et financés par eux, se sont soulevés contre le pouvoir détenu par les sunnites et se sont emparés d'une grande partie du territoire yéménite incluant Sanaa la capitale du pays. Menacés sur leur frontière Sud, les Saoudiens n'ont pas tardé à entrer en guerre, ils se sont appliqués à bombarder massivement les milices houthis à l'aide de leur aviation et ils ont soutenu et armé les forces loyales au gouvernement yéménite. L'effort de guerre se poursuit et nul n'est en mesure de prédire la fin des hostilités. Le Yémen, à l'exemple de l'Irak et de la Syrie est devenu un champ de bataille (et de ruines) où musulmans sunnites fanatiques et musulmans chiites non moins fanatiques, s'affrontent pour le contrôle du pays.

 

Les objectifs d'Obama

Je devrais plutôt parler des fantasmes d'Obama, car pour lui tout est bon dans l'islam absolument tout; malheureusement il y a des gens qui pervertissent cette «noble religion». Il se trouve que les sunnites fondamentalistes la pervertissent bien plus que les chiites fondamentalistes. Certes ces derniers sont loin d'être des anges, mais en termes de mètres cubes de sang répandu, les sunnites l'emportent et de loin. Obama n'est pas regardant, il ne s'arrête pas aux détails et ne s'enfarge pas dans les fleurs du tapis; les homosexuels iraniens, que les mollahs pendent par centaines dans les places publiques, ne semblent pas le déranger outre mesure, ni lui inspirer de la méfiance et encore moins des scrupules. Pour lui les mollahs sont légitimes, leur «sévérité» à l'égard des homosexuels, des opposants politiques et des femmes émancipées qui rejettent le tchador, n'enlève rien à leur «légitimité».  

Autre détail insignifiant qui ne mérite pas qu'on s'y arrête, le slogan « Mort à l'Amérique!» que sous l'instigation des mollahs les foules iraniennes scandent régulièrement à Téhéran, à Ispahan, à Qom et ailleurs, ce n'est peut-être pas de la musique à l'oreille d'Obama, mais c'est quand même de la faute des Américains si les mollahs rêvent de les tuer! D'ailleurs tout ce qui va mal dans le monde, c'est de la faute de l'Amérique, Obama en est convaincu, mais c'est aussi de la faute d'Israël, l'allié par excellence de l'Amérique au Moyen-Orient, un allié exaspérant qui s'entête à résister et à ne pas se laisser submerger. C'est vrai que les mollahs ne cachent pas leur désir de rayer Israël de la carte, mais est-ce une raison pour ne pas leur tendre la main et leur donner une chance? 

C'est évident, Obama a ses préférés, c'est son droit. Obama aime les mollahs iraniens, ils ont beau lui cracher au visage, il continue de les aimer. Obama aime aussi les Frères Musulmans, ils mettent l'Égypte à feu et à sang et s'allient avec l'État islamique (DAESH) mais ce n'est pas grave, ils pourront toujours compter sur lui. Comme d'ailleurs Erdogan, le président de la Turquie, lui aussi est un Frère Musulman, il est l'allié indéfectible de l'État Islamique (DAESH) que combat l'Amérique; récemment il a permis aux jihadistes de DAESH de transiter par la Turquie pour aller massacrer des centaines de femmes et d'enfants kurdes à Kobané, ces mêmes kurdes alliés des Américains dans la guerre contre l'État islamique! Erdogan trahit l'Amérique, il a du sang kurde sur les mains, mais ce n'est pas bien grave, Obama ne le privera pas de son appui. 

Obama n'en démordra pas, pour lui les mollahs d'Iran (chiites) et les Frères Musulmans (sunnites) sont des «modérés», il convient donc de s'allier à eux pour «stabiliser» le Moyen-Orient! C'est la politique établie depuis son accession à la présidence, elle se résume en deux mots: Alliance avec l'islam politique. D'après Obama tous les pays musulmans se retrouveront un jour sous la coupe d'une des deux versions de l'islam politique, les Frères musulmans ou le khomeynisme, ce jour-là la nation islamique et par le fait même le reste du monde connaîtront la «paix». En attendant c'est plutôt de la guerre que le monde islamique fait l'expérience, une guerre où les États s'effondrent ou cessent carrément d'exister, où la mort et le chaos règnent en maîtres. Selon Obama et les apprentis sorciers qui le conseillent il s'agit là d'un passage obligé, d'une étape incontournable sur le chemin des pays musulmans, une période intermédiaire au bout de laquelle la «civilisation islamique» renaîtra de ses cendres. 

