30'000 volontaires ont été mobilisés vendredi en Sierra Leone pour rendre visite aux habitants assignés à résidence. But de l'opération: distribuer un "kit" contenant du savon, des autocollants et des imprimés explicatifs sur le virus Ebola.
Les six millions d'habitants de la Sierra Leone se trouvaient vendredi assignés à résidence pour une campagne de porte-à-porte géante de trois jours visant à juguler Ebola. L'épidémie a été décrétée "menace pour la paix et la sécurité internationales" par l'ONU.
Le président Ernest Bai Koroma a expliqué que le but de cette opération controversée était la prise de conscience des populations, un enjeu vital tragiquement illustré en Guinée voisine par le sort de huit membres d'une mission de sensibilisation, tués par des villageois.
Avec le Liberia et la Guinée, la Sierra Leone est l'un des trois pays les plus durement frappés par l'épidémie, qui a fait 2630 morts sur 5357 cas depuis le début de l'année.
"Tout le monde semble respecter les consignes", s'est félicité le chef de la police, Francis Munu, qui a déployé quelque 2000 policiers dans les rues de la capitale Freetown pour l'occasion.
Trente mille volontaires
La population est autorisée à sortir pour des nécessités essentielles, comme chercher de l'eau, et à aller prier après 18 heures locales (20 heures en Suisse). "La police ordonnera à quiconque sera trouvé dans la rue sans motif valable de rentrer immédiatement chez lui", a averti le président.
Quelque 30'000 volontaires étaient mobilisés, pour rendre visite à 1,5 million de foyers. Leur mission est de distribuer à chaque foyer un "kit" contenant du savon, des autocollants et des imprimés explicatifs, et d'installer des comités de veille, mais pas d'entrer dans les domiciles. Les volontaires alerteront les services spécialisés s'ils découvrent des malades ou des morts.
L'initiative a eu un peu de mal à démarrer vendredi, les volontaires du centre médical de Murray Town n'ayant pas reçu leurs "kits" . "On risque de ne pas atteindre notre objectif aujourd'hui ou alors il faudra rester après 18 heures ce soir pour y arriver", a commenté l'un d'eux.
Doutes de certains experts
S'attendant à une augmentation des cas recensés (1673 déjà, dont 562 morts), les autorités ont prévu des lits supplémentaires, dont plus de 200 autour de la capitale.
L'accueil initial était plutôt favorable. "Nous étions dans la confusion parce qu'il y avait beaucoup de messages contradictoires dans le quartier sur cette campagne, mais nous voyons maintenant que c'est une bonne chose", a déclaré Sammy Jones, un père de famille de Regent, dans l'ouest de Freetown.
Si l'UNICF, qui participe au financement, a salué l'opération, les spécialistes de santé publique doutent de l'efficacité de mesures aussi coercitives qui risquent de nuire à la lutte en sapant une confiance déjà fragile entre populations et professionnels de santé.
Ce risque est particulièrement important dans le cas d'Ebola, qui a suscité des réactions de déni, parfois violentes, des habitants. Huit responsables locaux et journalistes guinéens portés disparus après des heurts mardi lors d'une campagne de sensibilisation dans le Sud, région la plus touchée, ont été retrouvés morts, tués par des villageois.
Urgence sanitaire inédite
La mobilisation internationale a franchi un palier, avec l'adoption jeudi par le Conseil de sécurité d'une résolution unanime qualifiant l'épidémie de "menace pour la paix et la sécurité internationales", une première pour une urgence sanitaire. L'ONU estime avoir besoin de près d'un milliard de dollars sur six mois.
Selon la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Margaret Chan, il s'agit "du plus grand défi jamais relevé par l'ONU et ses agences en temps de paix".
Le docteur David Nabarro, coordinateur de l'ONU pour Ebola, estime qu'il faudrait que la réponse de la communauté internationale soit "vingt fois plus forte qu'elle ne l'est en ce moment".
Pont aérien
Par ailleurs, la France et l'Allemagne ont convenu de mettre en place un pont aérien dans les pays africains touchés par l'épidémie, à l'issue d'une rencontre à Paris vendredi entre le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et son homologue allemande Ursula von der Leyen. Paris et Berlin prévoient d'installer leur base à Dakar, capitale du Sénégal.
La Bundeswehr, l'armée allemande, veut envoyer jusqu'à 100 soldats et quatre avions de type Transall pour assurer et coordonner l'aide. Elle veut notamment envoyer un centre médical mobile de 50 lits au Liberia tandis que la France entend le faire en Guinée, selon la même source.
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