« Si je suis un “sans-dents”, lui, c’est un bel enc… » La rime est pauvre, mais Jean-Philippe n’est pas d’humeur poète. Dans le placard de sa cuisine, deux paquets de coquillettes se battent en duel avec une boîte de cassoulet et un tube de concentré de tomates. « Quand je n’ai plus rien, confie-t-il, je mange du pain avec du sucre : le secret, c’est de fermer les yeux et de laisser couler le sucre dans la gorge, pour en profiter plus longtemps. » Dans sa chambre aux murs dévorés d’humidité, pas d’armoire : ses vêtements s’entassent sur un fauteuil cassé, à côté d’un matelas posé au sol. En hiver, c’est la seule pièce qu’il chauffe, avec un vieux poêle à mazout asthmatique. Presque incongrue au milieu de cette misère, surnage une jolie collection de vinyles, ultime vestige de sa vie “d’avant” : « J’ai fait partie du dernier plan social des APO [Aciéries Paris-Outreau, NDLR]. Je n’ai pas retrouvé de vrai travail.
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