Bien sûr que nous sommes Européens !

Pascal Décaillet
Pascal Décaillet
Journaliste et entrepreneur indépendant
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Ne venez pas nous dire que nous sommes anti-Européens ! Bien sûr que la Suisse est au coeur de ce continent qu'elle aime, dont elle partage les langues, les religions, l'Histoire, la culture. Elle les baigne de ses eaux, respire les mêmes airs, s'humecte des mêmes pluies. A part les trois Pays Baltes, l'Irlande, l'Islande, la Roumanie et l'Albanie, je crois bien m'être rendu dans tous les pays d'Europe. J'ai passé de longues périodes de ma vie en Allemagne, l'équivalent de deux ans en Italie, de multiples voyages en Grèce. Je parle français, allemand (langue à laquelle je voue depuis tout petit une véritable passion), je lis le grec ancien et le latin, je veux parler un jour à fond l'italien: où diable serions-nous anti-Européens ?

Simplement, pour ceux qui partagent mes convictions par rapport à l'Union européenne - j'ai cru percevoir que nous étions quelques-uns dans le pays - c'est cette Europe-là dont nous ne voulons pas. Cette machinerie. Cette structure. Assurément, elle a eu son sens dans les années cinquante, lorsqu'il s'agissait d'établir la paix après les horreurs des deux Guerres mondiales, et puis aussi se ravitailler, se chauffer avec le charbon du pays voisin, cette Communauté-là, celle de Schumann, de Gasperi, Adenauer, était profondément porteuse de sens. Sur les décombres, elle proposait une renaissance.

Mais aujourd'hui, quid ? La structure n'écoute plus les peuples. Elle ne veut simplement pas les entendre. Elle n'affiche que fermeture sur soi, arrogance, insolence. Elle est devenue, comme dans les nouvelles de Kafka, ou certains récits épars les plus éblouissants, une forme de mécanique sur soi-même recroquevillée. Vit-elle encore ? Sait-elle qu'elle se meurt ? Perçoit-elle les multiplications malsaines, et finalement fatales, dans le corps même de son tissu ?

Nous, ceux des Suisses qui nous proclamons sceptiques face à cette construction en perte de son propre sens, n'avons rien d'anti-Européen. Les peuples de ce continent sont nos amis. Nous ne sommes en guerre avec aucun d'entre eux. Nous en respectons les Histoires, les cultures, nous en aimons passionnément les musiques, de Grieg à Sibelius, de Dvorak à Bela Bartok, de Debussy à Britten, de Xenakis à Stockhausen.

Nous sommes Européens, jusqu'au tréfonds de notre moelle. Ce que nous refusons, c'est une structure bureaucratique. Ca n'est en aucun cas l'idée européenne. Parce que cette Machine-là, à Bruxelles, ne détient en aucun cas le monopole de l'identité européenne. Tout au plus peut-elle aspirer à la possession perdue de son propre mode d'emploi. A l'époque du charbon et de l'acier. Lorsqu'il fallait réinventer la vie. Sur les décombres.

 

Pascal Décaillet, Sur le Vif, 28 février 2014

 

3 commentaires

  1. Posté par Nicolas le

    Quelle facilité, quel affligeant contenu que cet article… Un ramassis de clichés aussi vains qu’éculés. Monsieur Pascal Décaillet passe comme chat sur braise sur le fait que ses amis de l’UDC, eux, sont viscéralement, profondément anti-européens. Certes. un fond de culture commun existe sur le continent. Mais cette Suisse, arrogante et apeurée à l’idée de perdre un tant soit peu de sa richesse, de son bien-être et de sa prétendue démocratie, drapée dans un chauvinisme étroit, a fait de ses amis et voisins du 8 février des ennemis le 9. Il s’en satisfait avec un simplisme effarant.
    Tout cela est parfaitement lamentable, comme d’arguer d’une “construction en perte de son propre sens”. Monsieur Décaillet, pourtant si féru d’histoire, devrait sérieusement se remettre à ses livres et tenter, s’il le peut, de comprendre la construction européenne dans un contexte qui a profondément changé depuis les années soixante. Il devrait aussi se souvenir que Rome (et d’ailleurs la Suisse aussi) ne s’est pas construite en un seul jour.

  2. Posté par JeanDa le

    Bien sûr ! Nous avons tous la même base culturelle et des échelles de valeurs très proches (les mêmes cultures et valeurs que la gauche s’applique à nier, à gommer, à “déconstruire”, bref à détruire.
    Et ce n’est qu’en les renforçant et en les affichant avec conviction que les nations d’Europe redeviendront fortes ensemble. Mais pour cela il faut faire comprendre aux technocrates hors-sol de Bruxelles et à quelques gouvernements dogmatiques qu’il font fausse route.

  3. Posté par Luca le

    Et comment M. Décaillet, et comment…
    Merci beaucoup !

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