“L’islam officiel a généré l’islamisme”

post_thumb_default

Extrait de: Savoir ou se faire avoir

 

Source: Soheïb Bencheikh dimanche à la fondation Amirat. L’intolérance religieuse qui marque aujourd’hui la société algérienne n’est que la conséquence des choix du pouvoir qui n’a pas su faire la part des choses entre la réappropriation de l’identité nationale et le refus de l’autre.


Comment l’Algérie parviendra-t-elle à faire face aux nombreux défis de ce XXIe siècle et surtout aux dangers qui la guettent, alors qu’elle a du mal à se concilier avec sa diversité culturo-religieuse ? Cette question a été au centre des débats, dans la soirée du dimanche 6 juillet, lors de la conférence sur le “dialogue entre l’islam et le christianisme en Algérie”, organisée par la Fondation Amirat, à Alger. “La société algérienne est une société qui n’aime pas la diversité. Nous n’aimons pas l’autre qui est différent de nous. Nous sommes une société qui a sacrifié ses minorités, une société qui repousse, qui refuse et qui rejette ses minorités”, a déclaré le Dr Soheib Bencheikh, écrivain et ancien recteur de la mosquée de Marseille (France).

L’auteur de Monothéisme et violence a également laissé clairement entendre qu’une société qui agit de la sorte est “une société décadente”. M. Bencheikh a gardé le cap sur la critique parce que, dira-t-il, “un homme de foi a une foi à son service et n’a pas peur de la confrontation (des idées, ndlr) ni de la vérité”.

Selon lui, l’islam est réduit aujourd’hui à “un folklorisme de mauvais goût”. “Nous avons une religion facile à exploiter par le politique. C’est toujours le politique qui utilise le religieux pour perdurer dans le pouvoir ou pour conquérir le pouvoir”, a-t-il poursuivi, avant de lancer tout de go: “C’est l’islam officiel qui a créé l’islam contestataire.” Soheïb Bencheikh, celui-là même qui avait révélé à la presse nationale, il y a à peine un an, que l’article II de la Constitution est “une curiosité parmi tant d’autres” et que l’État “n’est pas un individu doté d’une conscience qui se convertit à une religion”, est revenu sur “la frilosité identitaire” de beaucoup d’Algériens en interpellant, cette fois, l’assistance sur le pourquoi d’une l’Algérie qui “a peur de l’altérité, de l’autre”.

Le thème sur le dialogue islam-christianisme dans notre pays a aussi été l’occasion pour les deux animateurs, Monseigneur Henri Teissier et Abderrahmane Khelifa, respectivement ex-archevêque d’Alger et docteur en histoire et archéologie, de revisiter les différentes étapes de la rencontre entre les religions. Un dialogue qui, comme le précisera M. Khelifa, “commence par l’affrontement, puis on essaie de connaître et de comprendre l’autre”.

Dans son intervention, Mgr Teissier a observé que la période coloniale 1830-1962 a été “une période où la population algérienne était méprisée et sans droits”. Malgré ces injustices et discriminations, des chrétiens d’Algérie, à l’exemple de Mgr Duval et de père Scotto, pour ne citer que ceux-là, “ont découvert l’islam et les Algériens musulmans” et ont joué un rôle positif dans l’évolution de l’église algérienne et dans le changement de regard de l’église universelle. Pour l’intervenant, l’Émir Abdelkader était parmi ceux qui ont contribué au dialogue entre les deux religions.

“Voilà un homme qui était à la tête de la résistance algérienne et qui, par sa seule présence à Pau, où il était condamné à une sorte d’emprisonnement, est découvert (par les chrétiens, ndlr) et respecté”, a-t-il affirmé.

S’exprimant sur le cardinal Lavigerie et sur le père Foucault, plus préoccupés par l’opération d’évangélisation de l’Afrique, pour l’un, et des Touareg, pour l’autre, Mgr Teissier a retenu qu’ils avaient appris à connaître la société algérienne et contribué, par la suite, à faire évoluer le regard des chrétiens dans le monde les concernant.

Un avis qui n’a pas été partagé par l’historien, lequel a préféré disserter sur la “prise en charge de l’islam par le colonisateur” à travers le contrôle des autochtones et la politique de division entre les Algériens (ceux de la Kabylie-Sud et le reste de la population). Sans omettre de rappeler toutes ces mosquées détruites à la suite de l’occupation du territoire algérien. Sans nier l’évolution positive de l’église algérienne, M. Khelifa a, en outre, fait part de l’émergence, dans les années 1950, d’une nouvelle terminologie, “la civilisation judéo-chrétienne”, venue “occulter” la troisième religion monothéiste, excluant de fait les musulmans.

Est-ce à dire que le dialogue n’existe pas ? “Sans paix entre les religions, il n’y a pas de paix mondiale, et sans paix mondiale, il n’y a pas de paix entre les religions”, signalera-t-il.

 

Source et auteur: Savoir ou se faire avoir

 
 

Avertissement: Cet article est issu d'une reprise informatique. Il peut arriver que certains contenus proviennent d'agence de pays "non alignés", voire de sites aux opinions clairement orientées. Ces contenus et ces opinions n'en sont pas moins relevants pour la compréhension du monde et de ce qui fait l'information, c'est pourquoi nous les maintenons. Nous nous en remettons au discernement et à la bonne intelligence de nos lecteurs pour faire le tri et distinguer les sources. Ne manquez pas de nous signaler tout abus ici, merci d'avance.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.