Le choix du Khomeynisme et des Frères musulmans n'est pas le fruit du hasard, malgré certains traits qui les distinguent ces deux courants sont idéologiquement très proches, ayant bu à la même source, celle de Sayed Qutb, idéologue et théoricien Frère musulman, pendu par Nasser dans les années soixante, et dont les ouvrages constituent le socle sur lequel l'islam politique s'est édifié. La pensée de Sayed Qutb imprègne tous les mouvements islamistes, ceux qui pratiquent le jihad «non-violent» comme ceux qui font le choix de l'hyperterrorisme. Le fait est que toutes les formes du jihad s'inscrivent dans un continuum, le but est le même mais les moyens s'adaptent continuellement à la conjoncture. L'islam politique ne dédaigne pas le processus démocratique, dans la mesure où il lui permet d'accéder au pouvoir, mais si par la volonté du peuple le pouvoir lui est ôté comme cela s'est passé en Égypte et en Tunisie, alors il n'hésite pas à faire usage de violence.

 

Le scénario qu'Obama a écrit pour le Moyen-Orient

Sans l'accord avec l'Iran sur le nucléaire, le scénario écrit par Obama et ses conseillers aurait peu de chance de se réaliser, voilà pourquoi il leur fallait absolument un accord. D'aucuns croient qu'il s'agit là d'un renversement d'alliance, mais il s'agit de bien plus que cela, en fait Obama vise principalement la disparition de la monarchie saoudienne, un changement de régime qui mettra les Frères musulmans au pouvoir en Arabie. Mais objectera-t-on, comment la nouvelle alliance avec l'Iran aidera-t-elle les Frères musulmans à prendre le pouvoir? La réponse se trouve dans l'alliance qu'Obama est en train de tisser entre l'Amérique, l'Iran, le Qatar, la Turquie et l'Organisation mondiale des frères musulmans. Cette alliance ne peut se faire qu'au prix de compromis plus ou moins douloureux pour toutes les parties, mais dont elles sont supposées sortir gagnantes. 

Le plan est connu, il a pour nom «Le Nouveau Moyen-Orient», euphémisme à travers lequel il est possible de discerner le chaos qui s'amplifie. Ce plan consiste à homogénéiser l'islamisation sous l'égide des Frères musulmans dans les pays à majorité sunnite, et sous l'égide des ayatollahs iraniens dans les pays à majorité chiite. Mais cette homogénéisation doit nécessairement tenir compte des minorités sunnites dans les pays à majorité chiite, et des minorités chiites dans les pays à majorité sunnite. C'est sur ce plan que les compromis s'avéreront douloureux ou difficiles à obtenir, et c'est également à cause de cela que l'édifice géostratégique d'Obama s'effondrera. 

Mais l'effondrement prévisible de l'édifice n'est pas de nature à ramener Obama sur terre, le réalisme et le pragmatisme n'ont aucune prise sur son esprit. Obama se voit comme un génie visionnaire qui transforme le monde, un «génie» qui, avec le passage du temps se montre de plus en plus pressé et de plus en plus téméraire, en effet il ne lui reste plus beaucoup de temps pour terminer son «œuvre» ou pour du moins la rendre irréversible. 

Obama dont l'égo est plus que démesuré, ne réalise pas qu'il n'est qu'un instrument de l'histoire ou si l'on préfère du destin. Sa passion irraisonnée pour l'islam l'amène à en accélérer la chute, celle-ci semblait de toute façon inévitable, mais elle devait se dérouler sur une assez longue période de temps et coïncider avec le tarissement des sources de pétrole au Moyen-Orient. Mais pour Obama et pour bien d'autres l'islam c'est l'avenir de l'humanité, l'islam est en pleine expansion, il y a donc lieu d'aider l'islam à prendre sa place, à égalité avec les autres civilisations et particulièrement la civilisation occidentale. Voilà pourquoi il importe d'éliminer tout ce qui peut faire entrave à la renaissance tant désirée de l'islam, en premier lieu le régime monarchique des Saouds en Arabie, qui malgré l'application stricte de la charia, est beaucoup trop conservateur et immobiliste au goût d'Obama. Les mollahs iraniens ont beau être aussi sinon plus oppressifs que les Saoudiens, ils ont beau être plus imprévisibles et plus dangereux, ils n'en trouvent pas moins grâce aux yeux d'Obama qui les juge plus représentatifs de leur peuple et plus «d'avant-garde» que les monarques saoudiens. 

Obama ne tient aucun compte de l'hostilité multiséculaire entre musulmans sunnites et musulmans chiites. Il constate simplement les bonnes relations qu'entretiennent les Iraniens chiites avec les Frères musulmans du Hamas et de Turquie, il en est venu à la conclusion que l'Arabie avec les Frères musulmans au pouvoir ne témoignera aucune hostilité à l'égard de l'Iran et vice-versa. Il est même convaincu que la haine religieuse qu'entretiennent les deux parties finira par s'éteindre dès que le wahhabisme saoudien cèdera la place à l'idéologie des Frères musulmans.

