L’habit ne fait pas le moine. Derrière ses oripeaux prétendument « laïcs », la charte de la laïcité est en réalité une arme au service d’une religion d’État qui ne dit pas son nom. Le point n°8 de ce document – qui fera désormais office de retable de préau – est très clair : l’école a vocation à inculquer les « valeurs de la République », tout en limitant la libre expression de celles qui pourraient les concurrencer. L’objectif de l’État est ici de s’octroyer, pour lui seul, le droit de tisser le lien social, de relier – « religare » en latin, d’où vient le mot « religion » – les personnes par sa médiation. La « morale laïque », qui deviendra une matière scolaire obligatoire à la rentrée 2015, mettra en pratique ce qui n’est pour l’instant qu’un principe.
Vincent Peillon avait annoncé la couleur en 2010, dans un livre consacré à son mentor, intitulé « Une religion pour la République : La foi laïque de Ferdinand Buisson ». Il écrit : « La laïcité française, son ancrage premier dans l’école, est l’effet d’un mouvement entamé en 1789, celui de la recherche permanente, incessante, obstinée de la religion qui pourra réaliser la Révolution comme promesse politique, morale, sociale, spirituelle. Il faut, pour cela, une religion universelle : ce sera la laïcité. Il lui faut aussi son temple ou son église : ce sera l’école. Enfin, il lui faut son nouveau clergé : ce seront les « hussard noirs de la République » [...]. Il faut donc à la fois déraciner l’empreinte catholique [...] et trouver [...] une religion de substitution qui arrive à inscrire jusque dans les mœurs, les cœurs, la chair, les valeurs et l’esprit républicains sans lesquels les institutions républicaines sont des corps sans âme [...]. Il ne suffit donc pas [...] de mettre à bas les vieilles croyances [...]. Il faut être capable d’[en] fonder une nouvelle. »
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Maintenir laïque l’organisation de la société est un facteur d’apaisement de celle-ci… pour autant que tous les acteurs religieux et confessionnels, agnostiques et athées, soient d’accord et conçoivent la laïcité comme un mode du vivre ensemble selon la même loi valable pour tous.
Mais le laïcisme – comme tous les ismes – est autre chose: il tend à imposer l’absence religieuse dans la société. Ça s’appelle interdiction d’opinion, donc totalitarisme. Tendance hélas en progression!