Source: Mariage — Pour réformer le droit de la famille, une professeur de droit propose de lever l’interdiction de la polygamie. Une «ânerie» qui n’a aucune chance, prédit Yves Nidegger.
Image: Getty ImagesAux oubliettes, le mariage traditionnel. L’union sacrée entre deux personnes, c’est démodé. Voici venu le temps de la «communauté de vie». Sorte d’union libre à plusieurs, juridiquement intéressante si l’on veut dépoussiérer le droit de la famille. Et l’une des conditions pour la réaliser: lever l’interdiction de la polygamie.
Proposition très sérieuse
La proposition n’a rien d’une blague. Relayée par la RTS, elle émane d’une brillante professeure allemande de droit à l’Université de Bâle, Ingeborg Schwenzer, lors du symposium «Avenir Famille», qui s’est déroulé mardi à l’Université de Fribourg. Cette experte, mandatée par le Département fédéral de la justice et police (DFJP), a même touché 20 000 fr. pour parvenir à cette conclusion. La thèse a choqué la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, qui a rétorqué: «Personne ne veut introduire la polygamie en Suisse.» Dans cette étude, deux autres professeurs ont planché sur la réforme du droit de la famille. Des pistes que le DFJP est censé présenter au Parlement. «Ces âneries ne seront jamais présentées sous forme de projet de loi. Mme Sommaruga paraissait choquée, mais c’est un peu tactique. Elle pourra ainsi faire passer d’autres idées à peine moins loufoques», réagit Yves Nidegger, avocat et conseiller national (UDC/GE), présent au symposium. En conservateur, il défend le mariage traditionnel. Et même s’il reconnaît une «évolution des mœurs, ce n’est pas une raison pour que l’Etat se mette à créer des institutions de droit autour de tout ce qui peut ou pourrait se passer dans une chambre à coucher. Cette professeure voudrait faire entrer dans le droit de la famille toutes les formes d’associations interpersonnelles ou sexuelles imaginables. En gommant au passage le sens premier du mariage qui est d’assurer un père à l’enfant.»
Le DFJP maintient que «dans certains milieux culturels, des mariages polygames sont pourtant conclus: c’est une réalité que les autorités et les juges suisses ne peuvent pas ignorer». Qu’on ne peut pas ignorer peut-être, mais qui ne sont pas légion. Alain Pfammatter, conseiller en santé sexuelle chez Profa, explique que «les gens ne s’identifient pas à la polygamie. Je ne connais pas de système de relations stables à plusieurs. Généralement, il y a un partenaire principal et avec l’accord de ce dernier ou pas, l’autre peut entreprendre des relations sexuelles en dehors du couple.»
Et sur le plan juridique, le concept de communauté de vie, soi-disant plus simple, reste à prouver. «Le divorce permet d’enlever des liens juridiques, quand il s’agit de régler la question du patrimoine ou celle des enfants. Sinon, se remarier à un autre partenaire alors que l’on est déjà marié peut se révéler très compliqué», conclut Pierre Mauron, avocat spécialiste du droit de la famille.
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