De Mao à Xi Jinping: le sort des Chrétiens de Chine raconté par Liao Yiwu

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L'écrivain chinois en exil Liao Yiwu poursuit son oeuvre de grand témoin de la face cachée de la Chine et des souffrances de son peuple, cette fois dans un livre-enquête passionnant consacré aux chrétiens sous le régime communiste, "Dieu est rouge".

Rouge comme la terre du Yunnan, la province du sud-ouest de la Chine où il a rencontré catholiques et protestants de la première heure. Rouge comme le teint brique de ces villageois, pauvres parmi les pauvres, exposés au soleil des hauts plateaux tibétains. Rouge comme leur sang mêlé à la terre depuis plus de soixante ans.

Liao, qui vit en Allemagne depuis 2011, écrit comme il respire : un livre par an depuis sa fuite de Chine. Pour faire vivre la mémoire, "pour que toutes les souffrances prennent un sens. Parce que des souffrances qui disparaissent comme le sucre dans de l'eau, ce sont vraiment des souffrances pour rien", explique à Paris, à l'occasion de la sortie en français de "Dieu est rouge", celui qu'on appelle le "Soljenitsyne chinois". Un surnom qui lui a été donné après "l'Empire des ténèbres", son récit choc de l'enfer vécu pendant quatre ans dans les geôles chinoises pour avoir publié un poème sur le massacre de Tian An Men en 1989.

Les souffrances des chrétiens et, principalement, de ceux qui refusent l'église officielle sous la houlette du Parti communiste, Liao Yiwu les a découvertes fortuitement, grâce à une rencontre en 2005 avec un médecin, le Dr Sun, chrétien, qui consacre sa vie à soigner les villageois de contrées reculées du Yunnan.

L'écrivain, poète et musicien a alors quitté la province voisine du Sichuan, las des persécutions policières, pour vagabonder au Yunnan. Il attache ses pas à ceux du Dr Sun qui le mènera auprès de ces familles dont il ne soupçonnait pas l'existence, converties par des missionnaires occidentaux avant l'avènement du communisme en 1949. Et dont la foi transmise de génération en génération a tenu bon envers et contre tout.

- 'Une seule religion: le fric' -

Au fil des mois, des années même, il s'entretient avec un catholique tibétain, une vieille nonne centenaire en colère qu'il lui faudra apprivoiser, un artiste de rue aveugle, des pasteurs, des prêtres, un jeune converti.... qui racontent le combat, l'absence de compromission et le lourd prix à payer pour tout cela.

On sent ce conteur hors pair se faire happer par ces histoires, s'immerger dans l'Histoire. "Quand j'écris un livre, j'y mets tous mes efforts. Je suis complètement possédé", raconte-t-il à un public captif lors d'une intervention à la librairie asiatique le Phénix à Paris.

"Mais après, je passe à un autre livre et une autre croyance", s'amuse-t-il, avant de relever amèrement qu'en Chine aujourd'hui, "il n'y a qu'une seule religion, une seule croyance : le fric".

"Les Chinois pensent qu'avec le fric, ils peuvent parler de tout avec tout le monde et que cela leur ouvrira toutes les portes. (...) Il faut que l'Occident fasse attention à ne pas tomber dans ce piège et tout oublier au profit de l'argent", avertit-il.

Liao -- alias Lao Wei (vieux Wei) dans le livre, pseudonyme adopté à la fin des années 90 pour être moins visible des autorités -- craint perte de culture et oubli chez ses compatriotes: "Est-ce que les Chinois peuvent aujourd'hui parler de Confucius, de bouddhisme, de taoïsme ? Non: ils n'ont plus les outils et, en plus, ils n'en ont pas envie".

"Avec ce livre, j'ai voulu leur donner l'occasion de réfléchir, leur enseigner ce qu'a été la véritable religion chrétienne et ses martyrs, son enracinement dans la société chinoise".

Au moins à ceux qui pourront se le procurer sur les marchés clandestins...

 

Extrait de: Source et auteur

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Un commentaire

  1. Posté par KANDEL le

    « Au fil des mois, des années même, il s’entretient avec un catholique tibétain, une vieille nonne centenaire en colère qu’il lui faudra apprivoiser, un artiste de rue aveugle, des pasteurs, des prêtres, un jeune converti…. qui racontent le combat, L’ABSENCE DE COMPROMISSION ET LE LOURD PRIX A PAYER POUR TOUT CELA.

    […] avant de relever amèrement qu’en Chine aujourd’hui, “il n’y a qu’une seule religion, une seule croyance : le fric”.
    “Les Chinois pensent qu’avec le fric, ils peuvent parler de tout avec tout le monde et que cela leur ouvrira toutes les portes. (…) IL FAUT QUE L’OCCIDENT FASSE ATTENTION A NE PAS TOMBER DANS CE PIÈGE ET TOUT OUBLIER AU PROFIT DE L’ARGENT”, avertit-il.

    Liao — alias Lao Wei (vieux Wei) dans le livre, pseudonyme adopté à la fin des années 90 pour être moins visible des autorités — craint perte de culture et oubli chez ses compatriotes: “Est-ce que les Chinois peuvent aujourd’hui parler de Confucius, de bouddhisme, de taoïsme ? NON: ILS N’ONT PLUS LES OUTILS ET, EN PLUS, ILS N’EN ONT PAS ENVIE”.
    “Avec ce livre, j’ai voulu leur donner l’occasion de réfléchir, leur enseigner ce qu’a été la véritable religion chrétienne et ses martyrs, son enracinement dans la société chinoise”. » […]

    HONNEUR, HONNEUR, à tous ces héros anonymes de la foi chrétienne en Chine.
    Quelles leçons, comme Soljenitsyne et tous les autres; maintenant, en Europe Occidentale, l’Ogre a changé de nature, c’est l’ISLAM qui veut nous avaler tout crû.

    Quant à eux, les lâches, ils sont toujours aussi nombreux … et lâches !

    “NON: ILS N’ONT PLUS LES OUTILS ET, EN PLUS, ILS N’EN ONT PAS ENVIE”. Quelle horreur, … et nous, en Suisse en 2015, avons-nous encore les outils et l’envie ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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