Comme à chacune des conférences organisées par la mairie de Béziers sous l’appellation « Béziers libère la parole », la salle était comble. Les techniciens du palais des congrès ont même du installer des chaises dans le hall afin que certains spectateurs puissent suivre l’intervention de Philippe Bilger sur grand écran.
Monsieur le maire, Robert Ménard, présentait éloquemment son ami à la foule des participants dont certains étaient assis à même le sol entre les travées… Ambiance garantie pour le conférencier !
L’échange se déroula sans ambages sous forme de questions/réponses entre la salle et l’ex-magistrat qui put durant plus de deux heures présenter sa vision atypique de la chose judiciaire. Après 40 années de magistrature, son expérience permit à l’auditoire d’éclaircir certaines interrogations justifiées relatifs aux multiples dysfonctionnements de la machine judiciaire.
Le ton fut vite donné dès la première question où la personnalité clef de la Garde des Sceaux actuelle Christiane Taubira était mise en avant. Sa responsabilité dans l’évolution catastrophique de la justice française fit l’unanimité dans la salle. La question de son maintien indéfectible au gouvernement soulevait également nombre d’interrogations quant aux liens qui la lient à ses plus fervents soutiens que sont les 1er Ministre et le président Hollande lui-même ! Philippe Bilger égratignant également au passage Rachida Dati qui, selon lui, « ne comprenait rien aux affaires juridiques ».
Parmi les thèmes évoqués il y eut bien entendu celui de la liberté d’expression autour de l’ « affaire Dieudonné » à laquelle Philippe Bilger avait réagi à l’époque sur son blog.
Un responsable de l’association Entraide Solidarité évoquait les différentes affaires de légitime défense non reconnue qui suscitèrent l’émotion ces dernières années comme l’affaire Galinier près de Béziers ou récemment celle du buraliste de Lavaur. Ce fut l’occasion pour l’ancien avocat général, sans défendre l’idée d’autodéfense puisque « nous sommes théoriquement dans un état de droit », de fustiger l’une des trois obligations requises pour être en état de légitime défense à savoir que « la condition de proportionnalité est une ânerie sans nom ».
L’intervenant traita également de la récente loi sur le Renseignement à l’étude au gouvernement. Ce Patriot Act à la française qui, selon lui, permettrait moins d’opacité dans la lutte contre le terrorisme. Il avouait cependant, sous-estimer la menace pour les libertés du citoyen.
La question de l’instrumentalisation à des fins politiques de la justice sous Taubira revint régulièrement dans la discussion avec notamment le sentiment de 2 poids 2 mesures entre la sévérité des peines pour les « honnêtes citoyens » et la permissivité dont bénéficient les « voyous » professionnels. L’évocation par la salle de l’affaire du « Mur des Cons » du Syndicat de la Magistrature fut l’occasion pour Philippe Bilger de dénoncer le syndicalisme judiciaire outrancier qui grève l’efficacité du système tout entier. Mais également d’affirmer son opposition à la vision angélique de gauche qui pose le délinquant comme une victime de la société et par là intrinsèquement irresponsable de ses actes…
Une soirée très riche d’enseignements où le public biterrois put se confronter à la difficulté d’appréhender pleinement l’univers judiciaire de notre pays tout en appréciant les qualités oratoires de Philippe Bilger. Pour une fois où c’est un avocat général qui se retrouvait jugé par son auditoire, l’acquittement a été de mise !
Robert Ménard conclu cette session en nous donnant rendez-vous le 10 juin pour une rencontre avec l’africaniste Bernard Lugan.
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