Par Caroline Alamachère
Alors que j’étais avec mes enfants il y a quelques jours, nous avons été abordés par une sympathique jeune femme nous proposant de participer à une émission pour Canal Plus, la Nouvelle Edition, présentée par Ali Baddou. Ma réaction première a été un ricanement intérieur suivi d’une furieuse envie de l’envoyer sur les roses. Mais, anticipant l’opportunité d’écrire un article sur les coulisses d’une émission de cette chaîne propagandiste, j’ai pris sur moi et ai accepté l’invitation, prête à jouer le jeu. Et je dois dire que je n’ai pas été déçue.
Convoquée pour 16h30 ce jeudi 7 mai pour une diffusion le lendemain midi, après un certain temps d’attente je me suis installée sur des gradins au confort spartiate, tandis qu’une présentation de la procédure nous était donnée par la chauffeuse de salle qui se trouvait être la personne qui m’avait invitée.
Le public, majoritairement jeune mais avec quelques personnes plus âgées, était peu nombreux. Tous étaient venus sur invitation dont une bonne partie, dont moi, n’avait même jamais entendu parler de l’émission. Les personnes présentes n’étaient donc en aucun cas des fans mais de simples curieux qui ne seraient jamais venus spontanément si on ne leur avait pas proposé, moyennant des places de spectacles en plus de l’invitation par elle-même. En clair, s’il ne fallait compter que sur l’attractivité de l’émission en elle-même il n’y aurait pas de public. Il faut dire que son contenu a volé, en tout cas ce jour-là, particulièrement bas.
L’équipe de chroniqueurs est arrivée, Nicolas Domenach, Ariel Wizman, Ali Baddou et une certaine Ophélie Meunier, entre autres. Celle-ci, au demeurant ravissante et manifestement pleinement consciente de ses atouts, ne s’est à aucun moment avisée de la présence du public qu’elle n’a salué ni en entrant ni en repartant, ni même regardé une seule fois durant les deux heures qu’a duré l’enregistrement. J’ajouterais par honnêteté que Nicolas Domenach a été très courtois et respectueux envers les personnes qui s’étaient déplacées jusqu’à Boulogne.
Hormis la promotion du livre d’un couple ayant ramené des recettes de différents pays, les différents sujets traités, si l’on peut appeler cela comme ça, ont été affligeants de vide de bout en bout, au point même qu’Ariel Wizman n’a ni parlé ni présenté quoi que ce soit durant toute l’émission. Mais on présume que sa présence inutile lui a tout de même été rémunérée. Le travail de rêve !
Après qu’une jeune femme soit venue présenter une salade avec des larves qu’elle n’a pas été capable d’identifier alors que c’était son sujet – lesquelles étaient très bonnes au demeurant -, Nicolas Domenach a très vaguement évoqué l’actualité, dont le traité sur la surveillance, le pseudo « fichage » de Ménard et l’intervention des Femen au 1er Mai du FN, le tout en quelques secondes montre en main. Au moins avec le faire-valoir Zemmour, Domenach pouvait se vanter d’exister, de pratiquer son métier et d’avoir un peu de renommée… Son rôle ridicule dans la Nouvelle Edition revient à lui avoir trouvé une place dans le placard sous l’escalier. Au moins est-il dans son élément bien-pensant…
Il s’est montré tout émoustillé de montrer un gros plan d’un exemplaire de Rivarol tenu par une personne repérée dans la foule du défilé du FN, ainsi qu’un extrait d’interview de Marine Le Pen affirmant que jamais le FN ne s’était permis d’aller interrompre un discours d’un autre parti comme l’ont fait les Femen ce jour-là. Et là, notre Domenach qui attendait ce moment depuis le saut du lit, l’œil vif, la queue frétillante et le sourire extatique frisant la commotion, a contesté vigoureusement l’affirmation, vidéo de l’INA à l’appui. Et bien si ! Figurez-vous qu’en 1979 des personnes d’extrême droite ont foutu le boxon dans un meeting de Simone Veil !
Même Ali Baddou a trouvé que c’était tout de même être allé fouiller un peu loin pour trouver un malheureux incident de derrière les fagots, précisant que Marine Le Pen en plus n’était même pas encore au FN à l’époque. Et Domenach, vexé mais fier quand même de sa trouvaille, de répondre « Ah ! Mais elle a menti ! C’est arrivé une fois ! ».
Et en dehors de deux séquences, l’une présentant de la musique classique avec deux orchestres nordiques sans diversité et un troisième avec un rappeur, et l’autre très courte des Kalachnikov et des M16, tout le reste a été du même tonneau.
