Dans le numéro 286 (de septembre) du mensuel Abendland, Bruno Nüsperli, qui a siégé au Grand Conseil argovien, propose un regard nouveau sur le très contesté plan d’études pour la Suisse allemande, Lehrplan 21. Nüsperli anime l’association Schulforum qui poursuit pour but un système scolaire efficace, bon pour l’enfant et contrôlé démocratiquement, dénonçant l’influence de bureaucraties étrangères (UE, OECD) sur l’appareil éducatif suisse.
Par l’école publique, on souhaite dicter le comportement d’enfants et de jeunes issus de milieux différents. Cette perception découle d’une volonté idéologique de changer nos valeurs fondamentales. On nous rabâche sans cesse que la Société a beaucoup changé et que l’école doit s’adapter. S’attacher à la tradition est forcément conservateur et empêche d’avancer, nous dira-t-on. Mais lorsque Nüsperli, pendant son mandat, demanda ce qui avait changé, personne ne put lui répondre. Plusieurs mois plus tard, lui fut remis un rapport plein de platitudes: mondialisation, informatique, mobilité…
Pourtant, l’éducation ne dépend pas de “l’esprit du temps” (de la notion philosophique de “Zeitgeist”), mais répond à de nombreuses règles de base. Celles-ci sont relatives à la biologie, à la nature de l’enfant, mais aussi à la foi. Il y a aussi l’obligation de s’exercer, d’avoir une structure dans la matière enseignée, de procéder par un système d’encouragements et de réprimandes, de définir des limites, de permettre le loisir, de garantir une certaine sécurité et aussi d’avoir plaisir à réussir. Tout cela est connu depuis l’Antiquité au moins.
Mais cela n’intéresse pas les concepteurs du LP21. Ils veulent se débarrasser d’un système de valeurs existant pour imposer la vacuité de leur propre représentation de la Société. Le refus des valeurs religieuses par les idéologies marxistes, socialistes et communistes a toujours eu un fond historique similaire: imposer le modèle social matérialiste de leurs idéologues.
“Exempt de toute valeur”, comme s’en targue LP21, est un contresens. Lorsque l’on s’attaque à l’éducation religieuse (chrétienne) proposée par la branche “Religion” (encore largement présente en Suisse alémanique) en la remplaçant par la pluralité des religions, on entend aussi comparer les valeurs chrétiennes à la Charia sans en faire une étude sérieuse. On demandera même aux élèves de pouvoir nommer deux célébrations pour chaque grande religion dans le Monde, Noël à côté de Yom Kippour. Tout est mis au même niveau selon une préconception bien définie.
On tente de changer le paradigme Suisse (alémanique) sans passer par la démocratie. Le comportement des enfants et des jeunes “doit être rendu acceptable” dans les domaines suivants: politique, démocratie et Droits de l’Homme, environnement et ressources, théorie du genre et parité, développement global, paix, identité culturelle et compréhension inter-culturelle, économie et consommation. C’est ce à quoi Nüsperli aimerait mettre fin en Argovie au moyen d’une initiative populaire.
Pour nous, Romands, on peut, entre autres, constater deux choses. D’abord, il est évident qu’une telle réflexion philosophique pourrait trouver son pendant chez nous. Ensuite, on remarque que la décomposition que pourrait subir l’Est helvétique en est, chez nous, à un stade bien plus avancé. Et enfin, précisons pour nos lecteurs que LP21 se vante de rendre plus facile le changement de domicile et de diminuer les coûts du système éducatif. Les conséquences d’un tel “progrès”, en revanche, ne semblent pas beaucoup les intéresser.
Thomas Mazzone, le 25 octobre 2014
ce genre d’éducation sent le sectarisme à plein nez ,elle est d’autant plus risible quand on sait que l’ONU aimerait que Noel ne soit plus une fête traditionnelle et quand on voit tous les effets négatifs de Halloween on est en droit de se poser de nombreuses questions
Excellent article, on n’a pas souvent l’occasion d’avoir un point de vue romand de qualité sur ce qui se passe outre-sarine. Cette réforme scolaire semble sortie directement des loges maçonniques….