PMA : Manuel Valls prend le risque d’une nouvelle division à gauche

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SOCIETE - Il a voulu éteindre l'incendie Manif pour tous mais pourrait bien avoir allumé un nouveau foyer dans ses rangs. Au lendemain du défilé massif contre la politique familiale du gouvernement, Manuel Valls a été clair, ce lundi matin. Non seulement le gouvernement n’inclura ni la PMA (procréation médicalement assistée) pour les homosexuelles ni la GPA (gestation pour autrui) dans un futur projet de loi sur la famille mais en plus, il rejettera les amendements qui pourraient être présentés en ce sens.

A gauche, beaucoup ont semblé pris de vitesse par cette nouvelle déclaration choc du ministre. Interrogé par le HuffPost, le ministère de la Famille dit ne pas savoir s'il s'agit de la nouvelle ligne du gouvernement ou si le ministre de l'Intérieur a parlé trop vite.

Jamais en effet un ministre n'avait été aussi affirmatif sur cette question. Et c'est d'autant plus étonnant que la mise au point vient d'un ministre, aussi populaire et influent soit-il, qui n'a pas ces questions dans son champ de compétences.

Valls remis en cause par le patron des députés PS

Les principales intéressées, que ce soit la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, ou sa collègue du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, n'avaient pour leur part jamais écarté à ce point ces deux dispositions. Toutes deux, favorables à titre personnel à ces mesures, s'étaient contenté de dire que si la PMA et la GPA devaient venir dans le texte sur la famille, ce serait à l'initiative d'amendements de députés ou de sénateurs.

Cette prise de parole, deux heures avant un entretien de Manuel Valls avec François Hollande est d'autant plus surprenante qu'un autre proche du chef de l'Etat, Bruno Le Roux a renvoyé le ministre de l'Intérieur dans les cordes.

Le président du groupe socialiste à l'Assemblée a été le premier à pointé son désaccord avec le ministre le plus populaire du gouvernement: "(Le ministre de l'Intérieur) doit respecter la règle du jeu", a déclaré Bruno Le Roux sur Radio Classique. Jusqu'à présent cette règle était celle fixée par François Hollande: rien ne sera décidé avant que le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) ne se prononce. Celui-ci pourrait rendre son avis d'ici à la fin de l'année. "Je ne renonce à aucune ouverture de nouveaux droits pour les enfants de notre pays", a ajouté le patron des députés PS, très en pointe sur la question.

L'invité politique de Guillaume Durand : Bruno Le Roux sur WAT.tv

"Les écolos déposeront leurs amendements"

Dès la fin 2012, en effet, son groupe avait annoncé le dépôt d'un amendement pour inclure la PMA dans le texte sur le mariage pour tous. Mais après que Jean-Marc Ayrault leur avait donné l'assurance que la PMA serait inscrite dans la loi famille, le groupe PS avait retiré son amendement.

La PMA mérite un débat en tant que tel, c’est pourquoi elle figurera dans le projet de loi famille. 2/2

— Jean-Marc Ayrault (@jeanmarcayrault) 9 Janvier 2013

A l'époque, les écolos avaient maintenu leur amendement, rejeté sans surprise. Et ils répètent aujourd'hui qu'ils déposeront un amendement en ce sens lors du futur débat sur la famille. "On savait que ce serait compliqué de faire passer la PMA mais ce n'est pas la déclaration de Manuel Valls qui va nous empêcher de faire notre travail", répond-on au sein du groupe EELV.

Temporiser pour calmer les esprits

Mais ce qui étonne le plus c'est le fait que ce soit le ministre de l'Intérieur qui prenne la parole sur ce sujet. "Il n'est pas le porte-parole du gouvernement et cette question n'entre pas dans son champ de compétences. Alors la question est de savoir s'il s'octroie le droit de jouer au porte-parole où si on lui a demandé", se demande un écologiste. En réalité, le groupe est peu surpris que cela émane de Manuel Valls, ministre avec lequel ils ont déjà eu maille à partir, notamment au sujet de sa politique vis à vis des Roms.

Face à ce nouveau débat qui pourrait enflammer sa majorité, le gouvernement pourrait donc être tenté de temporiser une nouvelle fois. Annoncé pour 2013, le projet de loi Famille a déjà été retardé de plusieurs mois. Il y a une dizaine de jours, la ministre Dominique Bertinotti expliquait que la présentation du texte "pourrait avoir lieu en avril au Conseil des ministres pour un examen devant les chambres deuxième semestre 2014". Mais selon Radio Classique, tout pourrait être repoussé de quelques mois encore, histoire de laisser les esprits se calmer.

Info : Jean Marc Ayrault ne veut pas de loi famille cette année

— J-Francis Pecresse (@jfpecresse) 3 Février 2014

Jacob ne croit pas le ministre

Avec ses déclarations, Manuel Valls espère aussi répondre à une partie des inquiétudes de la droite. L'eurodéputé Jean-Pierre Audy se réjouit que le gouvernement ait tiré les conséquences de la mobilisation de dimanche.

Premier résultat de @LaManifPourTous : « Il n'y aura pas de GPA et PMA dans la loi Famille », réaffirme Manuel Valls http://t.co/vTjkgOb4HU

— Audy Jean-Pierre (@audyjp) 3 Février 2014

Ce n'est en revanche pas le cas de Christian Jacob. Sur RMC et BFMTV, le président du groupe UMP à l'Assemblée a dit qu'il ne croyait pas aux déclarations du ministre de l'Intérieur. "On n'est une fois de plus dans la manoeuvre. Ce gouvernement est dans une logique de masquer l'échec économique, l'échec social, l'échec en matière de lutte contre la délinquance et donc pour cela, on essaie de toucher à tout ce qui fait consensus", déplore le député de Seine-et-Marne.

Christian Jacob: "je ne crois pas Manuel Valls... par BFMTV

LIRE AUSSI:Comment le gouvernement a enterré la PMA

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