Dans une vidéo un homme s’est mis à fantasmer sur un accident de la route dans lequel mourait Jean-Marie Le Pen : «…une nationale, à plus de 150 peinard, la roue qui se taille dans un virage, avec plein d’arbres… ». Bien entendu, la salle a été encouragée à applaudir cet appel à la mort d’un homme. Une attitude somme toute normale en pays civilisé de gauche…
Je suis sûre que si on interrogeait ces personnes du public individuellement, pas une seule ne se déclarerait favorable à la peine de mort… Mais l’effet de groupe est terrible et terrifiant. Par la seule crainte du jugement des autres, on pourrait très facilement faire de n’importe qui le dernier des monstres.
Et comme à ce moment précis il y a eu trois fois de suite un problème technique, la salle a applaudi la mort de Le Pen par trois fois.
Enfin l’apothéose. Est arrivé une espèce de tête à claques que la chauffeuse de salle nous avait présenté comme « humoriste » tout en nous prévenant que nous risquions de ne pas le trouver drôle mais qu’il nous faudrait tout de même l’applaudir pour ne pas casser l’ambiance. Un certain Pierre-Emmanuel je ne sais pas quoi, durant de trop longues minutes, a tenté une sorte de blague scatologique avec moult détails scabreux qui auraient pu être drôles à condition d’avoir un minimum de talent.
Je ne sais trop comment son final est arrivé, tellement son histoire était aussi pesante qu’une constipation, mais j’ai le souvenir que ça se terminait en deux temps, d’abord par l’euphorie que lui aurait provoqué le dépucelage de la statue de Jeanne d’Arc puis, s’adressant au public dangereusement indulgent, par un commentaire sur la période de l’Occupation dans lequel il disait que « les nazis c’est des méchants qui ont fait du sexe avec vos arrières grands-mères et c’est pour ça que vous avez les cheveux blonds ».
Et se démarquant de quelques toussotements gênés des chroniqueurs, tout le public a applaudi. Sauf moi parce que je ne suis pas blonde et que j’ai compris ce qu’il disait.
Ce personnage vulgaire et sans talent a compensé son abyssale nullité en traitant le public présent et l’ensemble des Français d’enfants de nazis. Et le public a applaudi parce qu’on lui a fait signe d’applaudir à ce crachat fait à leur endroit, à cette vomissure envers leur famille, à cette insulte dégueulasse faite aux patriotes défenseurs de la Nation, à ceux qui ont connu les privations de la guerre, l’humiliation de la présence ennemie et le chagrin pour ceux qui n’en sont pas revenus.
Voilà ce que fabrique Canal Plus : du décérébrage, de la propagande, de la haine de soi. Nous le savions déjà mais le vivre de l’intérieur et observer surtout la réaction d’un public amorphe, totalement engourdi par l’auto-flagellation et la propagande liberticide, et intellectuellement incapable de comprendre qu’on l’insulte, là, sous son nez, c’est particulièrement violent.
Imaginez un instant un propos similaire adressé à des Cambodgiens par exemple : « Les communistes c’est des méchants qui ont fait du sexe avec vos arrières grands-mères et c’est pour ça que vous avez des têtes de Pol Pot ». Cela susciterait à juste titre un tollé.
Du vide et de la merde. L’esprit Canal, l’esprit anal.
Caroline Alamachère
PS : ci-dessous un courrier électronique envoyé ce jour au CSA afin de les alerter et de demander que des excuses soient faites
( http://www.csa.fr/Services-en-ligne/Formulaire-pour-signaler-un-programme ) :
Bonjour,
J’aimerais signaler un propos de M. Pierre Emmanuel Barré évoquant la période de l’Occupation et dans lequel, s’adressant sans équivoque au public présent et aux téléspectateurs, il a insulté ceux-ci par le commentaire suivant : « les nazis c’est des méchants qui ont fait du sexe avec vos arrières grands-mères et c’est pour ça que vous avez les cheveux blonds ».
De telles insultes sont inadmissibles et profondément choquantes. Je vous demande donc de prendre les mesures nécessaires afin que la production de l’émission La Nouvelle Edition fasse des excuses publiques aux Français scandaleusement insultés. Ces injures perpétuelles au peuple sont intolérables et un minimum de respect du public est nécessaire, il devient impérieux d’y veiller puisque tel est votre rôle. Je vous en remercie.
Je suis d’accord avec François.
Voilà un compte rendu qui mérite d’être porté à la connaissance du public !