Coursé à plus de 200 km/h par la police

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Les juges accordent une ultime chance à un jeune délinquant marqué par la drogue dès sa naissance. Le jeune homme a fait feu de tout bois durant plusieurs semaines.

Ballotté d'institutions en structures d'accueil depuis l'âge de 2 ans, ce jeune homme de 22 ans n'en mène pas large face aux juges du Tribunal criminel, à Neuchâtel. Il a pété les plombs durant de longs mois, multipliant sur le Littoral, au Val-de-Ruz et jusqu'à Payerne soustractions de voitures et rapines de peu d'importance entre juin
2013 et l'été 2014. Il s'en excuse et promet de faire son possible pour dédommager ses victimes, même si la liste est longue comme un jour sans pain et son avenir professionnel des plus incertains.

Quand bien même le prévenu a réussi, en prison, à décrocher de sa toxico-dépendance, le procureur n'est pas convaincu de la sincérité de ce repentir: il réclame trois ans de peine privative de liberté.

La prison...? Routinier du barreau, Oscar Zumsteg ne veut pas en entendre parler. Son client est resté vingt ans durant aux bons soins de l'Etat. Alors il tonne et s'en prend au Ministère public en s'adressant aux juges:
"Vous venez d'entendre l'Etat, qui a fait tout juste, tout parfait. Mais en fait, ils sont nuls! Monsieur le procureur, vous l'avez eu pendant vingt ans, qu'en avez-vous fait? Il coûte entre 7 et 10
000
francs par mois, soit 1,6
million de francs; ou trois fois plus avec les intérêts. Avec quel résultat?"
C'est que ce jeune homme n'a pas été gâté par la vie.
"Dès sa naissance, il a dû être sevré de l'héroïne à cause de la toxicomanie de ses parents. Il n'a pas connu sa mère et n'entretient pas une bonne relation avec son père"
, s'émeut l'avocat.

Oscar Zumsteg rend responsable les parents du prévenu, mais aussi l'Etat, qui
"n'a pas su accompagner ce garçon"
. La perspective de le voir écoper de trois ans de prison l'affole:
"A 25 ans, il en sortira pire!"
Evidemment, il admet que son client mérite une peine. Mais celle-ci devrait être suspendue au profit d'un traitement. Cette solution aurait l'avantage de lui permettre d'entreprendre l'apprentissage de maçon qu'il entrevoit.

Assurément, un job serait de nature à remettre le prévenu sur le bon chemin. Car il n'a cessé d'enchaîner
"les conneries"
ces derniers mois, entre deux incarcérations. Vols de vélomoteurs, de voitures alors qu'il n'a même pas de permis de conduire, de plaques d'immatriculation pour les poser sur les véhicules qui en étaient démunis. De scooters et mini-moto aussi, ainsi que des bouteilles, du numéraire ou encore des habits pour motards.

La dernière chance

Sous l'effet de drogues, le jeune homme passera outre les contrôles policiers. Une fois, il se jette hors du véhicule volé en marche. Une autre fois, il fonce à plus de 200
km/h sur la route cantonale entre Cornaux et Saint-Blaise, avec la police aux trousses.

Largement de trop, aux yeux des trois juges du Tribunal criminel, pour fermer ne serait-ce qu'un oeil. Si de nombreuses infractions ne sont pas d'une extrême gravité, le président du tribunal parle tout de même d'une
"hémorragie d'infractions sur une courte durée"
. Aussi, le tribunal ne suit pas le plaidoyer de l'avocat. Il estime que, même imparfait, l'Etat n'a pas failli; il a permis au prévenu d'entreprendre un apprentissage, qui n'a pas été mené à terme.
"Vous êtes responsable de votre situation aujourd'hui"
, a relevé le président Bastien Sandoz, en accordant toutefois une responsabilité diminuée.

En phase avec les souhaits du délinquant, le tribunal renonce à un placement dans un centre pour jeunes adultes. Il lui consent une dernière chance en le condamnant à trente mois de prison, dont quinze mois ferme (sous déduction de 352 jours de préventive) et quinze mois avec sursis durant quatre ans. Durant ce délai probatoire, le condamné devra se soumettre à un traitement ambulatoire contre les addictions, trouver un domicile stable et reprendre une formation.

 

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