Le Temps c'est de l'argent, du moins c'était.
La presse à papa prend l'eau, la faute au... progrès technique et au développement de l'internet mobile. En effet, le dernier argument en faveur du papier, au cours de la décennie montante, restait... le café du matin, au troquet du coin ou à la cantoche de la boîte. Confort que la nécessité d'un gros ordinateur connecté ne permettait pas il y a peu encore. Lacune comblée depuis par ces nuées de tablettes "cloudées" en continu qui encombrent si élégamment les baise-en-ville de tout lecteur contemporain. Et puis les temps changent, le lectorat aussi, qui vieillit, s'use et se fatigue de plus en plus vite.
Enfant propret du mariage de raison entre deux titres en perte de vitesse, le Journal de Genève et le Nouveau Quotidien, Le Temps était le dernier de son espèce à chercher à faire de la qualité et à ne pas s'être recroquevillé sur l'hyper régional ou le "boulevard", avec des accents grégaires frisant parfois le dialectal dans l'horizon décérébré de ce sous-produit de l'intelligence à la française que serait devenue la Romandie.
Le problème du Temps c'est d'avoir triché. Pour un commentateur de droite, comme Les Observateurs, c'est d'avoir prétendu, dans sa charte, à son attachement "aux valeurs libérales fondamentales, [aux] principes de l’économie de marché, [à] l’honnêteté intellectuelle" et d'avoir laissé de rouges corsaires à la barre de ses éditos pendant bien trop longtemps. Pour un commentateur de gauche, d'avoir émaillé sa pensée domestique d'articles interminables, admettant l'existence d'une économie capitaliste, et d'incompréhensibles pages sur les cours de la bourse; autant de services qu'internet fournit d'ailleurs aujourd'hui gratuitement.
Curieusement, l'un et l'autre de ces compromis ont eu raison de la résistance du Temps: sa docile bien-pensance eut tôt fait de consumer l'impression de diversité que le titre cherchait péniblement à rendre. La droite économique, enfin, ne s'est pas reconnue dans cette architecture bâtarde, avant de réaliser que ce laboratoire "in folio" du vieux gauchisme finissant lui coûtait cher et lui rapportait peu.
Or l'existence même du Temps trouve son origine dans le constat averti qu'un énième coup de barre à gauche ne rapporterait pas, ne rapporterait plus. Les révolutions de Saturne, de l'Hebdo, du... Matin, ont dû servir de preuves à ceux qui s'interrogeaient encore. Mais voilà tout le problème, pour être à droite, pour être convaincant à droite, encore faut-il être convaincu.
Si le support papier est une composante du problème, il n'en est qu'une partie. Le fanatisme générationnel de ceux qui ont kidnappé la presse, il y a quelques décennies, pour l'asservir à leurs opinions leur interdit tout simplement la capacité mentale, morale, psychique et psychologique de se télécharger dans l'avenir pour y suivre leurs lecteurs.
De là à dire qu'ils ont échoué... Mais ce n'est qu'un début, continuons le combat.
Vous vous trompez lourdement quand vous dites que le progrès technique remplace avantageusement la presse papier….L’impact de l’utilisation d’internet sur le cerveau n’est pas encore complètement défini, mais à priori c’est assez sale et mérite qu’on réfléchisse à deux fois avant de tout miser sur le virtuel…
La Basler Zeitung est passée en main de MM Tettamanti et Blocher.
Elle a perdu des lecteurs mais gagné en solidité éditoriale.
Qui s’approche de ces messieurs pour les inciter à reprendre Le Temps?