Neutralité suisse : Avec un Président de la Confédération à deux têtes?

Dominique Baettig
Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national

La création d’une Ukraine fédérale, neutre, choisissant librement son destin et s’associant autant à la Fédération de Russie qu’à L’UE aurait été une bonne issue. L’Otan, l’UE, le Grand Marché européen en ont décidé autrement, organisant la guerre civile et la faillite. Il est trop tard M. Burkhalter pour « observer ou aider à négocier ». Il faut rester neutre pour ne pas se couper de la Russie et du monde multipolaire qu’elle représente désormais.

 

En plein psychodrame hystérique sur les conséquences du vote populaire du 9 février sur la démesure dans l’immigration et la croissance, l’actualité des agissements de la bureaucratie élitiste de l’ « UE » en Ukraine montre une fois de plus le vrai visage de cette entité en expansion guerrière économique. Ueli Maurer, qui représente légitimement au Conseil Fédéral les partisans de la neutralité armée dans la tradition suisse s’est inquiété de la mise en danger de la position intelligente de neutralité par la  redoutable double casquette de Président de l’OSCE et de la Confédération par le très complaisant  europhile PLR Didier Burkhalter. Il a totalement raison de l’exprimer et n’aurait pas besoin de s’excuser de la lucidité de son analyse pour complaire à l’oppressante « collégialité »  qui lui impose le silence. La proposition de la « diplomatie suisse » d’envoyer des observateurs de l’OSCE est tardive. Il aurait été préférable d’intervenir préventivement, pour éviter les conséquences dramatiques du putsch de Maïdan, garantir à l’ensemble de l’Ukraine une élection présidentielle démocratique, une issue fédéraliste à la crise, garantissant les droits des minorités et surtout l’existence d’une zone tampon est/ouest neutre, non-alignée et lieu de coopération conjointe entre la Fédération de Russie, ses alliés eurasiens et l’Union européenne. Au lieu de cela, l’Union européenne, dans son arrogance doctrinale et non démocratique, d’expansion politique, économique et militaire sans limites a donné libre court à la volonté de détacher l’Ukraine de la zone de culture politique russe pour l’associer, coûte que coûte, par un accord, à l’UE. Le Président actuel ukrainien de transition, non élu par le peuple, parade dans le club élitiste de l’UE, de l’Otan, pour souffler sur les braises de l’escalade et de la révolution « orange » ou de type « printemps arabe ». L’Ukraine est une nation en faillite (malgré son statut de grenier agricole de l’Europe), sujette à la corruption massive, et dont le salaire moyen est inférieur de 30% au salaire chinois. Son sauvetage va coûter un maximum, tant à l’Ukraine qui devra s’adapter, à la grecque, à la mainmise sur son économie de Bruxelles et du Système bancaire international, qu’à l’Europe, Allemagne en tête, dont la population devrait pouvoir se prononcer démocratiquement sur ce futur sacrifice. On sait que l’UE a un gros problème avec la démocratie, les référendums, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. La transition politique, négociée par des bellicistes menaçants et frustrés de n’avoir pas « frappé » la Syrie, comme les impayables Barroso, Van Rompuy, Fabius, montre que ces gens sont dans une logique permanente de guerre, de menaces, de sanctions, d’expansion, d’arrogance moraliste. La création d’une Ukraine fédérale, neutre, choisissant librement son destin et s’associant autant à la Fédération de Russie qu’à L’UE aurait été une bonne issue. L’Otan, l’UE, le Grand Marché européen en ont décidé autrement, organisant la guerre civile et la faillite. Il est trop tard M. Burkhalter pour « observer ou aider à négocier ». Il faut rester neutre pour ne pas se couper de la Russie et du monde multipolaire qu’elle représente désormais.

Dominique Baettig, 23 mars 2014

2 commentaires

  1. Posté par Hélène Richard-Favre le

    Il est vrai que dans le cadre des 200 ans de relations diplomatiques qui lient la Russie à la Suisse, on aurait souhaité voir celle-ci adopter une position qui honore davantage la garantie de souveraineté que lui avait accordée, en son temps, le Tsar Alexandre Ier, l’un des signataires du Traité de Vienne.

    Cette garantie de souveraineté impliquait la neutralité perpétuelle de la Suisse.
    http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/03/09/il-faut-poursuivre-le-dialogue-avec-la-russie.html

  2. Posté par Luca le

    Un M. Burkhalter étonnamment nul et maladroit sur ce dossier. Certains diront : “pas étonnant, car il a été fantomatique dans sa fonction précédente…”

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