Si vous aviez suggéré à Cabu, un dessinateur plus ancien que le Club Dorothée, qu'il mourrait début 2015 sous les balles d'une bande d'islamistes en maraude, il aurait sans doute éclaté de rire.
C'est pourtant ce qu'il vient d'advenir hier à Paris dans les locaux de Charlie Hebdo. Les dessinateurs Charb, Wolinski, Cabu et Tignous sont morts. Parmi les autres victimes, deux policiers dont un chargé de la sécurité de la place. L'attaque fut planifiée le mercredi en fin de matinée lors d'une réunion de rédaction, s'assurant de la présence de toutes les cibles. Les assaillants déjouèrent les codes de sécurité, purent tirer sur leurs victimes pendant plusieurs minutes et parvinrent même à s'enfuir. A l'heure où ces lignes sont écrites, ils courent toujours, insulte finale aux forces de police.
Mené à Paris en plein jour et contre la caste ô combien soudée des journalistes, l'attentat a reçu une résonance médiatique maximale à l'échelle mondiale.
La France avait pu se croire à l'abri mais cette sécurité était illusoire. Trop longtemps le danger terroriste islamique était nié ou minimisé. Les jeunes fous partaient en Syrie et n'en reviendraient pas ou seraient arrêtés à leur retour, pensait-on. On n'aurait à craindre que de rares attaques de "loups solitaires" impossibles à profiler. La réputation des services de renseignement était sans tache, Vigipirate - instauré en 1995 - ferait le reste. Dans l'esprit des gens, les attentats envisagés sur sol français auraient porté avant tout contre des intérêts étrangers installés sur le sol hexagonal - des ambassades étrangères, des synagogues, des juifs et leurs écoles. Pas vraiment des français "normaux", encore moins des journalistes, et surtout pas des gauchistes. Ces perspectives étaient tout simplement inenvisageables.
La France se réveille d'une somnolence coupable. Le réveil est rude.
De nombreuses personnalités musulmanes se sont immédiatement mises en mode damage control pour limiter la casse médiatique, chantant sur tous les tons que ces terroristes se réclamant de l'islam portent tort à l'image de la communauté musulmane. C'est évidemment vrai. En revanche, aucun n'expliquera jamais en quoi ces islamistes auraient eu tort selon leur religion d'agir ainsi, et pour cause: violence et agression sont des valeurs fondamentales de l'islam.
Rien ne dit que les islamistes seront rapidement retrouvés. Ils peuvent compter sur d'innombrables sympathisants. Il suffit de voir comment certains ont réagi sur Twitter:
Certains s'indignent moyennement, dira-t-on
Tout le monde n'aimait pas Charlie Hebdo, et parmi ces gens certains n'aimaient pas Charlie Hebdo à cause des caricatures anti-islamiques qu'il publiait souvent. Il existe dans notre société actuelle des règles non-écrites en matière d'humour: il est autorisé de se moquer des catholiques, des politiciens de droite, des politiciens de gauche (avec tendresse ou seulement s'ils sont vraiment détestés), des hétérosexuels, des Américains et des riches. Il est nettement plus malaisé de se moquer des homosexuels, des immigrés, des arabes, des noirs, des juifs, des journalistes ou, enfin, des musulmans.
Si Charlie Hebdo tenait un peu la ligne ci-dessus, il empiéta fortement hors de la zone de confort humoristique en abordant le sujet des caricatures de Mahomet, puis en osant régulièrement en remettre une couche. Le rappel au règlement vient de tomber. Quelqu'un osera-t-il encore se moquer de l'islam demain? Des caricaturistes prendront-ils toujours leur plume pour faire une satire de Mahomet ou de toutes les absurdités contenues dans le coran? Voilà la question que tous les journalistes avides d'introspection devraient poser à leurs confrères sur les plateaux de télévision, voilà la question que Darius Rochebin ne posera pas au dessinateur Barrigue dans son interview au journal du soir.
