Le monde analyse le discours de la gauche sur l’immigration et y décèle un changement « sémantique »…
Le gouvernement Valls va-t-il signer l’arrêt de mort d’«une gauche de posture, qui manque de maturité et qui ne raisonne pas en termes d’efficacité» sur les questions d’immigration, comme l’a souhaité récemment le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve ?
Sémantiquement, en tout cas, les derniers discours du gouvernement semblent témoigner de la mue accomplie par le Parti socialiste sur les thématiques d’immigration depuis les années 1980.
« Ayons le courage de dire que trente ans de politiques d’intégration, destinées à des populations choisies pour leurs origines, ont fait fausse route. Moi, je ne connais que les politiques de citoyenneté. » (Manuel Valls, 31 août, à La Rochelle)
1981 : le combat pour les immigrés
Le programme présidentiel de François Mitterrand en 1981 s’intéresse essentiellement aux immigrés sous l’angle des « nouveaux droits » qui leur sont promis : droit de vote des étrangers, suppression des discriminations ou droit d’association pour les travailleurs immigrés. L’époque est à l’éloge du multiculturalisme et la valorisation de la diversité, au service d’un «droit à la différence» qui rompt avec l’assimilation républicaine classique. [...]
Second septennat Mitterrand : le « tournant réaliste »
La montée du Front national et la cohabitation (1986-1988) infléchissent le discours des socialistes. [...]
Années Jospin : l’aller-retour
La fin de l’ère Mitterrand marque une courte inflexion. En 1995 puis en 1997, Lionel Jospin fait campagne sur l’abrogation des lois Pasqua et Debré, qui ont durci les conditions d’entrée et de séjour des immigrés, au profit d’« une législation respectueuse du droit des gens ». Arrivé à Matignon après la dissolution de 1997, il régularise près de 80 000 sans-papiers.
Années 2000 : la normalisationAlors qu’au ministère de l’intérieur puis à l’Elysée, Nicolas Sarkozy fait d’un discours ferme sur l’immigration, sa marque de fabrique (tout en maintenant le rythme « naturel » des régularisations, entre 20 000 et 30 000 par an), le PS se fait plus discret. [...]
Manuel Valls franchit toutefois une étape le 14 mars 2013, en déclarant que «les Roms ont vocation à rester en Roumanie ou à y retourner», brisant le consensus de la gauche sur l’intégration des immigrés. [...]
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