Pour le 9 février, vous connaissez ma position, je défends le oui. J’entends que mon pays retrouve le chemin d’un contrôle des flux migratoires. Je n’accepte pas que les partisans de l’initiative soient traités de xénophobes, cela est totalement hors sujet, il s’agit juste d’une régulation des entrées, la plupart de nos voisins s’y emploient. Rien à voir avec la xénophobie, qui est une peur de l’étranger, par extension une déconsidération de ce dernier. Je défends le oui, mais je respecte ceux qui votent non. Nous sommes en démocratie, les arguments s’entrechoquent. Et puis, un beau dimanche, le peuple et les cantons tranchent.
Comme pour l’initiative Schwarzenbach en juin 1970, comme pour l’EEE le 6 décembre 1992, il faut bien se dire qu’il y aura certes un dimanche, où nous allons tous beaucoup nous exciter, mais qu’il y aura un lundi. Et le lundi 10 février 2014, la terre ne s’arrêtera pas de tourner. Pas plus que le lundi 7 décembre 1992, ce jour de grisaille où, après un dimanche fou de résultats et de débats, je rejoignais, un peu groggy, la Berne fédérale où j’étais correspondant. Quel que soit le résultat de dimanche, la question des flux migratoires demeurera.
Si c’est oui, nos autorités devront donner des signaux très clairs de respect de la volonté populaire. En ne pas tripatouiller la réalité en freinant la mise en application, comme ce fut récemment le cas dans plusieurs domaines. Il ne s’agira nullement d’une fermeture des frontières, comme l’ont répété de façon mensongère les opposants (jamais vu une campagne aussi chère et aussi nulle à la fois). Il s’agira d’organiser la régulation voulue par le souverain.
Si c’est non, il faudra veiller absolument à ces fameuses mesures d’accompagnement dont nous parlent enfin, avec l’énergie désespérée de la dernière heure, ces mêmes conseillers d’Etat PLR de Suisse romande qui nous ont inondés, dans les journaux, d’annonces stipendiées par le grand patronat. Le problème, c’est que ces mesures, ils avaient dix ans pour s’en occuper. Ne voyant que le profit immédiat, ils ne l’ont tout simplement pas fait. L’électorat de gauche – le vrai, pas celui des bobos – jugera. C’est peut-être lui, ce week-end, à l’image de nos amis tessinois, qui fera la différence.
Pascal Décaillet
Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 07.02.14
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