Les caricaturistes et autres dessinateurs de presse se définissent volontiers comme des rebelles courageux ; nous verrons, aujourd'hui et les autres jours, ce qu'il en est. En France et dans les autres pays européens, se moquer de l'islam ne comporte pas exactement les mêmes risques que tourner en ridicule le Pape François. Remerciez des décennies de politique migratoire. Quant à la liberté d'expression érigée aujourd'hui en principe fondamental, il est on ne peut plus savoureux d'en entendre tant de bien en France ou en Suisse de la part de gens qui en sont les fossoyeurs.
Lorsque François Hollande s'est rendu sur les lieux, il n'était pas accompagné d'un officier du renseignement, d'un général de l'armée ou même d'un préfet de police ; il était avec de son conseiller personnel en communication. Voilà le genre de réponse immédiate que nos autorités sont capables de délivrer. Comme d'autres lieux jugés sensibles, les locaux de Charlie Hebdo étaient sous la protection d'une surveillance policière discrète ; pas de quoi stopper l'assaut surprise d'une équipe d'islamistes soigneusement préparée, cependant. Cela relativise quelque peu le sentiment de sécurité que les autorités tentent d'instiller en plaçant le plan Vigipirate au niveau "alerte attentat" - à moins que ce ne soit "rouge clignotant", "feu divin" ou n'importe quelle autre dénomination que le service marketing du gouvernement aura jugé appropriée.
Charlie Hebdo était un journal satirique aussi irrévérencieux que provocant. Je pensais un moment à un titre digne de lui et de son prédécesseur Hara-Kiri, comme "Gags en rafale à Charlie Hebdo: Douze morts" mais combien de gens se seraient offusqués avec raison de cet hommage douteux? L'humour n'est pas drôle lorsque l'on parle de la mort des siens et que les corps sont encore chauds. Mais si les cadavres du jour s'étaient comptés dans une église ou dans les locaux de Minute, le journal d'extrême-droite honni, Charlie Hebdo n'aurait guère hésité à faire dans la faute de goût.
C'est là sans doute que se révèle la véritable leçon du jour: être de gauche ne protège pas des islamistes. Vous êtes encarté chez les socialistes ou les communistes? Vous êtes ami du "peuple palestinien"? Vous exécrez les juifs et souhaitez tout le mal du monde à un type comme Zemmour? Pas de problème. Vous aurez droit à la mort à votre tour, comme tous les autres chiens d'infidèles.
La leçon est certainement choquante pour beaucoup de belles âmes à Paris et ailleurs, qui pensaient peut-être qu'arborer un keffieh, cuisiner "exotique" et célébrer la diversité les sauveraient de la folie meurtrière des islamistes. Il n'en est rien. Projetant trop loin son goût partagé pour la destruction de la civilisation occidentale, le gauchiste de base peu regardant sur ses amitiés pourvu que l'autre haïsse l'Occident autant que lui oublie que les musulmans (et les islamistes en particulier) n'ont rien de cool. Ils sont croyants, et n'allez pas brandir votre athéisme sous le nez. Ils ne tolèrent pas le mariage gay. Ils ne veulent rien entendre de l'égalité homme-femme. Ils ne pardonnent pas - et pratiquent volontiers la mutilation, la décapitation, la lapidation et d'autres peines lourdes et sans rémission, assez loin des jours-amende-avec-sursis dont nos progressistes post-modernes sont si friands.
Le massacre de l'équipe éditoriale de Charlie Hebdo est là pour le rappeler. La gauche se berce d'illusions en croyant partager des valeurs avec ces gens-là, c'est ce que crient des gens comme Riposte Laïque depuis des années à la gauche officielle - celle-là même dont les spins doctors et autres spécialistes en communication travaillent d'arrache-pied pour remodeler la réalité. Dès demain, ils nous expliqueront que le massacre qui vient d'avoir lieu dans les locaux de Charlie Hebdo par des islamistes aux cris de Allah Akbar n'a rien à voir avec l'islam.
Ils endormiront le peuple, ils savent le faire - jusqu'à la prochaine attaque.
