La France est un curieux pays où des gens ont assez de pouvoir pour imposer leur conception de la liberté aux autres. A force d’être des « malgré-eux » de la liberté, il est normal que les Français aient peur d’une chose qu’ils pratiquent peu, et qui a souvent l’air d’une contrainte. Il y eut sous feu Mitterrand un Ministère du temps libre, confié avec humour à un enseignant. La véritable liberté n’a pas besoin de ministère. Elle est la propriété privée de chacun d’entre nous !
On s’en raconte des histoires ! Qu’on aurait inventé les Droits de l’Homme ! Qu’on serait la patrie de la liberté ! Que plus contestataire que nous, y a pas ! En fait, il faut regarder la vérité droit dans les yeux : c’est pas vrai ! La liberté en France, on en a peur. Pendant des siècles on a obéi au Roi et au curé. Le Roi était loin et parfois tolérait les libertins. Le curé, en bon catholique, savait faire la part des choses et acceptait que ses fidèles ne soient pas des anges. Puis il y a eu une série de révolutions, un vrai hoquet révolutionnaire qui a duré pas loin d’un siècle. Lorsqu’on a pris la Bastille en massacrant le gouverneur et quelques invalides, c’était pour libérer une poignée de pervers, de faussaires et peut-être de fous. Sade a failli en être. Certains pensent, malgré tout, que c’est en mémoire de ce jour qu’on a une fête nationale le 14 Juillet. La Liberté guidant le Peuple : un tableau qui résume tout. 1789, 1830, 1848, 1870, sans compter les coups d’Etat et les coups de force de 1792 à 1851. Et après tout ça, on n’a toujours pas le Premier Amendement américain, celui qui interdit au Congrès de faire aucune loi qui restreigne la liberté d’expression, la liberté de la presse. Nous, on en a pondu une en 1881, justement sur la liberté de la presse et, elle n’arrête pas de grossir, de dessiner les barreaux de plus en plus nombreux, de plus en plus gros de la cage aux phobes, comme disait Muray, dans laquelle tout ce qui manie la plume ou la parole est enfermé au pays de feu Voltaire. Vous pensez que les droits du citoyen, c’est plus que les droits de l’homme : préférence nationale ! votre compte est bon. Xénophobe vous êtes. Vous pensez que la bataille de Poitiers mérite d’être racontée comme le fait Lorant Deutsch : pas de pitié pour l’islamophobe ! Vous pensez que la sexualité, ça concerne les sexes, les deux sexes, et qu’une autre idée est drôlement bizarre : haro sur le sulfureux homophobe. La France n’aime pas la liberté.
La France lui préfère l’égalité : tous les mêmes droits en plus des quelques privilèges qu’on appelle « droits acquis » pour pas déplaire. Alors, pour assurer cette égalité où certains sont plus égaux que les autres, faut éviter de tout déballer : les fromages, les combines, le pantouflage pénard. C’est une question de vocabulaire. Vous dîtes « service public » et vous pouvez caser des tas d’intérêts privés. Vous dîtes « intérêt général » et vous créez votre association pour avoir les subventions de vos amis qui sont élus à la ville ou au département. Vous dîtes « républicain » et au nom du « Bien Commun », vous pouvez exclure vos adversaires du débat démocratique. Vous dîtes « citoyen » pour soutenir ceux qui ne sont pas plus citoyens que les autres, et ne le sont parfois pas du tout, mais sont du bon côté, le vôtre. L’égalité est un bon slogan pour tuer la liberté en maintenant les privilèges. Le tout est d’avoir le bon mot au bon moment. Les Français adorent l’Etat parce qu’ils veulent qu’on les protège, eux et leurs droits. Assistés, dépendants, bardés de droits sans beaucoup de devoirs, une partie des Français ou de ceux qui nous font le grand honneur de résider chez nous, assiège la forteresse des « riches », des « nantis », bref de ceux qui persévèrent, en dépit du bon sens, à vouloir gagner de l’argent en travaillant. Pas faciles à décourager, ils ont beau être moins nombreux que partout ailleurs et être plus taxés que nulle part, ils continuent ! L’Etat assure de moins en moins la sécurité de leurs personnes et de leurs biens, mais il sait leur faire payer la sécurité sociale des autres, ses déficits et même ses fraudes. Ils continuent quand même !