 

L'échec inévitable du plan Obama  

La loi des conséquences inattendues fera en sorte qu'au moment où Obama quittera la Maison Blanche, le désastre qu'engendrera sa politique ne pourra être occulté. L'accord sur le nucléaire aura un effet plus que stimulant sur le pouvoir de nuisance des mollahs iraniens; il conduira également à un réalignement des forces en présence. Les Saoudiens, instinct de conservation oblige, refont en ce moment leurs calculs stratégiques, ils n'ont certainement pas l'intention de laisser les Iraniens devenir la puissance tutélaire de la région. Israël est le seul allié fiable et capable de les aider, Israël et l'Arabie Saoudite ont en commun le même ennemi l'Iran, et il ne s'agit pas d'un ennemi avec qui il est possible de conclure un accord de non-agression ou de paix, il s'agit plutôt d'un danger existentiel qu'il faut à tout prix écarter. 

Mais la présence d'un troisième larron sous l'aspect de l'État Islamique complique sérieusement la situation, car il s'agit à la fois d'un atout et d'un danger. Un atout parce qu'il est l'ennemi mortel des chiites, et parce que par sa présence et son action il draine et épuise les ressources en hommes et en armes des mollahs iraniens. Mais il est également un grand danger, tant aux frontières de l'Arabie qu'à l'intérieur du pays où il compte des milliers de partisans et de cellules dormantes qui n'attendent qu'un signal pour entrer en action et provoquer le chaos. Si l'État Islamique est l'ennemi commun des Américains et des Iraniens, il ne l'est pas moins des autres forces en présence, en particulier d'Israël et de l'Égypte; il est d'ailleurs assez étonnant que ses nombreux ennemis n'aient pas réussi à contenir ses avancées. Pour les Américains l'une des retombées souhaitées de l'accord avec l'Iran serait de lui donner les moyens de défaire les jihadistes, et c'est probablement cela qui pourrait rendre ces derniers plus conciliants envers l'Arabie Saoudite et plus coopératifs. Face à la puissance iranienne il n'est certainement pas exclu qu'une alliance étroite s'établisse entre les Saoudiens et les jihadistes, une alliance principalement dictée par l'instinct de survie. 

Mais le scénario inverse peut tout aussi bien se dérouler: l'État islamique pris en étau entre les kurdes et les forces chiites en Irak et en Syrie, chercherait son salut en déstabilisant l'Arabie saoudite, la Jordanie et l'Égypte, c'est ainsi que le chaos risque de s'étendre dans toutes les directions. Quel que soit le scénario choisi, les combats se poursuivront et ils seront de plus en plus meurtriers. Les populations continueront de se déplacer grossissant ainsi le nombre déjà très élevé de réfugiés. Les régions ou les pays d'accueil déjà sursaturés ne pourront faire autrement que refouler les populations fuyant les zones de combat, les crises humanitaires se succèderont sans arrêt, l'Europe ne pourra qu'assister impuissante à la marée humaine que lui déversera la Méditerranée.

 

L'effet Obama

Le président américain se prend pour un grand homme capable de transformer l'Amérique et le monde. L'histoire le jugera, non comme un agent de transformation, mais comme le détonateur d'une réaction en chaîne qui provoquera l'implosion du monde islamique et la déstabilisation de l'Europe suite à la catastrophe. L'aveuglement d'Obama et sa vanité l'empêchent de prendre acte d'une réalité toute simple: une masse critique de fanatisme, d'obscurantisme et de haine s'est constituée en terre d'islam, le point de non-retour est dépassé depuis longtemps; pour éviter la catastrophe ou l'amoindrir il y a lieu d'affaiblir autant que possible l'islam politique, il ne faut surtout pas miser sur lui et encore moins lui accorder tout ce qu'il demande.

 

Lire aussi, par Hélios d'Alexandrie

Obama et le Jihad entre musulmans

Le Califat islamique et la catastrophe qui s'annonce

Chute du monde islamique - Le Moyen-Orient en crise (entretien avec Hamed Abd el Samad)

 

 

Extrait de: Source et auteur

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Un commentaire

  1. Posté par BLUM Dominique le

    Juste un petit détail que je rajouterais à cet article dont l’analyse doit dépasser les capacités intellectuelles de l’attelage Hollande/Fabius: l’accord conclu avec l’Iran, non seulement ne permettra aucune vérification des sites nucléaires iraniens par des “experts” (cela, on s’en doutait), mais EMPËCHERA ISRAEL — l’allié de toujours— de réagir, en contrant les entreprises destructrices des mollahs.
    (Lu sur un site confrère, ce soir).

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