C’est avec plaisir que nous avons suivi les jeux de Sotchi réservés aux handicapés. En écrivant ceci, nous hésitons, sommes-nous suffisamment politiquement correct? Nous doutons de notre propre vocabulaire.
Le résultat de ces jeux, où la France se classe au cinquième rang des médailles obtenues, nous fait penser que finalement, ce pays a des ressources, il a des gens durs à la peine, des gens qui savent faire des efforts et se faire mal. Et nous sommes persuadés que, si on retire les 20% de fainéants et de profiteurs (loi de Pareto), il a des atouts indéniables.
Ce pays a des atouts, à condition de jouer dans sa catégorie. On ne fait pas monter sur un ring un poids lourd et un poids plume, un homme et une femme, et il y a encore des compétitions pour les hommes d’un côté et pour les femmes de l’autre, malgré la théorie du genre. Bref, on ne mélange pas tout, on établit des compétitions homogènes.
Dans ces conditions, compte tenu du fait que politiquement, socialement et économiquement, la France a un handicap en regard des autres pays, nous suggérons que la France, globalement, cesse de participer aux disciplines où la concurrence se fait entre pays normaux et qu’elle ne participe qu’à la concurrence para-globale réservée aux handicapés.
Elle peut faire valoir tellement de handicaps, qu’elle n’aura aucun mal à se faire reconnaître comme membre à part entière de cette catégorie.
Que dire d’un pays, en effet, où l’une des opérations de concentration sectorielle, technologique, les plus importantes sous tous les aspects, dans un secteur clef, ne déclenche comme réflexion stratégique, au plus haut niveau, que celle sur le domicile fiscal du patron de la société acheteuse!
Que dire d’un pays où la vente pour 12 mds de SFR, société stratégique nous le rappelons, ne suscite aucune question sur le remploi des fonds? Car l’autre question clef est celle-là, en terme de politique industrielle et d’efficacité et d’emploi, que va faire Vivendi de cet argent? Faire le klepto? Se désendetter? Investir? Aider Bolloré à se rendre plus liquide, à se désendetter en faisant de l’asset stripping sur Vivendi ? Rien, rien de sérieux n’est exposé, les vraies questions sont escamotées.
Nous avons eu beau lire tout ce qui était publié, nous restons sur notre faim sur les aspects concrets, industriels, de ces opérations, rien que du bla-bla. Que gagne la collectivité, les consommateurs, qu’apporte l’opération, au-delà du jeu financier et des banalités proférées ici et là? Déjà le mode de financement de l’opération par Numéricable fait problème, gros problème, mais peu importe, ce sont les citoyens, clients des banques et victimes de la BCE, qui paient. Une belle opération de "socialisation", d’externalisation, sous tous aspects, profitables pour Bolloré, mais réalisée sur le dos de la société française.
Et vous, qu'en pensez vous ?