9 février : ça n’est pas un combat gauche-droite

Pascal Décaillet
Pascal Décaillet
Journaliste et entrepreneur indépendant
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La votation du 9 février « contre l’immigration de masse » n’est pas un combat gauche-droite. Les lignes de fracture sont ailleurs. D’abord, clairement, au sein de la droite, entre l’aile libérale, libre-échangiste, et le courant protectionniste. Et puis, il existe – ou plutôt, il devrait exister, beaucoup plus – une ligne de front interne à la gauche, entre les sociaux-démocrates, avec leurs alliés Verts, et une gauche minoritaire (sauf au Tessin !) sensible à la protection des résidents et ne croyant plus du tout aux promesses de mesures d’accompagnement. Nous parlons ici des appareils de partis, persuadés que le vote de l’électorat profond de la gauche suisse pourrait, dimanche, nous jouer quelques tours.

 

A droite, la ligne de fracture est claire. Entre deux univers parfaitement respectables, les libéraux et les « nationaux ». Deux mondes qui se rejoignent sur la sécurité, les finances publiques, la fiscalité, ce qui est déjà énorme. Mais qui différent sur l’idée de frontière, celle de souveraineté, la protection de l’emploi pour les résidents, le statut spécial de l’agriculture, l’usage de la démocratie directe. Contre la gauche, dans les cantons et au niveau fédéral, ils s’allient la plupart du temps. Mais sur les thèmes où ils divergent, la bataille est toujours très rude. Parce qu’elle engage le pays, son indépendance, son rapport à l’étranger, toutes choses qui remuent les âmes des patriotes que nous sommes tous. Car de gauche ou de droite, libéraux ou protectionnistes, nous sommes tous enfants d’une même matrice. Pour y être nés, ou pour l’avoir choisie, ou pour en avoir un jour été adoptés, peu importe.

 

A l’intérieur de la droite, celui qui gagnera la bataille du 9 février prendra une option sur l’avenir de la politique suisse. C’est le rapport de forces entre ces deux courants d’une même famille qui, pour les années qui viennent, se joue. Cela n’est donc pas rien. En précisant que nulle victoire – dans un sens comme dans l’autre – ne saurait se construire sur l’humiliation de l’adversaire. Le 9 février au soir, il faudra, de part et d’autre, que des mains sachent se tendre à d’autres mains. C’est cela qui a fait notre pays. Cela, dès le lundi 10 février, qui doit demeurer.

 

Pascal Décaillet, Sur le Vif, 4 février 2014

 

3 commentaires

  1. Posté par adalbert le

    Vos propos sont très pertinents. L’objet de la votation du 9 février est clair : il ne s’agit pas de donner un blanc-seing à l’UDC, mais de répondre au texte de l’initiative, plein de bon sens, visant à réguler l’immigration, en refusant le principe ultralibéral et pervers de “libre circulation des personnes”, cette marchandisation des êtres humains qui profite essentiellement aux grandes multinationales. Or, celles-ci pratiquent de façon systématique l’évasion fiscale, au détriment des classes moyennes, écrasées par les impôts et les taxes diverses, et dont le pouvoir d’achat s’érode de plus en plus. Le OUI de dimanche prochain sera aussi bien de gauche que de droite !

  2. Posté par Ueli Davel le

    Non, juste un combat pour le OUI! Après On verra.

  3. Posté par Michel de Rougemont le

    Avec les initiatives à répétition autour du même sujet (22 depuis 1967) le rejet de celle du 9 février ne sera qu’une péripétie de plus. Il y a Ecopop dans les tiroirs, et déjà certains cercles de l’UDC ont annoncé qu’en cas de défaite une autre initiative sera déposée. L’avenir de la politique suisse à ce sujet n’est donc pas scellé dans un seul vote.
    Mais il est bien vrai que la typologie des partisans et opposants est variée.
    Voir à ce sujet: http://bit.ly/1io0h7Q

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