Hollande Ier : Moi, dictateur ?

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

Quand on a un air de petit fonctionnaire provincial et rondouillard, on ne peut inspirer la frayeur. Dictateur, lui ? Totalitaire, la pente du gouvernement ? Mais, vous rigolez !

Et pourtant, les signes inquiétants se multiplient qui annoncent un étranglement en douceur du Peuple Français. On peut, en effet, attendre d’un pouvoir qu’il se consacre au Bien Commun, qu’il se considère comme au service du pays, même si c’est avec l’intention de garder encore sa confiance. Lorsque celle-ci s’efface devant la contrainte, le régime devient une dictature et même une tyrannie. Mais beaucoup de régimes non-démocratiques ne sont pas des « dictatures ». Ils se contentent de régner sur une partie de la population suffisante pour garder le pouvoir à travers un parti, grâce à une idéologie, et en faisant preuve d’habileté tactique. La France vit une telle évolution, sans en avoir trop conscience. Il suffit pour s’en assurer de se poser la question cruciale : quelle est la logique cachée de l’amateurisme gouvernemental ?

Depuis plus d’un an, maintenant, les Français se font embarquer dans une série de manœuvres politiques qui présentent le même aspect : on insiste davantage sur l’accessoire que sur l’essentiel ; on ne trouve aucune réponse pérenne aux vraies questions ; on multiplie les mesures qui malmènent le Bien Commun mais qui apportent des électeurs ou divisent l’opposition. Ce jeu malsain est facilité par la nullité profonde de la dite opposition davantage préoccupée par les appétits qui s’y développent que par l’intérêt supérieur du pays. La seule différence entre le PS et l’UMP, c’est la dose d’ambition personnelle, plus grande chez la seconde où le parti et l’idéologie ne sont que des façades.

Le dernier épisode, c’est la Syrie. Si les Etats-Unis jouent leur image de gendarme mondial qui explique le ralliement de certains Républicains à l’opération militaire, avec ses dangers, ses limites et de nouvelles souffrances pour la population, la France n’a pas cette obligation. Alors, pourquoi ? Parce que l’attitude guerrière, drapée dans l’indignation devant l’emploi des armes chimiques, permet à François Hollande de grandir son image qui en avait bien besoin. Tout le reste est confus et secondaire : la responsabilité première des occidentaux et de leurs alliés du golfe dans une guerre dont ils ont favorisé le déclenchement, sans en mesurer les conséquences ; l’armée à qui on demande tant, c’est celle dont on diminue les moyens, pour continuer à dépenser par ailleurs ; la soumission à la décision américaine dont on peut penser qu’elle sera symbolique et sans portée est une manière peu glorieuse, mais  finalement habile de se garantir ; l’absence de vote à l’Assemblée pour l’instant, avec la possibilité d’y procéder, une fois le vote américain obtenu, évite l’embardée britannique et pourrait mettre l’opposition en fâcheuse posture.

De même, les politiques d’émigration et de sécurité, dont la synergie est corroborée par les statistiques, et que confirment, jour après jour, les faits divers, paraissent divergentes, confuses et contradictoires. Elles ne le sont pas. Valls pratique l’éloquence du menton qui séduit les gogos de « droite », mais ses résultats sont nuls en matière de sécurité. Il vient d’annoncer une augmentation des naturalisations, et le regroupement familial continue à opérer le remplacement de population en ignorant ses propos non suivis de mesures. Les provocations systématiques de Taubira à l’encontre du bon sens des conservateurs s’inscrivent dans la stratégie. De nouveaux électeurs, un raidissement de l’électorat de droite avec le creusement du fossé entre l’UMP et le FN, et le refus stérile du premier de s’entendre avec le second, comme cela s’est fait en Italie, montrent que ce qui est un mal pour le pays peut devenir un bien pour le parti. François Hollande peut espérer un second tour avec le FN en 2017 et le soutien d’une UMP qui aura combattu la politique indispensable ( NKM, Le Maire, etc) ou qui l’aura souhaitée sans avoir le courage de la mettre en œuvre (Sarkozy et consorts). Peut-être compte-t-il sur l’UDI pour une troisième voie impuissante, mais confortable ?

Un pouvoir dont le seul objet est son maintien trahit à l’évidence le but de la politique. Il y a d’ailleurs, à l’UDI, des élus plus soucieux de bonnes finances que de mauvaise idéologie qui rendront un rapprochement difficile. Car la gauche française est idéologique : le point de jonction entre sa stratégie et ses idées passe par un calcul proche de celui des Démocrates américains : faire une majorité en additionnant les minorités et justifier cette manœuvre en déclinant toutes les formes de discrimination positive et de démolition systématique des valeurs conservatrices sur lesquelles s’appuyait la majorité sociologique du pays. La famille, massacrée par l’exemple, la fiscalité et la promotion de couples sans finalité familiale, la Nation, dont on nie l’identité et dont on défigure l’histoire sous les coups d’une absurde repentance, le christianisme, qu’on voudrait interdire jusque dans les écoles qu’il a fondées sont les victimes de cette dictature sournoise. Son champ d’action privilégié est l’Ecole. Pour Peillon, il s’agit d’arracher l’enfant à son déterminisme familial, de le soumettre à l’absurde idéologie du genre, de changer les mentalités, bref d’éduquer l’enfant quand on ne demande à l’Etat que d’enseigner. La lecture d’Hannah Arendt est éclairante : dans la « Crise de l’Education », celle qui a si bien su analyser la genèse du Totalitarisme nous met en garde.  » Le conservatisme est l’essence même de l’éducation » nous dit-elle, car il s’agit de protéger l’enfant et de sauvegarder cette sphère privée indispensable à son équilibre. Ceux qui veulent l’en arracher disent assez dans quelle tradition ils se situent.

Christian Vanneste

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