Personnage phare de la nouvelle génération du PDC fribourgeois fraîchement passé à l’UDC, Emmanuel Kilchenmann dit tout de ce qui a motivé son acte. Interview exclusive.
Emmanuel Kilchenmann mentionne une "décision difficile, très importante", qui a précédé son choix de quitter le parti de ses débuts, une décision qu'il a "mûrement réfléchie". Aucune trahison, selon lui, mais, au contraire, "un acte de liberté", un devoir de loyauté envers ses valeurs - "par rapport à mes positions, je ne bougerai pas d'un millimètre" -; valeurs qui, de tout évidence, ne pouvaient plus s'épanouir au sein de la formation démocrate-chrétienne.
Fatigué de "faire le poing dans la poche", l'ex-PDC se dit convaincu que les valeurs conservatrices qu'il défend sont mieux représentées au sein de l'UDC. Far-west de la politique, l'UDC offrirait de plus larges horizon au jeune politicien.
A force de distance avec ses valeurs historiques, le PDC serait devenu "illisible". "Ce n'est pas un programme politique le centre, c'est une position mais ce n'est pas un programme." Le PDC ne saurait plus retenir les croyants, les rêveurs, les idéalistes en politique, "les gens en ont marre de la langue de bois, marre de ces politiciens qui vous parlent de valeurs et qui ne mettent pas d'actes, de consistance, de cohérence sur leur action politique."
Au chapitre des déceptions irréparables, Emmanuel Kilchenmann dit avoir été choqué par le "retournement de veste" de son parti sur la question de la famille, son "terreau le plus fertile." L'UDC serait "plus franche" dans sa manière de faire de la politique, plus "authentique" aux yeux de sa base. Une aile conservatrice existe au PDC, mais elle est réduite à peau de chagrin et ne subsiste plus qu'à l'état de vitrine, la tendance majoritaire pousse à l'achèvement de ce grand virage à gauche qui, pour l'ancien PDC, signifie, à terme, la "mort du parti". Emmanuel Kilchenmann dit encore avoir tout fait pour rester, mais en vain, "simplement, je n'y crois plus"; un pas "très difficile". Le jeune juriste dit quand même avoir "beaucoup d'espoir, au vu de l'accueil qu'on m'a réservé à l'UDC" de pouvoir laisser libre cours à sa pleine volonté d'engagement, qui n'a pas été le moins du monde entamée par cet épisode douloureux.
Le fossé continuerait de se creuser, entre la base et les élites dirigeantes du parti démocrate-chrétien, sur des questions de plus en plus essentielles; un exemple entre mille, celle de l'Union européenne. Pour Emmanuel Kilchenmann, la chrysalide, la lente métamorphose du PDC en parti de gauche aura eu le défaut principal de s'être avérée pour le moins "sournoise".
Une interview qui sonne comme un diagnostic: "Il ne suffit pas de prêcher le 'C' pour le mettre en oeuvre dans l'action politique"; "c'est un hold-up intellectuel", ajoute-t-il. Emmanuel Kilchenmann réclame avant tout de la "cohérence".
Le mot de la fin ? "Si vraiment ça devient insupportable, où il y a un tel glissement vers la gauche du parti, rejoignez-moi !"
Comment se déroule un passage à l'UDC, l'initiation au côté obscur ? Vous saurez tout ici:
Interview Emmanuel Kilchenmann lesobservateurs.ch 19.12.2013
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Un petit conseil, mon capitaine : la fondation d’un parti conservateur à 33 ans (pour la base dont vous vous revendiquez) aurait été plus “libre” que rejoindre l’UDC. Quitter le PDC vous honore, compte tenu de vos motifs, rejoindre l’UDC est autre chose 🙂
Je pensais que vous auriez ce courage. Dommage.