Il est précisé : « Et revenir, dans le même temps, aux bases du métier ». Mieux : « Ecrire ce qui est… sortir des bureaux. Enquêter, être à l’écoute sans a priori et sans cynisme ». La meilleure : « Plus d’humilité » ! Là on se tord. Plus d’humilité à l’Hebdo, le magazine fouetteur de tout ce qui ne va pas dans le sens de la bien-pensance, et donneur de leçons permanent (le fond de commerce le plus important).
Le dernier numéro du 1er mai annonce la couleur : « Les journalistes doivent évoluer, eux aussi ». Voilà qui est dit. Et fait ?
Il est précisé : « Et revenir, dans le même temps, aux bases du métier ». Mieux : « Ecrire ce qui est… sortir des bureaux. Enquêter, être à l’écoute sans a priori et sans cynisme ». La meilleure : « Plus d’humilité » ! Là on se tord. Plus d’humilité à l’Hebdo, le magazine fouetteur de tout ce qui ne va pas dans le sens de la bien-pensance, et donneur de leçons permanent (le fond de commerce le plus important).
Généralement quand un magazine s’interroge à ce point et veut être le contraire de ce qu’il est c’est qu’on n’est pas au beau fixe. Est-ce le cas ? On verra bien.
La prétention hebdonienne reste cependant intacte : « De plus grandes ambitions ». Encore plus grandes ? « Donner du sens aux événements et organiser la pensée ». Rien que cela. Mais quel sens ? La critique du réduit national, du patriotisme ringard et d’un seul parti… Devinez lequel ?
Sans doute aussi un éloge renforcé de… l’Union européenne ? Voyons, cela va de soi.
Cet aggiornamento a été maintes fois effectué par de nombreux de journaux et depuis de longues années, avec même appel parfois à des experts qui arrivaient toujours à des conclusions semblables, et reprises aujourd’hui par l’Hebdo comme si elles étaient nouvelles, et cela à un moment qualifié de : « historique ». Mieux vaut tard que jamais, mais alors il faut enfin appliquer ce que l’on prône. Faites ce que je dis…
En effet, comme nous l'avons déjà signalé à plus d'une reprise, ces experts, comme par exemple celui du NYT, New York Times, appelé à s’interroger (en 1985, il y a donc 30 ans) sur le fossé grandissant entre les médias et la population, parlait déjà d’humilité, cela après la découverte d’une longue série d’articles bidonnés par un journaliste de l’interne, malgré la renommée du journal (tout de même plutôt de gauche).
Rappel : cet expert devait répondre à la question suivante : comment reconquérir la confiance des lecteurs suite à l’érosion de son lectorat, et regagner en légitimité ? Il pointait aussi l’orientation générale à gauche, on ne parlait pas encore de bien-pensance. Etait aussi soulignée une autre tendance : le fait que les médias sont devenus un pouvoir sans contre-pouvoir. Un tel phénomène ne guette-t-il pas aussi un paysage médiatique où il n’y a qu’un seul hebdomadaire politique ?
L’expert regrettait ensuite la déconnexion du journal d’avec le pays profond. Tiens, le fait de moquer et de tenter de ridiculiser en permanence un certain électorat conservateur ne relèverait-il pas de ce même phénomène dans le « nouveau » programme de l’Hebo qui mentionne pourtant la volonté d’« être à l’écoute sans a priori et sans cynisme ». Sans rire.
N’est-ce pas beau ? Une autre question : certains peuvent-ils vraiment changer ? Les paris sont ouverts.
Une autre recommandation aux journalistes de l’expert du NYT, toujours en 1985 : être plus réceptifs aux faits, parler du monde tel qu’il est, plutôt que d’un monde tel que le voudraient les journalistes.
Finalement, l’autocritique. Où est-elle ici ? Il ne faut quand même pas trop demander.
La concurrence, l’Internet, les sites d’infos et de réinformation ? Oui, qu'en est-il? Heureusement que ces derniers veillent et sont de plus en plus actifs, nombreux et diversifiés, eux. Un « lifting graphique » ne suffira pas à les rendre inutiles. Le risque qu'ils disparaissent ne semble pas trop grand.
Ces journalistes ont beau crier : vive la concurrence ! Oui, d'accord, même si c’est avec des moyens financiers totalement inégaux, incomparables et pour le dire tout net, inacceptables, du moins dans un pays qui se veut démocratique et pluraliste, qualités qui devraient aussi exister dans le domaine des médias, afin que ce quatrième pouvoir ne soit pas sans contre-pouvoir.
Ces journalistes veulent-ils réellement le pluralisme, la critique et la concurrence comme ils l’affirment constamment. Un léger doute plane, surtout en nous souvenant de la réponse négative de l’un des grand éditeurs suisses à qui nous avions proposé, pour le titiller, de soutenir financièrement également notre site puisqu’il parlait constamment de pluralisme. Il avait ouvertement répondu qu’un tel soutien « ne serait pas bien compris par nos collaborateurs… ». Voilà qui est dit et rappelé.
Toujours ce fossé entre le dire et le faire. Mais dans un domaine prétendument vital pour la démocratie.
A propos de pluralisme, une dernière petite question : l’Hebdo se vante de l’imminent et dixième « Forum des 100 ». Félicitations ! Mais pourquoi avoir biffé certains rédacteurs parfois critiques envers l’Hebdo ? Il va de soi que ce n’est pas parce que l’on ne supporte pas cette critique, puisque l’on veut « déstabiliser et être impertinent », mais pour des raisons purement administratives ; un nom ne peut-il pas parfois sauter ? une secrétaire être maladroite…ou un ordinateur faire une erreur, ou les pratiques tout simplement changer ?
Anyway, bon vent et bon succès pour l'application du nouveau programme, en espérant que sa mise en pratique sera aussi effective que dans les lieux où il fonctionne depuis longtemps.
PS. En poursuivant la lecture au-delà de la couverture de cet « Hebdo nouveau », un premier article semble pourtant déjà échapper aux promesses du Programme Nouveau : il est comme d’habitude fait de critiques d’un certain parti politique …devinez lequel ? Et d’injonctions politiques fermes : « face au jusqu’au-boutisme de l’UDC, il devient urgent que les libéraux-radicaux et les démocrates-chrétiens reprennent la main sur le débat européen aux côtés des socialistes… ». Un nouveau projet de cordon sanitaire ?
Suivent encore plusieurs paragraphes faits de multiples injonctions successives aux partis non pestiférés avec chaque fois les termes : « ils doivent » ; « doivent » ; « doivent », jusqu’à plus soif.
Nous sommes donc en pleine « humilité ».
Le changement c’est pas maintenant ?
Grave erreur que d’acheter un numéro de l’hebdo, même par curiosité pour voir si quelque chose à changé, c’est quelques francs de trop dans leurs poches.
Il peut retourner sa veste le nombre de fois qu’il veut, l’hebdo pour moi, même avec un nouvel emballage, reste très malsain, il ne mérite que le dédain.
J’avais un certain plaisir à lire ce journal, il y a très longtemps…La dernière fois que l’on m’a téléphoné pour me vendre un abonnement à ce petit torchon bobo, j’ai dû mettre le démarcheur téléphonique sous perfusion de Prozac pour un mois…