Stéphane Montabert - Sur le web et sur lesobservateurs.ch
Douloureux retour de bâton :
Les membres et sympathisants de la « Grande Secte » délétère qui vomissent leurs messages nauséeux sur Twitter ne seront pas inquiétés au nom de laaa … ???
Liberté d’expression !!!
Si chère à Charlie Hebdo.
Le trajet effectué par les Pieds-Noirs dans un sens peut très bien être parcouru par d’autres en sens inverse, et très rapidement, si les méthodes d’incitations sont adaptées.
@ Pierre H.
Que voulez-vous, quand le budget de l’état français part dans la construction de mosquées, de quelques milliards donnés aux pays africains etc., en ajoutant à cela le train de vie démesuré des rois actuels de France dans leurs palais, faut pas s’étonner qu’il ne reste plus un € pour équiper la police de façon décente, ne serais-ce que changer leurs bagnoles qui ont pour la plupart plus de 10 ans et 200.000 km…
“Dès demain, ils nous expliqueront que le massacre qui vient d’avoir lieu dans les locaux de Charlie Hebdo par des islamistes aux cris de Allah Akbar n’a rien à voir avec l’islam”
C’est bien beau d’accuser à demi-mots les musulmans, en prenant bien soin de ne pas se mouiller tout en insinuant sournoisement et sans oser le nommer la source du problème, mais ce n’est pas très courageux de votre part.
Ayez le courage de vos intentions, dites-nous clairement quelles sont d’après-vous les mesures à employer contre la communauté musulmane et contre leur religion ! En France, Marine le Pen elle-même – qui n’est apparemment pas la dernière des gauchiste – a affirmé dans son communiqué qu’il ne fallait pas s’en prendre aux musulmans respectueux de la démocratie et de la civilisation occidentale. Est-ce aussi votre avis ?
Comme je l’ai déjà dit cent fois, dans leur écrasante majorité les fonctionnaires de police occidentaux sont tout juste bon à rédiger des constats post-délits à l’attention des compagnie d’assurances, servir d’encaisseurs de taxes pour l’État et pleurnicher dans les médias pour défendre leur gamelle. Point barre. Ceci sans compter leur aptitude au combat totalement inepte et leur matériel largement dépassé par celui des criminels. En France, l’entrainement serait de 30 cartouches par an sur cible fixes. Tremblez, jihadistes!
“Dès demain, ils nous expliqueront que le massacre qui vient d’avoir lieu dans les locaux de Charlie Hebdo par des islamistes aux cris de Allah Akbar n’a rien à voir avec l’islam.”
C’était déjà fait le soir-même. La 1ère chose qu’ils ont dit, avant même de rendre hommage aux décédés, c’était “pas d’amalgame”. Comme si on pouvait faire autrement !
Et comme vous le dites très bien, c’est assez piquant d’entendre F. Hollande et ses copains gauchistes plaider pour la liberté d’expression alors qu’ils ont fait tout ce qui était possible (et même un peu plus) pour faire taire Dieudonné et Zemmour.
Dur, le retour de bâton.
Excellent article allant comme un gant à ce que je pense aussi ! Une question que je me pose et qui n’est pas nécessairement formulée ici mais est lié à l’évènement. Le lendemain, à Montrouge (à l’heure où j’écris ça), une nouvelle fusillade prend place et blesse très gravement 2 policiers (entre la vie et la mort). Et le tireur a le temps de prendre son billet de métro et de se fondre dans la population où l’on perd sa trace. Comme la veille à Charlie Hebdo où les assassins auraient presque pu encore manger un kebab avant de s’enfuir et disparaître aussi. Ma question donc est comment la police est-elle organisée dans ce pays qu’est la France et n’est-ce pas le rôle du Ministre qui est en charge d’avoir une organisation efficace et qui tienne la route face à ce genre de situation ? (encore faut-il le vouloir, mais ça, c’est une autre question). J’ai vécu 10 ans aux USA et dans des cas similaires, les criminels étaient abattus dans les 10 minutes dans 9 cas sur 10 !