La ville de Zurich renouvelle ses autorités politiques le 9
février. L'ancien journaliste et conseiller national PLR tente de prendre la mairie au Parti socialiste.Comme le relèvent les Zurichois de souche,
"avoir un maire catholique et non né à Zurich a longtemps été impensable".
Or, depuis 1990, la métropole a été présidée par des socialistes, dont deux originaires de Suisse centrale (Josef Estermann et Elmar Ledergerber), et l'est actuellement par une Argovienne.Un quatrième non-Zurichois d'affilée pourrait être investi le 9
février prochain, mais avec une autre couleur politique: le conseiller national libéral-radical Filippo Leutenegger conteste en effet la mairie à la socialiste Corine Mauch.Excepté le fait qu'ils sont tous les deux nés à l'étranger, aux Etats-Unis pour la maire en fonction, à Rome pour son adversaire, et qu'ils sont revenus en Suisse durant leur enfance, les deux candidats au poste de "Stapi" ("Stadtpräsident") n'ont rien en commun. L'une est réservée, parfois peu à l'aise en public, l'autre est sûr de lui, sans arrogance, et il a gardé de son enfance romaine - et de ses années de correspondant de la télévision alémanique en Italie - une volubilité très latine.
Italophilie marquée
Avec la Vespa qui colle à son image - et une adresse de site internet se limitant à son seul prénom -, l'italophilie se voit davantage, chez Filippo Leutenegger (61 ans), que ses origines de Suisse orientale (par ses parents) ou son passage dans des internats catholiques de Disentis et Altdorf - qui ont toutefois, selon ses dires, laissé une empreinte résolument bénédictine.
Autre caractéristique de l'ancien journaliste, créateur de l'émission de débat politique "Arena" et aujourd'hui spécialiste de politique énergétique: La "famiglia", dès qu'on en parle, illumine son visage. Filippo Leutenegger a cinq enfants, issus de deux mariages. La petite dernière a 8 ans, les deux premiers sont adultes, mais vivent à proximité.
Vieille garde mécontente
Pour son parti, qui l'a choisi à l'unanimité, Filippo Leutenegger est un candidat idéal. Après plusieurs psychodrames radicaux - notamment la perte d'un siège au profit de la Liste alternative au printemps 2013 -, celui qui est devenu éditeur et préside la "Basler Zeitung" (BaZ) proche de Christoph Blocher dispose d'une belle notoriété. Il a été élu trois fois au Conseil national avec des scores brillants. Il était aussi le seul susceptible d'être accepté par l'UDC, qui aurait, sinon, présenté son propre candidat.
Mais ses victoires lui ont aussi valu de solides inimitiés, comme celle du dernier maire radical de Zurich, Thomas Wagner, qui n'avait pas été élu au Conseil national en 2003 et qui, aujourd'hui, soutient Corine Mauch. Filippo Leutenegger n'en a cure. Pas plus qu'il ne se laisse démonter pour la critique de trop grande proximité avec l'UDC.
"Nous sommes proches sur les questions financières et politiques, nous différons concernant les bilatérales. Et est-ce qu'on reproche à un Vert de voter comme un socialiste?",
demande-t-il.Si faire campagne à Zurich lui donne un
"sentiment particulier",
parce qu'il y est politiquement minoritaire, il peut pourtant aussi mettre en avant des atouts que ne renierait pas la gauche. Lui qui a créé plusieurs crèches se bat pour un nouveau système de prise en charge des enfants à midi. Selon lui,
"Zurich va bien, mais va dans la mauvaise direction à cause d'une gauche devenue idéologique".
Il reproche notamment à Corine Mauch de ne pas vouloir dévoiler avant les élections ses plans pour éliminer le déficit annoncé.L'ancien latiniste, italophone et amoureux des mots -
"qui racontent tous une histoire",
dit-il - en a inventé un pour fustiger l'actuelle politique immobilière de la municipalité: "Einbalsamieren", qui veut dire quelque chose comme "endormir la ville dans un cocon". Et Filippo Leutenegger regarde sa montre pour son prochain débat.
Le Figaro
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