Pour cet ancien officier de l’armée britannique devenu romancier, il n’y a qu’un seul moyen de réfréner l’action militaire de nos pays : impliquer concrètement chacun des citoyens.
"C'était un soir d'avril 2006, peu avant minuit, sur une colline dans le nord de la Grèce. A environ 100 mètres en contrebas, je voyais les sections prendre position sur la route, en embuscade. A mes côtés, il y avait Jim, lui aussi officier britannique, et le capitaine Dimitris, qui nous escortait durant cette mission d'observation dans l'armée grecque. En attendant le passage du "convoi cible", nous discutions à voix basse. L'Irak est arrivé dans la conversation. J'y étais allé un an plus tôt, Jim allait y être envoyé. "La Grèce n'aurait jamais pu aller en Irak, a déclaré le capitaine Dimitris d'un ton ferme. Toutes les mères du pays auraient demandé à avoir des explications."
Jim et moi n'avons rien répondu, ne sachant trop comment le prendre, nous demandant aussi ce que cela signifiait pour les mères de notre pays à nous. Sur le moment, j'y ai vu un autre effet de ce léger choc des cultures, plutôt agréable, que nous vivions là-bas. En Grèce, tous les hommes adultes doivent passer par neuf mois de service militaire obligatoire, et, si les militaires de carrière formaient le gros de l'unité à laquelle nous étions attachés, il y avait aussi une bonne partie de conscrits. Cela donnait à cette formation quelque chose d'inhabituel, à mes yeux du moins, notamment en matière de niveau d'éducation des soldats. Nombre de ces militaires grecs avaient au moins fait des études supérieures et ils parlaient plutôt bien l'anglais. Ils manifestaient aussi un intérêt plus marqué pour la politique et les affaires internationales que les hommes que Jim et moi avions généralement sous nos ordres. Et, grâce aux officiers qui nous accueillaient, je comprenais peu à peu le mélange de curiosité et d'embarras que suscitait ici un déploiement en Irak."
Et vous, qu'en pensez vous ?