Ils ont mis des millions, une dizaine nous dit-on, et pourtant le oui monte. Ils ont tout essayé : diabolisé les partisans, dit des choses fausses sur le texte de l’initiative, tenté d’introduire la morale là où elle n’a pas lieu d’être. Et pourtant, c’est la tendance inverse à leurs idées qui progresse. Jusqu’à gagner ? Mystère. Mais elle progresse, c’est sûr. Plus ils ont noirci, insulté même parfois, les initiants, plus le oui est monté. Comme si le oui, à l’instar de ce qui se passe en judo, s’était nourri de leurs attaques, de leur énergie. Comme si le camp des initiants, rompu depuis des années à se retrouver seul contre tous, avait eu comme stratégie de laisser venir la cohorte des attaquants, parce qu’elle serait de nature à se discréditer elle-même. Si c’est cela, c’est génial.
Nous défendons ici, vous l’avez compris, le camp du oui. Nous étions bien seul ces derniers mois, et même encore il y a quinze jours, lors de la première vague de « sondages » Gfs-SSR. Nous avons commencé par démonter les arguments d’une gauche qui, à part au Tessin, n’a rien compris aux enjeux de cette initiative, monte dans la barque du grand patronat pour mieux se faire jeter dans l’eau glacée le 9 février au soir. Si c’est oui, ils auront tout perdu. Si c’est non, les patrons remettront aux calendes grecques les mesures d’accompagnement. Cette gauche qui, oubliant la défense des salariés suisses, s’est mise à parler de xénophobie, alors qu’il n’en est rien, creuse elle-même sa tombe par errance stratégique majeure. « La Suisse gère de manière autonome l’immigration des étrangers », stipule l’initiative, on est pour, on est contre, mais la xénophobie n’a sémantiquement rien à voir avec cela. La xénophobie est étymologiquement une peur de l’étranger, par extension elle en est le rejet, ou la déconsidération, toutes choses en effet condamnables. Là, il est juste question de gestion autonome et de régulation.
Autre cliché récurrent chez les opposants, ils seraient les dépositaires du discours « rationnel », les initiants étant évidemment prisonniers de « l’émotionnel ». Objectivement, dans le cas présent, c’est faux. Rien d’émotionnel dans le texte, qui propose une technique de régulation. Avec laquelle on peut être d’accord ou non. Mais une technique, c’est tout. Franchement, dans cette campagne, l’insulte, l’opprobre, la violence des arguments, je les ai plutôt trouvées chez certains opposants. Les initiants sont, dans leur écrasante majorité, demeurés calmes. Insensibles aux insultes. Concentrés sur le texte de l’initiative, les objectifs à atteindre.
Enfin, tous ces millions. Ils sont ceux du grand patronat, qu’on appelle bizarrement « Économie suisse », comme si un maçon, un manœuvre, un petit entrepreneur indépendant, un paysan de montagne, une caissière n’étaient, eux tous aussi, « l’économie ». Ils ont, littéralement, inondé les journaux d’annonces. Ils ont diabolisé l’initiative. Ils nous ont fait croire qu’il n’y avait pas de plan B, donc pas de choix. Cette mise sous pression insupportable, les citoyennes et citoyens de notre pays détestent cela. S’il y a vote, chacun a le droit de voter A ou de voter B. Sans qu’on l’insulte. Sans qu’on le noircisse. Sans qu’on l’humilie. Et c’est exactement à cause de cette arrogance contre-productive des opposants que le oui, ces deux dernières semaines, a pris l’ascenseur.
Ces gens-là, avec tous leurs millions et tout leur matraquage, sont en train de rater leur campagne. Ils n’ont mis en œuvre que la masse, comme la cavalerie à Eylau, mais sans avoir à leur tête le génie stratégique d’un Murat. Ils ont manqué cruellement de définition de la cible, d’intelligence, de talent. Cela les fera-t-il perdre ? Impossible à dire, il reste dix jours. Mais ce constat de leur arrogance et de leur faiblesse, il fallait aujourd’hui le dresser.
Pascal Décaillet, Sur le Vif, 30 janvier 2014
Très juste, il est en effet cocasse de voir beaucoup de farouches anti-UDC voter oui.
Lorsque l’UBS a chuté, le Conseil Fédéral a payé (entendu les contribuables)..c’est d’accord, l’UBS a remboursé, mais lorsque Swissair a plongé..personne ne l’a aidé…et cette même grande économie injecte des millions pour une votation….cherchez l’erreur. Le peuple suisse n’a pas la mémoire aussi courte….n’en déplaise à cette cour…
L’immigration était,certes, une richesse, elle est devenue une détresse…Non pas pour ceux qui en jouissent mais pour ceux qui la subissent…Le Conseil Fédéral et les policitiens, hors mis l’UDC, ont été d’une surdité manifeste…et d’une apathie avérée…allez, qu’ils paient les pots cassés….
Ce qui m’inquiète, c’est que les enjeux sont tellement importants quand on voit l’entier des politiques comunaux, cantonaux et fédéraux dirent tout le mal qu’ils pensent de cette initiative, c’est que le résultat des votes risque bien d’être truqué en faveur du non. Comment être absolument sûr que le scrutin soit équitable et qu’il n’y ait pas de magouille de dernière minute. Si les résultats sont serrés en faveur du non, j’aurai beaucoup de doutes.
Le ton de la campagne de votation concernant l’initiative de l’UDC pour la régulation de l’immigration rappelle étrangement le débat en France précédant le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, refusé par la majorité des citoyens français, au grand dam de la plupart des élites économiques, politiques (gauche et droite confondues) et des médias qui prônaient le “oui” à la “libre circulation des personnes, des biens et des services ainsi qu’à la concurrence libre et non faussée”, le crédo de l’orthodoxie ultralibérale contenu dans le traité de l’UE. Malgré le refus populaire, la France, Etat membre de l’UE, n’avait cependant pas d’autre choix que de passer sous le joug de Bruxelles sous peine de devoir quitter le club, realpolitik oblige ! La “libre circulation” des personnes est un concept aberrant et dangereux lié au dogme de l’idéologie ultralibérale, que refusent clairement la MAJORITE des peuples européens lorsqu’ils sont démocratiquement consultés, ce qui est très rarement le cas ! Si l’initiative de l’UDC est acceptée le 9 février, ce ne sera pas une victoire exclusive de l’UDC, mais bien l’expression de la volonté de la majorité du peuple suisse, puisque l’UDC ne représente que 25% environ de l’électorat.
Comme la victoire du OUI serait belle ! Défendons notre pays contre l’UE et son diktat !