La liberté du travail ? Celle du renard dans le poulailler, du patron odieux imposant n’importe quelle condition au chômeur ? Non, la liberté de celui qui veut travailler plus pour gagner plus, qui veut travailler la nuit ou le dimanche parce qu’il en a la force, et qui est prêt à le faire, soit parce qu’il n’a pas de famille, soit parce qu’il veut faire plaisir à celle qu’il a ou payer ses études sans que ça coûte à ses parents. Alors, bien sûr qu’il faut des limites. Il faut protéger la vie familiale que, par ailleurs, on fait tout pour détruire, et pas faire n’importe quoi pour faire plaisir au député du coin ! Mais, il faut laisser aux gens qui ont envie de travailler la liberté de le faire. La Révolution a supprimé les corporations, mais on a les syndicats, plus décidés pour certains, à accrocher le scalp d’une entreprise à leur ceinture qu’à défendre les droits des travailleurs. Il y a même eu des cas où les droits ont tellement gagné la bataille que tous les travailleurs ont disparu. Allez savoir pourquoi nos ports, si bien situés, se portent tous moins bien que ceux de l’autre côté de la frontière ? La France est un curieux pays où des gens ont assez de pouvoir pour imposer leur conception de la liberté aux autres. A force d’être des « malgré-eux » de la liberté, il est normal que les Français aient peur d’une chose qu’ils pratiquent peu, et qui a souvent l’air d’une contrainte. Il y eut sous feu Mitterrand un Ministère du temps libre, confié avec humour à un enseignant. La véritable liberté n’a pas besoin de ministère. Elle est la propriété privée de chacun d’entre-nous !
Christian Vanneste, 5 0ctobre 2013
En France les libertés et la propriété ne sont – étonnamment – pas garanties dans la constitution. Les libertés en général et droit de propriété ne sont “que ” des principes généraux cités en préambule: déclarations des droits de l’homme et des citoyens de 1789 et préambule à la constitution de 1946.
En comparaison dans la constitution suisse la propriété est garantie explicitement (Art 26), et le sont aussi les libertés de conscience et de croyance, d’opinion et d’information, des médias, de la langue, de la science, de l’art, de réunion, d’association, d’établissement (des Suisses), de la propriété, économique, syndicale (Art. 15 à 28).
C’est la conception même du rôle de l’État qui est différente.
En France, devant une situation qui n’est pas réglementée il y a urgence de le faire sinon L’État perd la main. Il est donc « constitutionnellement naturel » qu’un gouvernement intervienne à chaque occasion pour monter une usine à gaz réglementaire. Ce qui n’est pas explicitement autorisé est interdit, et pour l’autoriser il faut intervenir, alors que ça devrait plutôt être l’inverse: ce qui n’est pas explicitement interdit est autorisé tant que le reste du droit est respecté.
Ce n’est pas les gouvernement français de quelque bord soient-ils qui marchent sur la tête, ce sont les priorités constitutionnelles qui sont à l’envers.
… C’est vrai que tout est trop carré là-bas, leur architecture d’hier et celle d’auj. : l’horrible quartier de la Défense : à angle droit, celle d’hier 1 poil trop rigide : rien à voir avec la légèreté et les proportions italiennes et anglaises : pures merveilles, comme leurs jardins foisonnants… en France y’avait Le Nôtre…! ça a dû marquer les esprits. C’est vraiment bizarre vu l’imagination, la légèreté futile de l’Esprit français…?! En même temps… ils cloisonnent touj. leur Politique comme leurs jardins… Bizarre… je dis… bizarre …