Le soulagement est général. Alors que les sondages sur Ecopop semblaient indiquer que l'initiative gagnait du terrain, les électeurs ne lui ont laissé aucune chance. Combattue par tous les partis en raison de son caractère extrémiste, elle a été balayée hier par 74,1% des suffrages et l'ensemble des cantons. Et le Valais, avec 78,7%, est le deuxième canton le plus opposé derrière Vaud. Rien à voir donc avec l'initiative UDC contre l'immigration de masse qui a passé la rampe de justesse le 9 février au prix d'un nouveau Röstigraben.
Mise en cause de la croissance
Plus concrètement, Ecopop voulait limiter le solde migratoire à moins de 17 000 personnes alors que les chiffres actuels sont supérieurs à 80 000. Cette approche extrêmement rigide est désormais écartée. Reste celle de l'UDC qui veut réduire l'immigration grâce à des contingents annuels déterminés en fonction des intérêts économiques de la Suisse. Bruxelles juge cette formule incompatible avec la libre circulation des personnes.
Attachement à la voie bilatérale
Mais, ce projet prend une coloration différente au vu de la netteté du score contre Ecopop. Pour le président du PS Christian Levrat, on peut interpréter le résultat comme un choix de priorité. "Nous avons désormais une marge de manoeuvre plus importante. Les Suisses préfèrent le maintien des bilatérales à une application stricte de l'initiative du 9 février." Le vice-président du PLR Christian Lüscher ne va pas si loin. Il voit lui aussi dans le vote un attachement à la voie bilatérale, mais "cela ne remet pas en cause le mandat donné par le peuple le 9 février" . Le président du PDC Christophe Darbellay est du même avis. "Il ne faut pas tout mélanger. Le rejet d'Ecopop devrait cependant faciliter les négociations de la Suisse avec Bruxelles."
L'UDC n'est pas la dernière à se réjouir du résultat du scrutin, mais elle est sur la défensive. "Je m'inscris en faux contre l'interprétation selon laquelle le peuple voudrait corriger notre initiative" , s'exclame le conseiller national vaudois Guy Parmelin. "Le Conseil fédéral a déjà trop tardé. Il doit maintenant mettre en oeuvre le texte voté le 9 février."
Nouvelle initiative
Toutefois, cet édifice pourrait être mis en cause par une nouvelle initiative populaire qui sera lancée mardi par le groupe Sortir de l'impasse qui rassemble environ 300 personnes venant de l'éducation, de la science, du monde du travail et de la culture, dont Yves Flückiger, le recteur de l'Université de Genève, l'artiste Pipilotti Rist, le footballeur à la retraite Andy Egli, ou le clown Dimitri. Elle propose d'abroger l'article constitutionnel voté le 9 février. Les initiants considèrent leur projet comme un plan B. Ils indiquent qu'ils retireront leur texte si l'initiative UDC peut être mise en oeuvre sans compromettre les bilatérales.
Ce projet suscite déjà le scepticisme des milieux politiques. Pour Christian Levrat, c'est une démarche trop défensive. "Il est préférable de se battre pour une mise en oeuvre de l'initiative UDC qui soit compatible avec la libre circulation des personnes. Cela se terminera de toute façon par un vote."
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