Ce que la directrice des Pâquerettes disait

Il y a deux ans.

 

Dans une interview au Temps:

"- Le Temps: Peut-on dire aujourd’hui que l’utilité de ce modèle de communauté thérapeutique en prison a su s’imposer?

Véronique Merlini: Certainement. Avec l’expérience, La Pâquerette est reconnue pour la spécificité de son travail par les autorités, le concordat latin, les psychiatres, les juges et les services sociaux. [...] Ce modèle a pour but de produire des changements auprès des personnes grâce aux expériences émotionnelles qui peuvent se développer au sein d’un groupe et grâce aux relations sociales. Cela implique aussi un personnel hautement qualifié et la participation des surveillants.

[...] On parle toujours de personnes ayant commis des actes extrêmement graves de par leur violence physique ou sexuelle. Ces détenus sont condamnés à de lourdes peines ou à des mesures, et ont généralement une histoire difficile, faite de carences affectives majeures, de mauvais traitements et souvent de consommation de toxiques. La grande majorité présente des traits antisociaux. Cela reste une constante, car le programme est conçu pour ce type de personnalité, qui répond peu aux traitements psychiatriques ou à un modèle éducatif. Ce que l’on constate avec le temps, c’est une augmentation des mesures pour ce genre de profil. Il y a vingt ans, le même délinquant aurait été condamné à une peine de prison. Aujourd’hui, il est soumis à une mesure institutionnelle malgré une entière responsabilité pénale. Je ne suis pas convaincue que le message qui leur reconnaît une maladie est le bon.

[...] - Le Temps: La tendance générale est à un durcissement en matière de libération. Comment concilier exigences de sécurité et réinsertion?

Sur ces vingt ans, on voit ce durcissement apparaître. Auparavant, le séjour moyen chez nous était de dix-huit mois à deux ans maximum. Aujourd’hui, il est de trois ans en moyenne. Je pense que cela est lié au souci de précaution qui augmente pour prévenir un risque présumé et pas forcément avéré. On assiste aussi à une augmentation des injonctions de soins. Il y a une espèce de surenchère dans les traitements pour se prémunir de tout risque.

[...] - Le Temps: La fuite d’un de vos pensionnaires lors d’une sortie accompagnée en 2003 a passablement affecté votre manière de fonctionner. Comment avez-vous géré cette période?

On a vécu une période très difficile. Nous avons été contraints de suspendre totalement tous les programmes de sorties durant quatre ans en raison des conditions irréalisables – présence policière obligatoire – posées par le Ministère public genevois. Un travail très important a été fait avec l’équipe et les détenus pour renforcer les expériences, amener aussi plus d’éléments extérieurs vers l’intérieur comme des cours de musique, du sport, de la formation en informatique. En fait, on s’est rétractés pour continuer à exister et on a traversé la tempête. En vingt-cinq ans, La Pâquerette a organisé 6381 sorties. Il y a eu cinq non-retours mais aucune récidive. Si l’on est totalement convaincu qu’il faut un risque zéro tout le temps, personne ne devrait plus sortir de prison.

[...] - Le Temps: La fuite d’un détenu interné et considéré comme dangereux cet été lors d’une sortie champêtre organisée par la prison de Bellevue (NE) a donné lieu à un rapport dénonçant un amateurisme certain dans la gestion de ce cas lourd. La Pâquerette s’est-elle prémunie contre de tels reproches?

Aucune sortie ne se fait chez nous sans l’aval des autorités d’exécution des peines et, si nécessaire, l’aval d’une commission de dangerosité. Elles sont à chaque fois discutées dans un groupe, soigneusement examinées, communiquées à la police. Les accompagnants ont tous beaucoup d’expérience. C’est une grosse infrastructure."

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3 commentaires

  1. Posté par Christophe le

    Voici ce que la Directrice Mme Merlini (en congé maladie depuis l’annonce de la mort d’Adeline) relatait à la Ligue Suisse des Droits de l’Homme à l’occasion des 25 ans de son institution:
    “Mais la directrice du centre, Madame Véronique Merlini, fait état également d’«une mission de soin au sens large du terme, pour aider des personnes dont l’ état se détériore gravement en milieu carcéral et qui expriment une volonté de changer. L’idée de base, c’est que la prison doit s’adapter aux détenus et non l’inverse. ”
    Source: http://www.lsdh.ch/wp-content/uploads/LaPaquerette-25ans.pdf

  2. Posté par Reverchon le

    Bonjour,
    En ce qui concerne le meurtre d’Adeline ,on s’apperçoit que tout le monde s’est trompé .La commission de sécurité .la directrice la police et la conseillère d’Etat (Isabelle Rochat) qui n’a pas pris la mesure du rapport de l’ancien président du tribunal Fédéral.
    C’est assez inadmissible et scandaleux.
    Maintenant (07.10.2013) les parents d’Adeline se démène dans les frais énormes générés par ce drame et l’ Etat ne bouge pas le petit doigt pour demander si une aide financière est nécessaire.
    Adeline est morte en service commandé si l’on peut dire ,l’Etat DOIT lui apporter son aide ainsi qu’à sa petite fille .
    Ce n’est pas parcequ’il y a des élection que l’on doit tout laisser tomber….
    Je suis écoeuré par le manque de respect envers les parents est la mémoire d’ADELINE
    J.-M. Reverchon

  3. Posté par Rubin Marcel le

    Il faut cesser de croire que la priorité des autorités est “l’amendement et la rédemption” des criminels avérés – et notamment récidivistes: La priorité est la protection “absolue” des citoyens contre les criminels. Cela signifie qu’aucun détenu ne doit être libéré s’il subsiste le MOINDRE DOUTE sur sa dangerosité. La conséquence: les décisions doivent être exclusivement prises par des JUGES informés en détail des causes des peines encourues par l’intéressé – et non par soit disant “animateurs-intégrateurs sociaux” de criminels avérés.

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