Les nationalistes écossais mettent la pression sur Londres

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A Edimbourg, le premier ministre britannique David Cameron confirme ses promesses sur la décentralisation. Les nationalistes écossais et Nicola Spurgeon en veulent plus.

FLORENTIN COLLOMP

Une semaine après sa réélection, David Cameron a fait, hier, le déplacement à Edimbourg. Une façon de reconnaître, à côté de la victoire des conservateurs en Angleterre, celle, incontestée, des nationalistes en Ecosse. Le Scottish National Party (SNP) a emporté 56 des 59 circonscriptions écossaises, contre une seule aux conservateurs. Au Parlement de Westminster, cette semaine, cette troupe de nouveaux élus (le parti nationaliste n'en comptait que six dans l'assemblée sortante) a fait une arrivée très remarquée. Ils ont cherché à établir d'emblée un rapport de force en leur faveur pour les cinq ans à venir.

"Je suis là pour souligner mon attachement à notre Royaume-Uni et la place importante qu'y occupe l'Ecosse",
a déclaré David Cameron à Edimbourg. Si sa rencontre d'une heure avec Nicola Sturgeon, cheffe du Parti nationaliste écossais, a été qualifiée de
"cordiale",
cette dernière s'est empressée de rappeler qu'il
"y a un monde entre David Cameron et moi sur le plan politique".

Un pied dans la porte

Les nationalistes estiment que l'ampleur de leur victoire électorale leur donne un
"mandat"
pour faire pression sur Londres et obtenir davantage. Une façon de mettre un pied dans la porte et de ne pas lâcher, quitte à menacer de recourir à l'arme ultime: un nouveau référendum sur l'indé
pendance. Alors qu'ils ont passé
la campagne à répéter que ce n'était pas l'objet de ces élections, le sujet s'est empressé de refaire surface dans la rhétorique nationaliste depuis une semaine.

David Cameron a dit, hier, que cela n'était
"ni de près ni de loin"
à l'ordre du jour. Mais, pour Nicola Sturgeon, il
"ne peut pas exclure un référendum contre la volonté du peuple". "La façon dont David Cameron, son gouvernement et le système de Westminster choisiront de répondre au message envoyé par l'Ecosse sera cruciale sur la façon dont nous avancerons",
l'a-t-elle défié cette semaine.

Sur le fond, Londres et Edimbourg s'écharpent déjà sur le degré d'autonomie concédé à l'Ecosse. David Cameron a fait le voyage pour confirmer ses promesses faites à la veille du référendum de septembre 2014, et réitérées au lendemain du rejet de l'indépendance (à 55% contre 45%). Après la santé, la justice et l'éducation, décentralisées depuis 1999, son gouvernement prévoit de transférer à l'assemblée régionale la compétence sur l'impôt sur le revenu, le contrôle de la moitié des recettes de TVA levées en Ecosse et le logement social. Pour lui, c'est un aboutissement. Pour Nicola Sturgeon, ce n'est qu'un point de départ. La "first minister" réclame dans la foulée l'autorité sur l'impôt sur les sociétés, les charges et les prestations sociales, le salaire minimum et la politique de l'emploi.

Tensions coriaces

A moyen terme, les nationalistes revendiquent une autonomie fiscale totale, sans précipitation toutefois: cela se traduirait par un trou de sept milliards de livres (10,07
milliards d'euros) dans leur budget, notamment en raison de l'effondrement des cours du pétrole. Ce qui risquerait de rendre difficile l'application de leur appel à la fin de l'austérité imposée par Westminster. Poliment, David Cameron promet de
"regarder"
toutes les propositions du SNP. Selon Nicola Sturgeon, ces discussions
"de travail"
ont été
"constructives".

Les tensions ne semblent pas près de s'atténuer. Fort de son score digne d'un régime de parti unique, le SNP cherche à montrer que le gouvernement conservateur de Londres n'a pas de légitimité en Ecosse et à souffler sur les braises des divergences. A Londres, le contingent de ses nouveaux députés - dont la benjamine du Parlement, Mhairi Black, 20 ans - a fait sensation par sa fraîcheur et sa spontanéité. Certains s'étaient perdus dans les transports d'une capitale qu'ils ne connaissaient pas ou peu. Lors d'un séminaire d'introduction aux rites et usages d'une assemblée régie par des traditions séculaires, un vétéran tory leur a tenu un discours leur expliquant qu'on n'applaudissait pas dans la Chambre des communes... salué par un tonnerre d'applaudissements de leur part.

En tant que troisième parti britannique en nombre de sièges, le SNP veut se faire entendre, non seulement sur les questions liées à l'Ecosse, mais sur l'ensemble de la législation concernant le Royaume-Uni. Il prévoit ainsi de s'opposer à la répudiation de la convention européenne sur les droits de l'homme, prévue par le gouvernement Cameron.

L'agenda européen des tories sera scruté de très près. Un vote du Royaume-Uni pour sortir de l'Europe serait un prétexte tout trouvé pour justifier une nouvelle consultation des Ecossais sur leur appartenance au Royaume-Uni.

LE FIGARO

 

Extrait de: Source et auteur

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Un commentaire

  1. Posté par Vautrin le

    Le nationalisme n’est pas nécessairement mauvais, contrairement à ce que racontent les mondialistes et européâstres. Mais les Écossais me paraissent dans une situation paradoxale : ils voudraient l’indépendance (c’est leur droit) et dans le même mouvement seraient prêts à l’abandonner en entrant dans le système anti-national, dirigiste et non démocratique de l’UE. Comprenne qui pourra !

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