Tout d'abord un peu de comptabilité: La gauche anticapitaliste pèse, en effort pur, 34,7%, soit un tiers et des poussières. La droite sociale conservatrice (+ le PEV et une pincée de PDC catholiques) atteint 41,5%, ce qui porte le "centre" (PLR, PDC, PBD, Verts-libéraux) aux environs de 20 à 25%. Ainsi, dans les sujets de confrontation directe, la lente polarisation du paysage politique suisse poursuit son ossification, avec ce léger avantage pour la droite qui explique la colère d'un Christian Levrat enjoignant avec force un Christophe Darbellay de venir le rejoindre (dès 05:27) "dans cette campagne [sur l'immigration de masse, ndlr] plutôt que de continuer à distribuer des pommes pour vos amis d'economiesuisse"; querelle domestique...
La cassure au sein du PDC sur la question de la famille est la parfaite illustration de cette rupture des plaques tectoniques en politique. Attiré par la trop forte gravité des deux puissances croissantes, le centre ne tardera plus à basculer dans cette nouvelle atmosphère et le PDC verra bientôt son étoile filer au firmament des puissances d'antan; le PLR suivra. Il y a d'ailleurs fort à parier que la thématique récurrente des votations de l'an prochain portera le coup de grâce aux quelques derniers fortins de la droite résistant encore au sein de ces formations.
Pour le reste, quelles conséquences aux votations ? La gauche continuera de faire comme si elle avait gagné l'initiative 1:12 (cf. le clash Levrat-Freysinger dès 01:36), assénant sa morale écrasante dans la plus totale indifférence de la réception populaire et reprochant en boucle à ses opposants d'être les ennemis jurés de toute politique sociale pour ne pas s'être rangés systématiquement à ses raisons. L'on n'aura gagné que quelques semaines de répit jusqu'à la prochaine occurrence, le salaire minimum, nouvel emplâtre du fanatisme idéologique sur les réalités de la misère économique. Emplâtre et fanatisme que Philippe Leuba qualifiera très justement (dès 04:45) d' "idéologie qui a échoué partout où elle a tenté d'être appliquée." Le parti socialiste ne veut pas l'emporter sur le terrain des réalités factuelles et s'en remet à la répétition et aux techniques de communication pour forger ses convictions.
Quant à la vignette, l'heure de la vengeance de la Conseillère fédérale Doris Leuthard a sonné, l'augmentation de 15 centimes de la surtaxe sur les huiles minérales est déjà dans le pipeline, ou presque, à croire que toute cette histoire n'aura servi qu'à fournir à l'Etat un argument en dur pour une hausse généralisée des taxes sur les voitures. Au rang des avantages, la bonne surprise du succès d'associations de consommateurs telles que le TCS; à garder en mémoire pour plus tard.
Sur les familles, c'est à l'UDC Fabienne Despot que sera revenu honneur de souligner le point essentiel de toute cette campagne, à savoir l'implication et les méthodes de la presse d'Etat dans un débat public. Le résultat plus que net dévoile, de façon plus nette encore, le trafic d'influence opéré par la RTS sur la base de sondages frelatés dévoilant des écarts de 23% il y a un mois et 8% il y a une semaine; l'on s'est bien moqué du monde. Cette profonde dichotomie entre information et communication s'est retrouvée, par voie de grégarisme sommaire, dans la bouche de tous les politiques du centre qui, l'encre de leur programme à peine sèche, ont diamétralement tourné casaque pour suivre docilement la fiscolâtrie "alibérale" de la gauche. Gageons que les familles s'en souviendront et que ces partis ne pourront plus si facilement se présenter en parangons de la politique familiale, voire en "parti de la famille", sans se faire rappeler ce pathétique instant de bravoure, cette franche trahison. Si l'UDC avait eu pour seul objectif de faire sortir PLR et PDC du bois sur cette question, c'est gagné !
Et vous, qu'en pensez vous ?